Imágenes de páginas
PDF
EPUB

se sont emparés de lui alors qu'il était encore inconscient. Douze mille personnes ont signé une pétition demandant qu'on le remette en liberté.

[merged small][ocr errors]

Nul n'ignore que l'Allemagne n'a pu accepter d'un esprit léger sa défaite. Et voilà que, par tous les moyens, de l'autre côté de la frontière, le parti militariste s'ingénie à verser dans les âmes bien nées des jouvenceaux allemands une puissante et tenace haine contre nous. Des crédits spéciaux sont alloués pour cette propagande.

[ocr errors]

En ce moment, l'Empire comme ils appellent toujours leurs pays est inondé de cartes postales, de tracts dans lesquels on prêche, en des mots dénués de douceur, la guerre de revanche.

Reproduite à des millions d'exemplaires, on voit partout une carte postale, représentant un groupe de beaux enfants déguisés en joyeux feldgrau et qui regardent avec une étonnante sérénité cette inscription:

Wir wollen und wir müssen siegen.

c'est-à-dire : Nous voulons et nous devons vaincre ! C'est de cette façon imagée que l'Allemagne signifie ses sentiments.

Mme de Staël et l'embaumement.

Dans une lettre de Mme de Staël à Henri Meister (1er mai 1794), nous lisons :

« Vous avez vu le malheur qui a accablé mon père. Mais peut-être ne savez-vous pas que ma mère a donné des ordres si singuliers, si extraordinaires sur les différentes manières de l'embaumer, de la conserver, de la placer, sous une glace, dans l'esprit de vin que si, comme elle le croyait, les traits de son visage eussent

été parfaitement conservés, mon malheureux père eût passé sa vie à la contempler. Ce n'est pas comme cela que j'entends le besoin de n'être pas oubliée. »

Ce libre langage, chez une fille dont la mère était morte douze jours auparavant, ne brille pas par un excès de sensibilité affectueuse; cela n'était pas dans ses corde sensibilité affectueuse. Et en 1818, son fils cadet, ayant péri dans un duel où il fut décapité d'un coup de sabre, voici tout ce qu'elle en trouve à dire à son ami G. de Schlegel : « Pauvre Albert ! quelle car«rière il a manquée! Ne payez plus aucune de ses << dettes renvoyez tout à moi purement et simplement. » L'oraison funèbre s'achève sur cette recommandation de la fille du banquier de Genève.

Il y a fille-mère et fille-maire

Si d'être fille-mère ne constitue pas un titre de gloire, il en est différemment de la jeune fille élue maire par ses concitoyens. C'est le cas de miss Emma Hervat qui était membre du Conseil Municipal depuis quinze mois à Lowa-City et qui vient d'être élue maire à l'unanimité. Quand verrons-nous cela en France?

[ocr errors]
[blocks in formation]

Naguère, dans la lente routine du régime, les beati possidentes radicaux-socialistes, plus amis de leur quiétude que des principes, et, au demeurant, assez cyniques, avaient coutume de repousser toute réforme qui eût pu, non seulement préjudicier éventuellement à leurs intérêts, mais modifier quoi que ce soit à leurs habitudes, en déclarant tantôt que la réforme administrative devait nécessairement précéder la réforme électorale, tantôt qu'il était impossible de réaliser une réforme électorale qui n'eût pas pour base la région, circonscription élargie, et groupement d'intérêts économiques communs.

La réforme électorale est chose faite, partiellement du moins. La réforme administrative doit la compléter, et ceci pour deux raisons : D'abord, la représentation nationale est imparfaite, et le scrutin proportionnel ne peut jouer réellement dans des départements dont le tiers environ ne nommera que trois députés en 1924. Ensuite, le département, pris comme circonscription unique, ne répond plus aux nécessités actuelles de la vie publique et de l'administration. Création néces

saire d'un régime centralisé qui ne pouvait s'accommoder des circonscriptions disparates, inégales et terriblement enchevêtrées et compliquées de l'ancien régime, il est, d'une part, trop petit et trop rempli d'inutiles subdivisions, à notre époque de transports faciles et rapides et, d'autre part, il est sans rapport avec le jeu des grands intérêts économiques régionaux qui sont devenus les principaux rouages de la vie contemporaine.

Il faut donc organiser la région. Tout le monde en est d'accord, et les adversaires secrets de la réforme se bornent à déguiser leur hostilité sur des chicanes de détail et des difficultés d'application, sans contester le fond.

Plusieurs projets d'initiative gouvernementale ont été déposés, dont les derniers ont été ceux de M. Reibel et de M. Colrat. Plusieurs contre-propositions, d'initiative parlementaire, se sont jointes à ces projets, et la Commission, que préside M. Cornudet, a eu à en connaître. Le travail de M. Bellet, rapporteur de cette Commission, est un compromis nécessaire entre les différentes tendances et les idées diverses qui se sont heurtées au cours de laborieuses discussions. Mais ce compromis paraît, tout compte fait, fort acceptable. Bien entendu, nous ne l'examinerons pas en détail.

La première question qui se posait était une question primordiale la nouvelle organisation remplacerait-elle le cadre départemental, ou s'y superposeraitelle? Dans ce pays, si essentiellement conservateur et si franchement ami des formules, le problème n'était pas négligeable. Déjà les vieux républicains s'inquiétaient d'une manoeuvre secrète tendant à faire renaître

les provinces, sans doute en vue d'une restauration à Versailles? Eh quoi! ne sommes-nous plus les enfants de la Révolution? Le département, symbole glorieux des libertés, représenta, aux yeux des adversaires de la réforme, les droits de l'homme, et les soldats de l'an II et toute la France moderne assoiffée de civilisation et de progrès. Il fallut s'incliner. On convint donc, devant des mobiles aussi respectables, de laisser vivre le département, au moins jusqu'à ce que la région eût conquis à son tour d'impérissables lettres de noblesse et signifié à son tour, aussi, la civilisation et le progrès: il ne doit donc être touché au département que sur la demande des intéressés ou des régions, dans les cas exceptionnels où un rattachement économique s'impose comme, par exemple, celui de l'arrondissement de Brioude au groupement auvergnat.

Donc, les départements survivront, et aussi les préfets, et pareillement les conseils généraux. Mais y seront superposés des régions, des préfets régionaux, et des conseils régionaux. Les régions seront groupées autour des capitales régionales. Les préfets régionaux seront simplement les préfets en résidence aux capitales régionales, et les conseils généraux seront pour partie une émanation des conseils généraux, pour partie une anation des grandes organisations économiques.

Reste à décider qui choisira les régions, qui choisira les représentants du Conseil régional. Ce sont là des questions secondaires, où la Chambre aura à statuer sur les solutions de la Commission. Le libre choix des populations elles-mêmes, arbitré par le Conseil d'Etat, et le non moins libre choix des conseils généraux et des organisations économiques paraît être cette solution de la Commission.

« AnteriorContinuar »