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peut avoir raison, ce serait à voir. Mais cela n'a, en tout cas, aucun rapport avec le rôle joué par celui-ci dans les phénomènes.

Voici quelques réponses d'Areski :

D. - Qu'est-ce que c'était que le casque de Bien-Boâ ? R. Bien-Boâ n'avait pas de casque ; c'était ma chéchia qu'on entourait d'un foulard en soie dorée arrangé comme celui des Arabes et rejeté en arrière. C'était grâce à des effets de lumière que le foulard soyeux paraissait métallique.

Quelquefois on le roulait autour de ma chéchia et cela faisait une espèce de turban. Je reconnais ma chéchia sur la photographie. Elle n'avait pas de gland, mais voilà le bouton. D. Et le vêtement, était-il en mousseline ?

R. Pas tout à fait. C'était une étoffe arabe qu'on appelle du haïck, semblable à la mousseline que vous me montrez, mais soyeuse.

D. Où cachais-tu ton vêtement lorsque tu remplaçais Bien-Boâ ?

R. J'avais un vêtement complet dans le cabinet de toilette de la générale; c'est là que je m'habillais quand je travaillais dans sa chambre; lorsque la séance devait avoir lieu dans le kiosque, je l'y emportais quelques heures avant la séance.

D. - Qui est-ce qui t'a appris à faire Bien-Boâ et à poser comme tu le fais avec de beaux gestes ?

R. C'est la générale.

D. La générale ne croyait donc pas à Bien-Boâ puis

qu'elle t'apprenait à l'imiter ?

R.

D.

R.

Elle y croyait tout de même...

As-tu fait Bien-Boâ en présence de M. Richet ?

C'est Mlle Marthe qui l'a presque toujours fait, mais plusieurs fois j'étais caché pendant qu'elle opérait, et je l'ai aidée.

du docteur Rouby, mais le traiter de « famélique » !... Lui qui répandait l'argent à pleines mains, soit pour faire le bien, soit pour satisfaire sa curiosité artistique, ça, non !... »

Signé: L. VERDIER, directeur d'école, à Alger, rue Montpensier, boul. Gambetta.

D. - Sur cette photographie (celle de la manche vide) qui est assis sur ce fauteuil ?

R. Personne; c'est un paquet de linge couvert d'une camisole et d'une jupe. Mlle Marthe a la taille plus fine que celle qu'on voit.

D. Est-ce qu'Aïssa dormait ?

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<< Une très épaisse barbe, qui paraît comme collée sur la lèvre supérieure de Bien-Boa, barre la figure » ; c'est Ch. Richet, page 661, qui parle. « Areski regarde cette photographie, tu vois cette barbe ? Qu'est-ce ? Ça, Monsieur, me répond le cocher de la villa Carmen, c'est le crépé de Mlle Marthe, elle en a comme ça dans les cheveux pour les faire gonfler. Si l'on regarde sur la photographie la grosse moustache de Bien-Boâ avec une loupe, on verra qu'elle est identique aux crépés ordinaires des dames. »

Ce qui est exact.

Voici quelques réponses de la cuisinière :

« Lorsque j'entrai chez la générale, Areski s'y trouvait comme cocher, et Mlle Marthe était là, comme si elle était la fille de la maison. Tous deux, à mon arrivée, me dirent : << Ce n'est pas une maison comme les autres; si vous ne voulez pas être renvoyée demain, il faut faire ce que nous vous dirons. » Ils m'apprirent alors ce qu'était un médium, comment on le devenait, et la manière de représenter Bien-Boâ et sa sœur Bergolia.

<< Comment la générale me reçut ? voilà: Elle me fit venir dans sa chambre et me dit que je ferais un excellent médium : elle me fit asseoir sur une chaise, et, placée devant moi, elle me prit les deux mains en me disant : « Dors, je te l'ordonne. » Comme Marthe m'avait fait la leçon, je fis semblant de m'endormir, ce qui parut faire plaisir à la générale qui ajouta que je ferais une excellente cuisinière. Les jours suivants, à peine la générale me regardait-elle, pour m'endormir, que je faisais semblant d'être prise par le sommeil ; alors, pour voir si mon sommeil était réel, madame m'ordonnait d'aller chercher un objet caché; mais Mlle Marthe qui surveillait dans ces moments-là, et qui était très malicieuse, sans en avoir l'air, m'indiquait l'endroit où était l'objet. Un autre jour, madame me demanda le petit nom du général : vite, Mlle Marthe passa derrière moi et me le souffla.

« Madame ne s'apercevait jamais de rien et Areski, Marthe, ses deux sœurs et moi, nous pouvions nous moquer d'elle impunément. »

Au sujet du professeur Richet :

<< Marthe nous a tout raconté. D'abord elle avait un peu peur, non pas de M. Delanne, mais de l'autre, qui est, paraîtil, un grand savant. Elle ne voulait pas faire Bien-Boâ devant lui, mais quand elle a vu qu'il n'était pas malin pour deux sous, elle ne s'est pas gênée.

D. Dans la photographie de l'apparition que je vous montre, mademoiselle, dites-moi avec quoi est fait ce casque ?

R. Ce n'est pas un casque en métal que Mlle Marthe porte sur la tête. C'est la chéchia d'Areski entourée d'un foulard doré (Areski lui aussi nous a affirmé la même chose et a reconnu sa coiffure); si cette chéchia est enfoncée sur les yeux, c'est que Mlle Marthe louche un peu et qu'on reconnaîtrait son regard, si on voyait les yeux. >>

Rouby continue :

Dans la séance du 27 août, Mlle Marthe est toujours de mauvaise humeur ; au lieu de dormir dans son fauteuil comme un honnête médium doit le faire, elle sort du petit cabinet malgré la prière et les chants et vient se placer derrière la chaise de Mıs Finck; mais, en oubliant de fermer les rideaux qu'elle laisse grandement écartés, elle nous donne une preuve éclatante de la fraude; preuve constatée par toutes les personnes présentes; preuve qui a été consignée à la page 189 de la Revue du Spiritisme, mais qui n'a pas été publiée par M. Richet, comme son devoir d'honnête expérimentateur était de le faire; preuve que voici : à travers l'ouverture des rideaux du cabinet à matérialisation, tout le monde a pu voir, suspendu à la tringle, le morceau de haïck blanc qui sert de vêtement à Bien-Boâ.

Ce ne fut pas seulement pendant quelques secondes qu'on put le voir, ce fut pendant le temps assez long pendant lequel Mlle Marthe bouda et resta dans la salle, avant de se décider à reprendre le peignoir resté accroché à la tringle.

Lorsque ma conviction fut faite, je pensai qu'il était correct d'écrire à Ch. Richet pour lui demander si, en présence des aveux des médiums, il persistait dans sa croyance. La réponse à ma lettre, qu'on trouvera dans le dossier, fut telle qu'elle me permit de dire ce que je savais, sans regretter que mes documents fassent voir le professeur Richet sous un nouveau jour...

Le père de Marthe, dans deux visites qu'il me fit, m'a confirmé la chose: il n'a cessé de me dire que Bien-Boâ et Marthe étaient kif-kif, et que, s'il n'avait pas continué à assister aux séances, c'est qu'après en avoir beaucoup ri aux débuts, il avait fini par trouver ridicule qu'on se moquât des Noël; du reste ses filles étaient assez grandes pour savoir ce qu'elles faisaient.

..

Après une longue conversation, qui dura trois heures, entre Mile Marthe, sa famille et moi, il fut convenu que Mlle Marthe écrirait et dirait la vérité à M. Richet. C'était si bien convenu qu'on pria Mo Marsault de venir assister à l'entrevue qui aurait lieu entre Mlle Marthe et M. Richet, si celui-ci, troublé par une telle révélation, croyait utile, pour sauvegarder sa réputation compromise, de faire le voyage d'Alger pour converser avec la famille B. et réparer au mieux de ses intérêts l'erreur scientifique qu'il avait commise. En même temps, Mo Marsault, pour être certain que le but serait atteint, avertissait M. Richet de l'aveu qu'il avait recueilli et lui annonçait la lettre promise de Mlle Marthe entrant dans la voie des

aveux.

Mlle Marthe qui, à l'inverse des gens qui écrivent trop, n'écrit pas assez, n'eut pas le courage de faire elle-même ce qu'elle avait promis et fit écrire son père.

Ces lettres de Me Marsault et du père de Mlle Marthe, la bonne foi scientifique faisait un devoir à M. Charles Richet de les publier; il les a cachées.

Il y en a ainsi pendant soixante pages !... Je sais très bien que M. le professeur Richet a écrit en travers de ce document, sans explications, le mot Calomnies. C'est très commode. Mais le malheur, pour lui comme pour tous ceux qui ont adopté son erreur, c'est qu'il y a encore beaucoup de témoins des farces d'Alger: il y en a actuellement à Paris; je les ai vus. Or, ils confirment formellement tous les détails donnés par Rouby.

Entre autres :

1° Mlle Cochet. Mlle Cochet alla, avec sa mère, en 1904, aux séances de la villa Carmen, que personne d'ailleurs, dans l'entourage de la générale, ne considérait comme autre chose qu'un amusement. C'est Marthe B... elle-même qui lui raconta ce qui en était exactement, donnant, comme raison du rôle qu'elle jouait dans la mystification, la nécessité d'évincer autant que possible les domestiques : « La générale, dit Marthe, est une pauvre détraquée à qui il faut absolument son fantôme. Quand Bien-Boâ ne se montre pas, elle est malade, elle ne mange plus, elle se « morphinise » à haute dose. D'autre part, avec des domestiques ou des médiums salariés, il y a eu des scènes de chantage. Dans ces conditions, il vaut bien mieux que j'opère moi-même, n'est-il pas vrai? »

Ce sont là, m'a dit Mlle Cochet, les paroles textuelles de Marthe. Cela n'allait donc pas plus loin : une fantaisie de vieille coquette névrosée. Le général laissait faire. Tout Alger riait. Personne n'a jamais compris comment un homme comme M. Richet avait pu se laisser prendre, etc., etc.

Mlle Cochet, à l'appui de ses dires, a tenu à m'écrire la lettre que voici :

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