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but de son ambassade auprès de Paris et de Londres : «Nous voulons que la paix soit donnée aux Turcs ». Le Comité de la Défense des droits de la Thrace occidentale m'écrit : « Veuillez rappeler en France que les musulmans de Thrace feront tout pour sauver leur patrie des mains des Hellènes, le plus cruel, le plus impitoyable des ennemis >>.

Et, de tous côtés, il en est ainsi.

Je copie textuellement une lettre assez récemment reçue, écrite par Mustapha Kémal pacha qui exerce toujours le commandement suprême.

<<< Madame,

Angora, le 24 mai 1922.

« Je vous remercie vivement pour votre lettre du 2 avril dernier et pour tous les efforts que vous déployez en vue du rapprochement de nos deux pays.

« J'estime comme vous que toutes les questions secondaires doivent être résolues dans un large esprit de conciliation et je pense que des deux côtés on doit surtout avoir en vue de raffermir chaque jour davantage la vieille amitié franco-turque si heureusement rétablie par l'accord d'Angora et si nécessaire à la Turquie comme à la France.

« D'ailleurs, comme vous devez en être informée, les instructions nécessaires ont été données de notre côté pour régler à l'amiable et le plus rapidement possible toutes les difficultés existant encore en Syrie-Cilicie; si du côté français on fait preuve d'une bonne volonté égale, tout s'arrangera bientôt.

«A voir le bruit que fait la diplomatie britannique autour du rapport calomnieux d'un Américain expulsé d'Anatolie à la suite de ses intrigues contre nous, rapport dont la fausseté est proclamée par les chefs et collègues de ce même Américain, on est porté à croire que l'Angleterre ne désire pas encore sincèrement la paix avec nous. Comme nous savons que le temps travaille pour nous, nous ne sommes pas autrement inquiets de cette campagne de calomnies et d'injures entreprise par nos enne

mis, nous continuerons donc, s'il le faut, la guerre jusqu'à la victoire.

«En vous remerciant encore une fois pour tout ce que vous avez fait et continuez à faire pour rapprocher nos deux pays, je vous prie, Madame, de croire à mes sentiments les plus sincères et les plus cordiaux. >>

En décembre dernier, Raefet pacha, à son retour d'Inéboli où il venait de recevoir les envoyés du général Harrington me disait : « L'Angleterre toujours perfide... » Et il ajoutait : « La guerre est comme la vie, féconde en surprises », mot que les Anglais auront encore l'occasion de méditer.

Quel est aujourd'hui le point de vue turc devant ces événements nouveaux ?

L'action hellénique en Asie Mineure a fait faillite. Le but essentiel en était l'écrasement des forces nationales de l'Anatolie. Devant l'échec, la Grèce s'est repliée sur la Thrace sans défense; elle n'y rencontre que des populations désarmées.

La proclamation de l'autonomie ionienne est une simple plaisanterie politique; elle a cependant un but pratique décharger les finances grecques d'un fardeau écrasant en substituant la population des régions occupées aux contribuables grecs. Lorsque le gouvernement d'Athènes devra évacuer l'Anatolie occidentale, il attribuera son échec à l'insuffisance de l'aide financière fournie par la population autonome.

Qu'est-ce donc qu'une autonomie proclamée par un peuple qui n'exerce aucun droit sur le pays dont il dispose et n'a pas l'assentiment de sa population ? Une simple plaisanterie. C'est la suite de cette déplorable fiction imaginée par l'Angleterre qui, depuis bientôt quatre ans, s'acharne à nous prouver que la Turquie est un mythe et, comme il faut toujours avoir deux cordes à

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son arc et deux politiques à sa disposition, à Constantinople, tandis que le général Harrington jure que toute tentative grecque sur la ville sera repoussée par la force, sir Horace Rumbaldt, haut commissaire britannique, affirme que son gouvernement ne saurait admettre l'emploi de la violence.

Ainsi, chacun peut garder sa porte ouverte ou fermée mais instruite par l'expérience, la Constantinople musulmane passe en Asie et les Européens rentrent chez eux.

BERTHE-GEORGES GAULIS.

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rues les noms des grands artisans de la victoire. Cela prouve une hésitation, d'édilité d'ailleurs et non de principe. Il y a longtemps que la décision a été prise, mais devant la réalisation...

Hé bien, puisqu'il s'agit de contemporains vivants, et sages, et qui sentent que leur gloire ne tient pas à la plaque bleue, pourquoi ne s'unissent-ils pas en une pétition pour demander la consolidation du sursis? Je vois très bien M. le Maréchal Foch protester contre l'attribution de son nom à l'Avenue du Bois de Boulogne.

Qui fut et eût bien dû demeurer Avenue de l'Impératrice. Un jour, il y a assez longtemps, notre Conseil Municipal redonna à la rue des Vosge son nom précédent de rue du Pas-de-la-Mule. Heureuse régression, demeurée exceptionnelle alors qu'elle devrait être exemplaire. Je voudrais me réveiller un matin avec un Paris revenu à ses anciens noms de rues. Quel pittoresque cela lui redonnerail! Et un pittoresque pratique. Pourquoi rompre ces attaches, précieuses et nominales, de Paris à son passé ? Ce n'est pas une ville bâtie en un jour sur plan préalablę d'architectes et d'ingénieurs férus du plus moderne urbanisme. Aux quartiers neufs, les désignations nouvelles. Ne décrochons pas trop de vieilles enseignes. Elles nous mettent en garde contre notre excès actuel qui est de ne plus concevoir un nom de rue que comme un diplôme d'honneur à un citoyen, en dehors de toute raison locale, de tout motif de géographie ou de mœurs. Ah! M. le Maréchal Foch ne renoncera-t-il point à faire débaptiser l'Avenue du Bois de Boulogne ?

Il y a pourtant un changement que j'aimerais de voir faire. On devrait changer le nom du quai Conti! - Méfions-nous!

Je suis sûr que vous serez de mon avis. On l'appellerait quai Molière. Il passe devant l'Académie française; ce serait une... juste réparation, il me semble.

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