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La question dès lors est de fixer les attributions du Conseil régional. Elles sont, dans le projet de la Commission, assez étendues, en matière de vicinalité, d'enseignement et de finances. De même, la contribution au budget régional devient une dépense obligatoire des départements, ce qui hâtera, espérons-le, le vote de la loi créant des ressources départementales permanentes et normales.

Mais, on ne saurait trop le répéter, il est loisible de discuter sur tous ces points, que les écoles normales soient sous tel ou tel régime ou que seules les chaires locales d'enseignement supérieur soient sous le contrôle du Conseil régional, que la vicinalité soit soumise à telle ou telle réorganisation, que le pourcentage des conseillers généraux dans le Conseil régional soit plus ou moins élevé, tout ceci n'est que d'importance relative. L'essentiel, c'est d'amorcer une nouvelle répartition de nos grands rouages économiques, et une refonte de notre administration, sans toucher à son principe.

Or, la Chambre sait, par l'expérience de la réforme électorale, qui, elle aussi, demeure inachevée, ce qu'il convient de réaliser : faire quelque chose, même très imparfait, qu'on puisse améliorer ensuite. Mais commencer par faire quelque chose, à tout prix.

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EXTERIEURES

Avant la conversation décisive

Elle était inévitable. Du moment où le Cabinet Britannique, à Hythe, Boulogne et Spa, contrairement aux conseils de ses experts et à l'avis de M. Millerand, s'obstinait à fixer le total de la dette allemande, sans prévoir des gages réalisables, ni organiser un contrôle méthodique, ni stabiliser la monnaie allemande, ni liquider le passif interallié, il était certain que l'écroulement du mark et la carence du Reich obligeraient les gouvernements à reviser leurs calculs puérils.

Par une juste retour des choses, cette conversation décisive s'engage, pour la France, dans des circonstances favorables. Et si, il y a quelques jours, faisant visite à M. Poincaré, je l'ai trouvé plus calme et plus serein que jamais, en pleine possession de toutes ses forces, résolu à livrer bataille, c'est que le président du Conseil avait conscience de ses avantages stratégiques.

Certes, ils sont dus, dans une large mesure, aux efforts collectifs d'un pays calomnié. La propagande la plus efficace et la moins coûteuse est encore celle des faits. Outre-Manche: un chômage permanent et la guerre irlandaise; outre-Rhin: la faillite monétaire et la guerre bavaroise. Par delà l'Océan : des grèves géantes et la guerre ouvrière. Par-delà les Alpes: des cabinets éphémères et la guerre fasciste. L'Espagne se débat au milieu de difficultés africaines et la Suisse au milieu de difficultés industrielles également insurmontables. Dans le monde occidental, la Belgique et la France, deux pays d'une égale simplicité, deux peuples d'une même culture, sont seuls à connaître l'ordre et la paix. Certes, la prospérité est médiocre et les risques sont certains. Mais la calomnie ne s'exercerait pas contre la France avec autant d'âpreté, si l'équilibre de sa vie économique, le labeur de sa masse paysanne, la sagesse d'une expérience séculaire, la modération d'une pensée sceptique n'éveillaient point d'ardentes jalousies. Des nations dénoncent l'impérialisme du seul peuple, qui n'ait, ni matériellement, ni intellectuellement, aucune raison d'être impérialiste. Gardien d'un isthme naturel, d'une route humaine et d'une culture internationale, il a toujours été, au cours de sa longue et dramatique histoire, beaucoup plus souvent envahi qu'envahisseur... Mais voici que la lumière se fait en Amérique, en Angleterre, et peut-être demain, en Italie.

Cette atmosphère morale constitue un atout dans le jeu français. Mais M. Poincaré en a d'autres.

La Conférence de La Haye confirme l'échec de la méthode de M. L. George, et justifie la valeur de la méthode française.

Pour s'en convaincre, il suffit de comparer le mémorandum dressé par M. Poincaré le 1" juin 1922, avec le discours prononcé par sir P. Lloyd Greame le 26 juillet dernier. Le parallèle est saisissant. L'objectif défini par le président du Conseil a été respecté. La Commission, rapporte sir P. Lloyd Greame, a considéré que « les problèmes politiques ne la concernaient point, mais uniquement les problèmes pratiques. Depuis le début jusqu'à la fin, tout le travail a été effectué dans cette même atmosphère ». M. R. Poincaré avait préconisé la répartition des affaires en trois sections: propriétés, dettes et crédits. Trois sous-commissions ont été créées. Il avait sommairement indiqué comment pourraient être résolues les difficultés soulevées par la confiscation des propriétés et par l'octroi de crédits. Ces indications concordent de tous points, avec les précisions qu'apporte aux Communes le directeur du Département du Commerce Extérieur. Sir P. Lloyd Greame constate que, en ce qui concerne les propriétés et les crédits, les propositions faites par les Russes ont été soit matériellement inexactes, soit juridiquement chimériques. << Puisqu'on doit reprendre à La Haye ce travail à peine commencé, écrivait M. R. Poincaré, il faut agir avec des méthodes et, sans rien abandonner des idées généreuses qui avaient inspiré la convocation de la Conférence de Gênes, regarder en face les réalités. » Sir P. Lloyd Greame, après avoir exprimé l'espoir, que les offres, esquissées au dernier moment, au nom des Soviets, par l'escroc de Tiflis, pourraient, une fois ratifiées, constituer le programme d'une nouvelle Conférence, a repris en guise de conclusion, la formule française : « La Conférence de La Haye a amené le Gouvernement russe à regarder en face les réalités, comme il n'avait jamais été amené à le faire auparavant. » Et cette critique implicite de la méthode gênoise provoqua sur les bancs de l'opposition radicale une douce hilarité et des approbations ironiques.

M. D. Lloyd George, dans le discours où il s'est efforcé de masquer la faillite de sa politique russe, s'est servi des mêmes termes : « Le grand avantage et le plus grand résultat jusqu'ici de ces Conférences est d'apprendre aux Russes à comprendre les faits. » Malheureusement cette éducation exigera un certain délai et, pendant ce temps, les représentants de ce nouveau tsarisme reserreront leurs contacts avec la seconde Allemagne, le gouvernement officieux des industriels et des généraux. Au cours de la semaine du 24 au 30 sont arrivés à Berlin Litvinoff et Krassine, de La Haye; le ministre des Finances, Krestinsky, de Moscou; Tchitchérine, en villégiature dans le Tyrol ; Ludwig Martens, le diplomate expulsé de NewYork. A peu près à la même date, débarquaient des officiers de l'armée rouge venus pour étudier le maniement de ces armes toxiques, dont le Traité de Versailles interdit à l'Allemagne la fabrication. Junkers et Bolcheviks se comprennent et se préparent.

Mais, pour aborder la conversation financière avec quelques chances de succès, il ne suffisait pas de démontrer, à Gênes d'abord, à La Haye ensuite, la lucidité de la vision et la supériorité de la méthode française, il fallait établir nettement que la France n'accepterait point de moratorium sans paiements,

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