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gages, ni garanties, esquisser un programme, formuler une menace, marquer ainsi la nécessité d'une négociation, tout en réservant une porte de sortie.

Le 19 juillet, M. Poincaré, dans une note adressée à M. Louis Dubois, a défini le problème et proposé une solution.

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Définir le problème, c'est préciser les responsabilités, M. R. Poincaré n'a point eu de peine à établir, qu'elles pesaient lourdement sur le Reich. Rien ne manque à ce réquisitoire la comparaison entre la circulation fiduciaire (169 milliards de markspapier au 1 juin 1922) et le paiement des réparations (1 milliard de marks-or); les arriérés des impôts directs et les obscurités des statistiques douanières ; l'exécution de travaux stratégiques et l'octroi de primes indirectes ; la construction immédiate de voies ferrées et la modicité des tarifs consentis; les achats de blés étrangers et l'imprévoyance du blutage officiel. Ce sabotage rend impossible le renouvellement pur et simple du moratorium.

Certes, le 18 juillet, le Comité des Garanties a dressé un long mémorandum. Satisfaisant, quand il organise la liaison des services et prescrit des communications de documents, ce mémorandum ne l'est pas dans sa partie législative. Les mesures prévues pour réprimer l'évasion des capitaux et l'exportation des devises sont, à la fois, obscures et insuffisantes. Certes, le Reich s'engage à contrôler les banques, à prescrire des visas, à prévoir des sanctions, à lever des amendes. Mais, je cherche en vain, dans ces pages interminables, hérissées de termes techniques, l'analyse d'un mécanisme aussi simple qu'une Commission des permis d'importer et exporter: elle ne

délivrerait ses autorisations qu'en échange d'une partie des devises encaissées.

Il appartient à la Commission des Réparations de compléter cette esquisse du Comité des Garanties, de réexpédier ses membres à Berlin, d'organiser leur coopération avec le Reich; de réaliser le gage du Traité; d'affecter aux réparations tel capital ou tel revenu. Et si, au cours d'un bref moratorium de quatre à six semaines, l'Allemagne s'oppose à la réalisation de ce contrôle et de ces paiements, il incombera à la Commission de proclamer la carence et de demander des sanctions, d'en appeler à la volonté concertée ou à l'initiative individuelle des Alliés.

Personne ne s'est mépris outre-Manche sur la signification de cette note, précisée par la mise en application de l'accord de Wiesbaden, après un retard injustifiable la patience de la France, de son peuple comme de son Gouvernement, est à bout. Des livraisons en nature ne suffisent pas. Il est impossible, à moins d'une catastrophe, de continuer à avancer les sommes nécessaires aux réparations. Un moratorium pur et simple serait un désastre pur et simple. Pour l'éviter, la France est prête à utiliser tous les droits qu'elle tient du Traité.

Et de nouveau, l'opinion britannique de réclamer - les articles de la Westminster Gazette (22 juillet) et du Daily Express (25 juillet) sont particulièrement significatifs une solution définitive et totale du problème des dettes intralliées et des réparations allemandes.

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Tandis que les financiers, engagés sur la hausse du mark, porteraient volontiers au compte de la France tous les sacrifices, qu'ils jugent nécessaires, pour enrayer la baisse de la monnaie allemande et assurer le succès de leur imprudente spéculation, les industriels et les commerçants, qu'inquiètent la concurrence de l'industrie et la restauration de la marine germanique, voient plus clair dans le jeu allemand et dans la politique française. Le 10 juillet, à la suite d'une décision prise au cours du Congrès de juin, l'Union Nationale des Manufacturiers a sollicité une audience du Premier Ministre. Ses délégués ont demandé notamment à M. D. Lloyd George « d'imposer, d'accord avec la France et les autres Etats alliés, l'exécution des résolutions de la Commision des Réparations, relatives à la taxation intérieure en Allemagne : leur non-exécution assure actuellement à l'industrie germanique un avantage injuste sur tous les marchés britanniques et neutres. >> Le 19, au cours de sa session trimestrielle, l'Association des Chambres de Commerce Britanniques a adopté, sans opposition, la motion suivante : « L'Association s'inquiète de voir qu'on laisse aller à la dérive le problème des réparations allemandes, et elle croit qu'il ne pourra y avoir aucune amélioration dans la situation du commerce avec l'Europe centrale, tant que les Alliés ne se mettront pas d'accord pour adopter définitivement une ligne de conduite commune. » Et M. Arthur Balfour, un homme d'affaires de Sheffield, a précisé le sens de cette motion: Nous ne devons pas oublier le point de vue français sur la la situation actuelle. Nous et nos alliés, nous ne devrions pas permettre à l'Allemagne de continuer

son jeu hypocrite. Nous devrions fixer la somme définitive et dire ensuite à l'Allemagne que nous la lui escompterons si elle la paie rapidement. Si elle ne paie pas, nous n'aurions qu'à envoyer les huissiers. Nous aurions à taxer ses importations aussi bien que les exportations, et une fois que nous aurions pris ces décisions, nous verrions avec surprise que l'Allemagne serait prête à consentir à tout immédiatement.

Mais si les milieux, qui pèsent d'un poids particulier sur les volontés georgiennes, groupements industriels et doctrinaires radicaux, paraissent plus disposés qu'ils ne l'étaient à reserrer le contrôle sur les finances allemandes, on aurait tort d'en conclure à la cordialité des conversations prochaines.

Il est d'abord sans exemple qu'un Cabinet anglais ait consenti à un gouvernement étranger un avantage financier sans contrepartie. Le Trésor britannique, qui doit s'acquitter sans délai de ses obligations vis-à-vis des Etats-Unis, n'accepte pas en paiement de la dette française des bons allemands d'une réalisation lointaine, et encore moins de reconnaître la priorité des pays dévastés et de faciliter l'émission d'un emprunt international.

M. L. George a subi un échec à Gênes et à La Haye il lui faut une revanche. La victoire diplomatique est aussi nécessaire au second Cromwell que l'était la victoire militaire au second Napoléon. Depuis qu'il a repris le pouvoir avec un Cabinet remanié, 74 élections partielles ont eu lieu la coalition garde 39, perd 21 et gagne 2 sièges; les conservateurs antiministériels conservent 2 et conquièrent 3 circonscrip

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tions; les radicaux indépendants gardent 2, perdent 1 et enlèvent 2 mandats. Le parti ouvrier reste le grand vainqueur de ces combats d'avant-garde : il garde 6 sièges, en abandonne 2 et en arrache 14 à ses adversaires. A ces 74 plébiscites, 1.630.000 électeurs des deux sexes prennent part la majorité antigouvernementale dépasse 176.000 (904.000 contre 728.000). La popularité baisse. Le prestige diminue.

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Certes, la générosité est souvent une bonne affaire. Mais la récompense est rarement immédiate. La moisson est souvent l'œuvre d'une autre génération. Or, David, fils de fermier et gendre de fermier, aime mieux mettre lui-même en grange le blé nou

veau.

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D'ailleurs la situation budgétaire, aggravée par exigences américaines, rend les largesses difficiles. Si le déficit qui, il y a un an, était de 67 millions, n'est plus que de 4 millions de livres, la diminution dans le rendement des impôts accroît la vigilance du ministre des Finances. Une baisse de 16 et 6 millions de livres dans les taxes sur les bénéfices extraordinaires et sur les revenus est importante. Les arriérés de l'Income Tax dépassent de 60 0/0, 100 0/0, 170 0/0 ceux des trois années précédentes à pareille date. Et ce n'est pas la diminution dans les bénéfices industriels qui accroîtra les versements du contribuable les 1.386 Sociétés anonymes, enregistrées par l'Economist, ont constaté les variations suivantes dans leurs bénéfices :

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