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CE QU'ON DIT...

La jeune peinture française. »

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Il est des hommes de tous les âges qui sont encore unes et d'autres qui ne font que vouloir l'être. Pouroi n'en serait-il pas de même des peintres ? On dit ou l'on pourrait dire que les artistes e i viennent d'exposer à la galerie Manzi avoure élégante et très française au mépris de toutes ar bombes, se sont assemblés là par un goût commun nouveau. Sont-ils jeunes? Peut-être. Il y en a sans àute de l'active. D'autres sont de la réserve, ou de la ritoriale, ou même du Sénat; mais ils remuent tous ar s'affirmer à eux-mêmes qu'ils sont jeunes. Et eme les jeunes gens ont l'ardeur des théories, qui part d'excellents toits pour abriter n'importe quoi, le enger est que cette affirmation devienne de l'affecta, car, par programme, il leur faut du nouveau. On iste alors au spectacle connu des gens qui s'échapSt de la religion ancestrale pour s'attacher éperdunt à la première superstition qu'ils rencontrent. ska place d'honneur est galamment offerte à une femKlofat Mme Marval, pour un sourire entre deux rideaux us on se rappelle que les femmes ont porté heur à l'impressionnisme. Il y a des œuvres charates ou belles, comme un portrait de fillette de M. mens de dré Mare ou un Cabaret de M. de Segonzac ; mais

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sque tout ce que l'on voit, gâté par le souci de l'exserordinaire, ne réalise que de l'incomplet. Dans une org légorie de M. Corneau, qui l'apparente au très vieux socialists cho Lorenzetti, deux petits groupes trop perdus sont nistes, 1 ne grande valeur. Un intérieur de M. Marcel Gailpropad avec le jour de la rue et le tablier bleu accroché ane porte serait, si on enlevait le plus haut et le plus tendan $, une chose délicieuse. Un paysage de M. prade de la plus haute qualité a dans un in du premier plan, un cerf-volant qui empêche le voir. Et pourquoi M. Vallotton, qui est si un artiste de talent, donne-t-il le mauvais exemde quatre femmes qui se tiennent mal? Quant au sapteur Jean Bernard, on se plaît à croire qu'il a he des imagiers de Reims ou de Chartres puisqu'il exprime avec sûreté la simplicité pénétrante.

ague

By y a aussi des cubes superposés par des peintres que et prône, mais n'est-ce pas là tout au plus des enseipements de laboratoire que le maître ne doit pas laisVoir en travaillant. Est-il bon de s'éloigner du venu pour tomber dans le conventionnel Аи al, pour incertaine et téméraire qu'elle soit, la maestation de la jeune peinture française n'en reste pas ins digne d'être vue, revue et même corrigée.

Aze Conservatoire.

?

Les radios boches ont beau dire, Paris n'est pas affoLa vie continue presque comme en temps de paix. enite semaine est la grande semaine des concours du

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onservatoire et, rue de Madrid, tout se passe comme si Allemands n'étaient pas à Noyon. Est-ce qu'il y a il faguerre ? Hélas! nous n'en saurions douter. Dans le stibule où ces demoiselles, palpitantes de crainte et

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bletpoir, attendent la proclamation des récompenses,

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pici, sur un fond de drapeaux, un vaste tableau encaté de noir qui nous fait connaître les noms des élèves Conservatoire morts pour la patrie. La liste est ejà longue. Nous avons compté soixante-cinq noms. ha que classe a fourni les siens et rien n'est plus émou

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Nénette et Rintintin, petits dieux tutélaires, protègent-ils contre les fausses notes comme contre les torpilles de gothas ? Ce qui est sûr, c'est que Nénette et Rintintin sont en honneur au Conservatoire. Le jour du concours de piano, Mlle Lapierre dix-sept ans, un joli visage aux traits intelligents et finement accentués, encadré de boucles brunes. arborait sur sa robe blanche les fétiches à la mode et Mlle de Sanzewitch -- treize ans à peine et une vigueur surprenante devant le clavier portait aussi, suspendues à son cou, les minuscules poupées de soie. Mais tandis que les fétiches de Mlle Lapierre sont l'un fraise, l'autre turquoise, Mlle de Sanzewitch porte les siens d'une unique nuance jaune serin. Résultat Mlle Lapierre a eu un premier prix, tandis que Mlle de Sanzewitch obtenait un prix d'excellence. Nénette et Rintintin soient loués !

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A ceux qui se scandaliseraient de voir paraître des poupées sur la scène du Conservatoire, nous rappellerions un jolie anecdote qui est de nature à lever tous les scrupules. Lorsque Augustine Brohan était au Con; servatoire elle avait à peu près l'âge de Mlle de Sanzewitch elle désespérait son professeur Samson par une attitude distraite dont la cause demeurait mystérieuse. Un jour, raconte Mirecourt, Samson lui dit :

Vous allez bientôt concourir, mademoiselle, approchez; venez réciter vos rôles.

Augustine se lève d'un air assez maussade et se place devant la chaire.

- Eh! bon Dieu quelle tenue s'écrie le professeur. On dirait d'un garçon. Qu'est-ce que vous avez dans vos poches ?

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Toutes ces demoiselles ne jouent pas à la poupée. Un de nos plus sympathiques confrères, pour qui la maison de la rue de Madrid n'a pas de secrets, a failli ces jours-ci s'attirer une vilaine affaire.Dans l'innocence. de son âme, il avait osé écrire que l'une des concurrentes, dans l'une des épreuves dramatiques fournirait sans doute une course brillante, ayant « le cœur bien atta ché ». Ce terme de sport ne lui disant rien qui vaille, la jeune pouliche, à la première rencontre, fonce droit sur l'homme aimable et lui dit tout de go :

Vous, pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de publier que j'avais un amant ?

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M. Hekking n'avait pas été admis à concourir, bien que, de l'avis du maître, il se fût montré remarquablement en forme le jour de l'épreuve éliminatoire...

L'éminent professeur, qui est nouveau venu rue de Madrid et qui à juste titre attache personnellement quelque amour-propre à l'excellence de son quipe, ne se vit pas sans déplaisir frustrer à l'avance d'un succès qu'il jugeait assuré. Il courut rue de Valois, et se démena tant et si bien qu'on finit par découvrir une circulaire ministérielle en vertu de laquelle le candidat resté en panne, premier accessit de 1917 et blessé de guerre, avait le droit absolu de prendre part au concours de fin d'année, nonobstant toute décision contraire du jury d'élimination.

Ailleurs.

Le plus souvent, les « aktivistes » flamingants, ces << flaminboches », ainsi qu'on les appelle en Belgique occupée sont grotesques encore plus qu'odieux. Dans une lettre récente du correspondant bruxellois de l'Algemeen Handelsblad d'Amsterdam,on trouve le compterendu d'une réunion aktiviste où l'on s'est prononcé notamment en faveur d'une meilleure organisation de la propagande flamande dans la presse... allemande. L'assemblée a discuté aussi la question de savoir si Charles Rogier, fondateur de l'Etat belge, dont la statue s'élève quelque part sur une place publique de Bruxelles, peut rester désormais sur son socle. Ce Charles Rogier d'origine française, est l'une des grandes figures de la Révolution belge de 1830 et l'auteur de la version actuellement adoptée de la Brabançonne. Les flamingants voient en lui une incarnation du «< fransquillonisme »>.

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D'après les Naamsche Nieuws, le président de la réunion aktiviste à laquelle il est fait allusion plus haut proposa de laisser Rogier sur son socle mais en adornant celui-ci d'une inscription spéciale rappelant « l'ancienne oppression » subie par les Flamands ! D'autres membres de l'assemblée proposèrent plus simplement de faire cadeau de la statue... aux Wallons. Le même journal annonce qu'on prépare la flamandisation de tous les noms de rues en Flandre, où les noms français ne seront plus tolérés. 11 est question aussi d'obliger les maisons de commerce nouvellement créées à rédiger leurs enseignes en flamand exclusivement. Dans l'agglomération bruxelloise, exceptionnellement, on tolèrera, moyennant le payement d'une haute taxe, des inscriptions bilingues à condition que le flamand soit au-dessus, en grandes lettres, et le français au-dessous, en petites lettres.

Ceux qui se préoccupent de la défense de la langue et de la culture françaises en Belgique doivent se réjouir de ces mesures, où le ridicule le dispute à l'odieux. La réaction en faveur de l'influence française sera .formidable en Belgique, après la guerre.

Ce qu'on lit...

Au ciel de Verdun, Notes d'un aviateur, par le lieutenant BERNARD LAFONT.

Cet ouvrage vient de prendre dans l'excellente collection de MM. Berger-Levrault : « Les récits des Témoins », une place dont il est bien digne.

Composé sans grande unité de plan, ni particulier souci littéraire, on y sent la fougue d'une plume inexpérimentée, prise aux hasards des retours, au soir des randonnées. Parfois naïfs et gauches, malgré leur na

turel et leur fraîcheur, ces récits n'en sont que p attachants, car, sous leur forme sans recherche, ils p pitent d'une émotion qu'on dirait arrachée toute du cœur et ils annoncent d'exceptionnelles facultés vision et d'expression, autant de dons auxquels le blic, qu'on pourrait croire fatigué des souvenirs guerre, ne reste pas indifférent. Le succès de ces si ples impressions le prouve.

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Traité de Sociologie générale, par VILFREDO PARE tome Ier.

Cet ouvrage considérable du savant professeur lien Vilfredo Pareto mériterait une étude approfon que les circonstances nous obligent à remettre à tard. Il a pour but de fonder la sociologie sur la thode expérimentale. M. Pareto rappelie, non sans nie, que Rousseau, au début de son Discours sur l galité, déclare : « Commençons d'abord par écarter les faits, car ils ne touchent point à la question. »C de cette manière élégante que l'on traite généralem la sociologie. Au lieu d'écarter les faits, M. Pareto recueille copieusement et en tire de justes déductio

Dans ce premier tome de la traduction française publie M. Pierre Boven, il faut lire le chapitre qui cerne « les théories qui dépassent l'expérience ». Be coup de sociologues pourront faire leur profit de o partie critique d'un ouvrage qu'ils consulteront toujo avec fruit.

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Les Allemands à Saint-Dié, par RAOUL ALLIER M. Raoul Allier, professeur honoraire de l'Univ sité de Paris, a réuni et critiqué un nombre considerab de documents relatifs au séjour des Allemands Saint-Dié du 27 août au 10 septembre 1914

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C'est un véritable travail d'histoire que l'auteur consacré à ces 15 jours et il y a joint des cartes et fac-similés de pièces importantes. C'est là une des tures les plus émouvantes qu'on puisse faire, la vie Saint-Dié, durant l'occupation, est un peu celle de to tes les villes françaises qui furent envahies lemands. La seule différence est qu'ils commirent certains crimes particulièrement pénibles à rapporter les fusillades du faubourg des Tiges et les jeux lieutenant Eberlein qui trouvait plaisant de faire seoir des civils sur des chaises devant ses hommes face aux soldats français. Le livre de M. Allier peu être lu en toute confiance et doit être médité.

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La Guerre

La déroute autrichienne

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Loffensive autrichienne en Italie est terminée. Elle tourné entièrement à la confusion des assaillants, squels, après avoir engagé dans la bataille plus de divisions représentant au moins la moitié de rs forces disponibles ont été obligés de battre pisement en retraite, de repasser le Piave et d'abanVanner le massif du Montello. Ils sont, à l'heure acelle, talonnés par les troupes italiennes, qui harcèlent ir repli précipité. Ils ont laissé sur le terrain si fait entrer en ligne de compte les 10.000 prisonniers

turés la valeur de 9 à 10 divisions.

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Ainsi a avorté, en l'espace de quelques jours, la granSocial entreprise que les puissances centrales avaient soippeusement préparée depuis plusieurs mois, et sur lan Di lle ils fondaient de magnifiques espérances. bord Dans leur esprit, elle ne devait pas céder en imporà la ces et en féconds résultats à l'offensive allemande tra le front franco-britannique. Il s'agissait de porter fat alliés un nouveau coup, d'où ils ne se relèveraient de ja La Vénétie tout entière, avec ses richesses et sa duction tilité, avait été promise aux armées du général Bore le dic. Un ordre du jour, destiné à stimuler leur ardeur, t l'etait la bonne nourriture qu'elles ne manqueraient rele de trouver dans leur nouvelle conquête. Et voici s cous ces beaux rêves ont été soudain déçus.

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la gauche italienne, c'est-à-dire sur les plateaux Asiago et sur le massif du Grappa, la bataille a été se dès le 16 juin, date d'une dernière et inutile tenla Dve de l'armée Scheuchtenstuel (la XI armée, jadis mmandée par Kawess). Sur le Montello, l'archiduc Cori seph, qui était chargé de l'opération la plus délicate qui devait recueillir, dynastiquement, la gloire du cès, avait pu réussir à établir sur la colline jusqu'à is divisions. La contre-attaque italienne eut lieu le juin, à 3 heures de l'après-midi, entre Ciano et Giaa, front atteint le 17 par les Autrichiens. Elle fut parée par une action d'artillerie aussi méthodique violente, qui affecta particulièrement les voies de munications et les arrières et fut exécutée avec une de habileté manœuvrière qui mit en valeur les quabrillantes de l'infanterie italienne et de la cavalelaquelle joua son rôle dans la poursuite. kais c'est dans le secteur de droite que les combats les plus acharnés. Les Autrichiens disposaient le Piave de deux têtes de pont, l'une vers Fagare, la voie ferrée d'Oderzo à Trévise, l'autre un peu sau sud, sur le chemin de fer de Porto-gruaro,à stre. Dans la nuit du 18 au 19, ils avaient pu s'étadevant San-Biagio. Une brigade italienne, qui se vait cependant engagée depuis six jours, réussit à re fouler et à les acculer au Piave, dont les ponts ent coupés derrière eux. Devant Zenson, l'ennemi de açait Monastie, que défendirent héroïquement deux tembrements de lanciers. Dans la nuit du 19 au 20, le terhistoire perdu le 19 était repris par une brillante contrea joint de ensive.

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tes. Cest Enfin, à la tête de pont de Fossalta, une brigade

qu'ils

n puisse che se heurtait à une résistance inébranlable, bienest un transformée en agressive riposte. Les Autrichiens entenaient combattre adossés au fleuve. Le 23 au soir, la quaille était gagnée par nos alliés sur toute la ligne. mmuniqué du général Diaz - d'un laconisme sitif- annonçait que l'ennemi repassait en désorPiave. Un autre communiqué un peu plus détaillé date du 24 juin

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disait « Nous avons obterésultat suprême de notre victoire.. Le nombre dinaire des cadavres autrichiens couvrant le

champ de bataille prouve la vaillance malheureuse et la grande défaite de l'ennemi. »

Pour justifier cette défaite, les Autrichiens ont invoqué la crue du Piave, qui rendait impossibles les communications et le ravitaillement, d'une rive à l'autre. L'effet moral d'un pareil échec sera considérable dans la double monarchie. Nous ne savons pas encore quels sont les desseins du haut commandement italien, ni s'il a les moyens et le désir de convertir sa victoire défensive en une offensive qui pourrait peut-être lui assurer d'appréciables bénéfices. En tout cas, si l'Allemagne espérait que l'initiative prise par le « brillant second >> aurait pour effet de drainer en Vénitie des effectifs français, anglais et même américains et de décongestionner d'autant le front occidental, elle en est pour ses frais. Et c'est elle, peut-être, qui pourrait bien être appelée à soutenir son alliée défaillante.

Affaires Extérieures

Déclarations allemandes

M. de Kühlmann a prononcé, le 24 juin, un très long discours sur la politique extérieure de l'Allemagne.Dans quel dessein le secrétaire d'Etat impérial a-t-il pris la parole? On ne le voit pas trop. Ses adversaires prétendent que, soucieux de mourir en beauté, il a voulu chanter le « Chant du départ ». Dans ce cas, il aurait manqué son effet, puisque ses paroles sont tombées au milieu d'un silence glacial.

Nous ne voulons pas supposer que le discours du secrétaire d'Etat était destiné à éclairer les gouvernements et les peuples de l'Entente sur les intentions de l'Allemagne. Car, franchement, M. de Kühlmann a parlé très longuement pour ne rien dire. Nous savons tous depuis longtemps que l'Allemagne a subi la guerre et qu'elle n'avait aucune raison de la vouloir.

Il n'y a de nouveau, d'inédit, que quelques contradictions, qui viennent s'ajouter à beaucoup d'autres. Jusqu'à présent, c'est tantôt à l'Angleterre, tantôt à la France que les hommes d'Etat allemands imputaient la responsabilité de la guerre. M. de Kühlmann en charge désormais la Russie.

D'autre part, après avoir déclaré que l'Allemagne avait, sur tous les points, fait savoir ce qu'elle voulait, le secrétaire d'Etat s'est empressé d'ajouter qu'en ce qui concerne la Belgique, le gouvernement impérial ne pouvait prendre aucune position. La réserve a quelque importance.

Mais la faute majeure de M. de Kühlmann a été de réunir dans un même exposé la question des traités déjà conclus et celle de la paix à conclure. Les traités conclus révèlent dans toute leur crudité les ambitions de l'Allemagne, ses exigences, son ardeur sauvage à asservir et à dépouiller les peuples que leur faiblesse ou leur folie a réduits à sa discrétion. Après quoi, le secrétaire d'Etat, envisageant les traités à venir, tient à assurer les neutres, et même les ennemis, de la bonne volonté de l'Allemagne et de sa modération. Il pose, comme condition préalable des pourparlers de paix, « une certaine dose de confiance dans l'honnêteté et l'esprit chevaleresque réciproques. >> Prenant à son tour la parole, M. de Hertling déploré « l'accueil plus ou moins amical » que l'assemblée avait fait au discours de son subordonné. Il lui a donné un bon point pour son exposé des problèmes de l'Est; quant aux aperçus de politique générale, que la commission n'avait point paru goûter, il s'est contenté de laisser entendre qu'il les estimait superflus. Sur ce point du moins, nous sommes entièrement d'accord avec le chancelier de l'empire allemand.

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NOTES ET FIGURES

Paris-Ville et Paris-aux-Champs.

Il ne servirait à rien de vouloir le dissimuler. Et dussent les Boches, s'en faire une pinte de bon sang entre leurs deux suprêmes bouchées bouchées de pain de pain KK, mieux vaut l'avouer la question devient assez délicate des relations de Paris-Ville et de Paris-auxChamps. Un effort est indispensable pour prévenir une fissure regrettable dans l'Union sacrée. Nous convions les lecteurs de cette feuille détachée de tout esprit de coterie à l'accomplir.

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C'est de cet hiver que date l'affaire. Gothas et Berthas rendirent l'atmosphère de la capitale un peu plus orageuse et un peu plus malsaine que de coutume. Que faire en présence de ces inconvénients ? La méthode suivie fut celle de toutes les épidémies d'influenza. La date des vacances de Pâques fut avancée et les santés délicates, auxquelles se joignirent spontanément celles qui pensaient l'être, s'en allèrent villégiaturer sur des côtes d'azur, d'émeraude, et d'argent.

Malheureusement, et bien que la période des congés se fut un peu prolongée, l'épidémie se montra tenace. La toux de Bertha recommença après une accalmie et coïncidant avec des chaleurs précoces, des descentes à la cave motivées par l'appel des sirènes troublèrent les nuits et enrhumèrent les cerveaux de beaucoup de Parisiens.

CENSURE

Dès lors se repose avec une acuité nouvelle la question troublante: Paris doit-il demeurer en ville? Paris doit-il s'en aller aux champs ?

La réponse est si évidenté que si quelques circonstances adventices ne venaient compliquer les choses, on pourrait, semble-t-il, se dispenser de la formuler. Il est hors de doute que les bombardements aériens et à longue portée sont devenus plus aisés à l'ennemi et risquent en conséquence de devenir plus fréquents et plus incommodes.

CENSURE

D'où un double conseil du bon sens le plus élémentaire. Dès maintenant il serait préférable de inettre à l'abri les existences, les objets et les industries qui ne servent pas à la défense de Paris et dont la destruction nous serait dommageable à des titres divers. Et il est raisonnable d'arrêter l'ensemble des mesures qui en cas d'accident peu vraisemblable, mais point impossible, permettrait une évacuation plus étendue de la population et de nos richesses.

Tout cela est si limpide qu'on croirait que le dédoublement de Paris pourrait se préparer et s'accomplir sans en faire grand bruit. Et il en serait effectivement ainsi sans cet instinct de vanité qui nous entraîne à attacher une importance excessive à nos moindres actes, tel celui de faire ou de ne pas faire nos malles.

Rome n'est plus dans Rome,elle est toute où je fuis.

Au lieu de savourer ces douceurs nouvelles : et l'oasis du Mét

entre soi

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nos rues sans vacarme,

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Paris qui est resté à Paris fait la roue, se rengorge blague.

Pas de journal bien parisien où ne s'évoquent ave malignité les réminiscences du Chapon fin, où les vill giatures à la mode se voient ironiquement dénoncé

Dinard et Vichy évoquent une idée d'infamie. Il fa une rude assurance, voire du cynisme, pour articul sans que le rouge monte au front: « Je vais à Biarritz

Situation d'autant plus scabreuse que c'est dans sein même de la famille que se heurtent ces antinomi Comble d'injustice: c'est souvent Paris-Ville qui a e voyé Paris-Plage aux bains. S'empiler dans d'infâm bicoques, disputer à. prix d'or des légumes doute tristement bâiller sur des grèves saumâtres, et par-de sus le marché être traité de franc-fileur! Il y a là quoi révolter. On n'est pas des pleutres pour avoir ob aux conseils discrets de la prudence et

vard...

ni des héros pour flâner paisibles sur le bou Ces méconnaissances ne sauraient se prolonger sa inconvénients.

Rassurons-nous : elles ne se prolongeront pas.

Car ou bien Paris ne connaîtra pas la suprême agr sion du Boche et alors, dans quelques semaines, no nous réconcilierons tous dans le soulagement de sen définitivement écartée la menace infâme qui pesait s

nous.

Ou bien Paris une fois de plus será mis à l'épreu Alors ceux qui seront partis n'auront plus qu'un souc le péril, qu'ils s'exagéreront, de ceux qui seront rest et Paris bombardé n'aura qu'une joie celle de senti l'abri tous les êtres qui lui sont chers. Et l'heure tique fera une fois de plus la preuve qu'au moment danger il ne bat dans toute la France qu'un seul co

A. L

Le grimpeur de gratte-c

Grimper le long de la pierre, en s'aidant des ma dres corniches surplombantes, des plus humbles anf tuosités, en enfonçant ses doigts dans les yeux des m carons et en attrapant les cariatides par les oreill voilà certes un sport qui ne manque pas d'original Mais à cette originalité doivent s'ajouter d'insurmon bles difficultés lorsqu'il s'agit d'escalader de c manière les gratte-ciel de New-York. Le commun mortels se contente de prendre un ascenseur-express l'emmène d'un bond au 32° étage. Tel n'est cepend pas le goût de M. Gardiner, le grimpeur, « la mou humaine des Etats-Unis. Grimper le long des mo ments, c'est la création de sa vie, c'est sa passion, son métier (et il y a fait fortune), c'est sa « mission sur terre, comme disent nos amis d'outre-Océan. S père désirait faire de lui un chirurgien; lui, il n'a voulu; en mal d'originalité, il a créé une nouvelle p fession il s'est fait grimpeur de gratte-ciel. Et n'a pas croire qu'on veuille ici vous faire grimper faut laisser ce sport à Gardiner, qui l'exerce depuis ans. Il en a 46; il donne, paraît-il, l'apparence gentleman correct, d'un professeur plutôt que d'un g peur. Dès la sortie du collège, il aspirait aux, positio qui vous élèvent au-dessus des autres humains. I quenta l'Université, où il fut très brillant dans sports. Puis il s'adonna à l'aérostation, et y réussit t bien. Mais grimper dans un ballon et se laisser tomb en parachute, ce n'est guère là un jeu varié. Gardine voulait mieux. L'inspiration lui vint un jour qu'il pas sait près du Flatiron Building, le « bâtiment en repasser », un des plus imposants gratte-ciel de New

Au lieu d'endosser tout simplement la robe de toile et le complet de flanelle, Paris qui s'en va aux champs éprouve le besoin de justifier son exode aux yeux de la province un peu surprise d'une invasion plus prématurée et plus ample que de coutume. Et les oreilles des cousins de Quimper s'effarent de récits terrifiants. Evidemment on scra un peu serré cet été et il faudra s'ingénier pour faire bouillir la marmite. Mais enfin, puisque la capitale était devenue intenable!... Ç'a été un dur de

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et

voir de s'en arracher. Mais il fallait bien mettre à l'abri une belle-mère nerveuse, de tendres nouveau-nés, d'une manière plus générale cette élite de citoyens qui constituent la substance même du pays

:

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sort, dévissera un écrou et quand il se redressera, l'œil vif et les mains enduites de graisse, il aura appris ce qu'il voulait savoir. Il s'est adressé à l'objet lui-même; c'est la matière qui lui a dit son secret.

en

York. Pourquoi ne pas escalader le building jusqu'au I main, s'accroupira devant la machine, fera jouer un ressommet? Y a-t-il quelque chose d'impossible à la volonté de l'homme? Gardiner s'entraîna en grimpant le long le bâtiments de moindre importance, allant toujours lus haut, et un beau jour il montait tout en haut du fer à repasser ». Sa technique semble simple, sauf ans l'application. Il commence par bien examiner en étails le morceau qu'il veut enlever, avec tous les oints d'appuis possibles, et il ne se risque qu'à bon cient. Puis il grimpe, en s'aidant des mains, des gepux; il se sert presque exclusivement des trois doigts édians; ses genoux ont une emprise de fer, mais il utilise les pieds que pour assurer le balancement de in corps. A son estimation, il entre bien, dans ses tours force, pour 40 0/0 d'énergie morale, de volonté et de ng-froid. Et il n'a pas de muscles particulièrement atveloppés; mais ils sont solides, et surtout très élastiles. Gardiner est très fier de son métier, car il se flatte

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démontrer, par ses acrobaties aériennes, que rien st impossible à la volonté humaine. « Mieux vaut,ditble s que j'aie fait un bon grimpeur qu'un mauvais chirurn.Ses contemporains souscriront facilement à ce jument. Mais on ne peut s'empêcher de penser que s'il seiniait le bistouri avec l'habileté qu'il dépense dans tours de force, il pourrait rendre auxdits contempons quelques services d'une portée humaine infiniment as... élevée.

Ongara as las ques

ulag nfame

DANIEL A. TOLEDANO..

La découverte de l'Amérique.

sera Dans la vaste salle de l'Hippodrome, toute fleurie de
ont pl
apeaux alliés, pas une place n'était restée vide et cette
xule enthousiaste, pendant deux heures, n'a cessé d'ad-
erer et d'applaudir. Je dis applaudir. Mais aucun mot
chers saurait donner une idée de ce bruit complexe, fait de
ve qurras, de battements de mains et de sifflets, par le-
nceel une foule anglo-franco-américaine manifeste un
anime sentiment d'approbation. A la première mi-
te cela surprend un peu l'oreille. On s'y fait cependant
s vite et on arrive même à discerner, d'après la pré-
sadminance des sifflets sur les hourras, ou des batte-
lunts de mains sur les sifflets, d'intéressantes nuances
schologiques.

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Un remous aux fauteuils d'orchestre : c'est le maréps Joffre qui traverse la salle. En un clin d'œil, tout monde est debout pour l'acclamer. La Marseillaise entit, jouée avec fougue par la musique militaire éricaine. On projette sur l'écran le message du préent Wilson. Mlle Lucie Brille dit avec conviction un poème de M. Henry Van Dyke à la gloire de la 1 an ce. Puis le film de guerre se déroule, montrant, sa première partie, les soldats américains à l'œudepuis leur débarquement sur les côtes françaises qu'à leur départ pour le front. Construction de handrs et de voies ferrées, montage de locomotives, instalon de machines, réception de matériel et de vivres, nent vif à plusieurs tableaux où l'esprit pratique des méricains se révèle sous des formes pittoresques.

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Avant la deuxième partie du film, la musique américaine joue et chante plusieurs chansons de route, dont le texte est projeté sur l'écran. On saura bientôt France que les Américains ont dans leur patrimoine national une exquise veine musicale qui leur appartient en propre. Pour en être persuadé, il suffirait d'entendre ces quelques chansons à la fois entraînantes et nostalgiques, écloses tout récemment, me dit un officier américain placé près de moi, sur les lèvres de nos frères d'armes. Leurs paroles aussi me semblent très savoureuses, mais je connais trop mal la langue anglaise pour essayer de les traduire. Dans l'une d'elles, il est question de rossignols et de clair de lune; dans une autre, le soldat à qui l'on demande: Parlez-vous français? (en français dans le texte) s'empresse de répondre: Oui! oui! parce que c'est une « girl » des plus avenantes qui lui a posé cette question... Voilà du moins ce que j'ai cru comprendre. Et notre Madelon ce chef-d'œuvre qui vient tout de suite après, se trouve là en excellente compagnie. Les musiciens alliés sont littéralement couverts de fleurs, qu'on leur jette de toutes parts. Puis l'obscurité se fait et la projection du film continue...

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Voici maintenant les troupes américaines en campagne. « Les aviateurs de l'oncle Sam » ne manquent pas de prestige. On fête plusieurs noms au passage: l'as Lufbery, les lieutenants Campbell et Winslow. Une ovation salue le général Pershing. Voici un régiment qui monte en ligne et cette vision dégage une extraordinaire impression de force aisée et alerte, d'entrain presque joyeux, de résolution implacable. Voici le bombardement d'une pauvre église de campagne par les obus ennemis, réussite étonnante au point de vue photographique et document terriblement significatif. Un autre tableau appelle les larmes c'est le défilé lamentable des femmes et des enfants, des villageois du front français qui, fuyant leurs foyers dévastés, sont aidés fraternellement par l'armée américaine. Voici les trains sanitaires, les ambulances de première ligne, les convois de blessés, les camions de ravitaillement se profilant comme en chapelet sur le bleu de la nuit, les canons monstres qui envoient « la réponse de l'Amérique aux Boches » dans un recul de toute leur masse qui ressemble à un hoquet de dégoût. Vision gracieuse et touchante, des jeunes filles américaines de l'Armée du Salut, coiffées du casque des combattants, portent aux soldats en ligne, au péril de leur vie, des suppléments de nourriture. Nous apprenons ici, non sans surprise, que le mets favori de nos alliés, leur régal national, est la tarte aux pommes, cet « apple-pie » présenté sur l'écran par une jeune fille qui a vraiment l'air de « ne pas s'en faire ... Pour finir, deux scènes diversement grandioses se déroulent dans un silence recueilli : la décoration des mort

Créé et cela tient de la féerie. On fait un succès particuliè- drapeaux, les funérailles d'un héros américain

de gratis

s « fair

ar carrière de chapeaux, leur feutre est utilisé pour

pour la liberté du monde. Les cœurs sont étreints par l'émotion... Pour soulever encore une acclamation for

r, qui faemple quand les chapeaux de nos alliés ont fini midable, il faut que paraisse à nos yeux, vision rapide ur platitre des pantoufles. C'est assez simple, mais il fallait lui-même... Le bruit se prolonge jusque sur le boule

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de

et prestigieuse, l'image vivante du président Wilson

vard de Clichy où, à la sortie, une mer humaine entoure les automobiles officielles. Des clameurs retentissent au passage des camions chargés de soldats en tenue réséda ou de marins à petite calotte blanche...

penser. Chaque fois qu'un trait de cette espèce est
si au passage, la partie française du public applau-
tout rompre. Cette forme d'ingéniosité, cette apti-
à tirer parti de la matière nous étonne toujours.
ois en savoir la raison. Voyez un Français et un
icain devant un objet nouveau pour eux, une arme,
machine le Français se fera expliquer le principe,
a des questions, soulèvera des objections judicieu-l'Amérique.
'Américain ne dira rien, mais il prendra l'arme en

Et je pense que tout ce monde doit avoir comme moi la sensation singulièrement flatteuse, tout de même, plus de quatre siècles après Colomb, d'avoir enfin découvert

Gustave FREJAVILLE.

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