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L'Autriche ébranlée

La crise que traverse actuellement l'Autriche n'est ne crise gouvernementale, ni une crise parlementaire, s bien une crise d'Etat la crise autrichienne. La lle Autriche, l'Autriche de la Constitution de 1867, ne connaît que des pays de la Couronne et des sujets aces différentes, mais pas une nation, cette Autria a cessé d'exister. >>

est un journal allemand, le Berliner Tageblatt qui ainsi la situation de l'empire allié. Il ne parlerait autrement de la Turquie Ou de quelque autre te agonisant. Déjà bien avant la guerre, MaximiHarden observait, avec une ironie cynique, ce pende l'Allemagne à cultiver l'alliance des puissanfaibles ou malades. Il n'y voyait point générosité, besoin de domination et goût de la proie facile et disme politique lui paraissait dangereux. Harden it pu avouer plus simplement que l'Allemagne ait ses alliés où elle pouvait.

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par

tous cas, voici l'Autriche au point une alliée, me l'Allemagne les aime. Divisée à l'intérieur, sans ement, presque sans gouvernement; battue lie, et mourant de faim. Voilà, dit-on à Berlin, de la guérir de ses velléités d'indépendance. L'empeCharles aura appris à ses dépens ce qu'il en coûte ouloir donner la paix à ses peuples sans l'agréde l'Allemagne et avant l'heure qu'elle se réserve xer. Le jeune souverain en avait assez de se battre le roi de Prus se, et il l'avait fait dire. Pour le d'une telle impudence, son allié l'a envoyé se re tout seul, avec une armée lasse et désunie, contre nnemi qui ne paraissait pas avoir grande envie de aquer.

es commentaires des journaux allemands sur la aite autrichienne en Italie sont bien curieux. On n'y ve nulle trace de pitié, ni même de regret. Seule

ment, pour la bonne règle, les officiers réduisent l'étendue du désastre et représentent la bataille italienne comme une « démonstration » qui aurait manqué son but. Même indifférence à l'égard des difficultés économiques avec lesquelles l'Autriche est aux prises. La ration de pain, dans la Monarchie, est réduite à 90 grammes par jour. Cependant, par l'accord du mois de mai, l'Allemagne s'était engagée à assurer le ravitaillement de la population autrichienne. L'accord a été mal rédigé, explique la Gazette de Francfort jamais l'empire n'a pu prendre l'engagement de prélever sur ses propres stocks les quantités nécessaires à l'Autriche, pour la bonne raison qu'il ne disposait pas. lui-même de réserves suffisantes. Et l'Agence Wolff s'empresse de rassurer le public allemand, qu'irrite la pensée que le gouvernement pourrait diminuer sa propre ration pour venir au secours de l'allié affamé. L'Autriche avait pourtant reconnu à l'Allemagne le droit d'exploiter seule les ressources de l'Ukraine: n'y avaitil pas une contre-partie à ce privilège ? Là-dessus, la presse allemande garde le silence. Berlin envoie une auêne, mille wagons de grain, en stipulant que ce grain n'est destiné qu'à l'armée et qu'il devra être remboursé dans un mois.

L'Allemagne n'a pas poussé l'hypocrisie jusqu'à s'apitoyer sur les embarras politiques de l'Autriche, qu'elle a elle-même si soigneusement provoqués et entretenus qu'on se rappelle les journaux achetés à Vienne et à Budapest par la Société Krupp et les ligues pangermanistes ; les « conseils du peuple » créés dans tous les pays allemands de la Monarchic pour dénoncer et combattre la politique conciliatrice du cabinet Seidler; les campagnes de provocation et de haine contre tous les éléments favorables à une entente avec les nationalités; les pétitions et les manifestations organisées en Bohême, au Tyrol, en Styrie,par les consuls de l'empire allemand. Que l'on observe enfin les derniers efforts de Seidler pour ramener les Polonais dans la

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majorité. La résolution de Cracovie, hostile au gouvernement, est loin d'être approuvée par la totalité du groupe polonais. Le ministre Twardowski obtient que les négociations soient reprises entre Polonais et Allemands. Chacun des partis déclare ses prétentions. Un terrain d'entente ne paraît pas impossible à trouver. Mais les concessions que le gouvernement de Vienne est disposé à faire aux Polonais, avec l'assentiment

des partis allemands, suscitent l'opposition de Berlin. La question polonaise n'est pas une question autrichienne c'est une question allemande. Désormais tout espoir d'entente s'évanouit, et un journal berlinois constate : « Les Polonais ont condamné à mort le gouvernement Seidler. » Le Parlement autrichien ne sera pas réuni; le budget ne sera pas voté; on essayera de gouverner avec le paragraphe 14, et il y a de grandes chances pour qu'on ne réussisse point à gouverner.

Arrivée à ce point de désorganisation et de faiblesse,. la Monarchie n'opposera plus de résistance aux volontés de l'Allemagne. La solution allemande de la question polonaise triomphera aisément. L'Allemagne décidera seule du sort des Balkans. Elle imposera à l'Autriche et à la Hongrie cette fameuse « union économique »> dont le projet a suscité si peu d'enthousiasme à Vienne, et à Budapest une si vive indignation. Et puis, s'il y a du désordre, si l'Autriche-Hongrie se révèle impuissante à se gouverner, l'Allemagne aura les meilleures raisons du monde pour lui venir en aide, et pour rétablir dans la Monarchie l'ordre qui lui plaît.

Dans quelle mesure cet effondrement de l'AutricheHongrie répond-il aux desseins de l'Entente? Nous disons les desseins de l'Entente, et non pas ses intérêts ; mais on peut supposer que les intérêts de l'Entente ont inspiré ses desseins.

Après de longues hésitations, qui se traduisaient par l'inaction totale, notre diplomatie a pris parti brusquement. Ayant repoussé avec un certain fracas les ouvertures de paix du souverain autrichien, elle s'est engagée délibérément dans la « politique des nationalités »>. L'Italie avait pris les devants et montré le chemin. La réconciliation entre Italiens et lougo-Slaves marqua la première étape. La seconde amena à Rome les représentants des diverses nationalités opprimées par la monarchie des Habsbourg: sous les auspices du gouvernement italien, ils se réunirent et se mirent plus ou moins d'accord sur les termes d'une résolution com

mune. L'accord portait surtout sur des mots ou, si l'on veut, sur des principes généraux, toutes les questions d'intérêt et de territoire ayant été prudemment exclues de la discussion. La conférence de Versailles détermine un nouveau progrès; les gouvernements de l'Entent déclarent leur volonté de voir les Polonais reconstituer leur unité, leur indépendance et acquérir un libre accès à la mer. Comme on n'a pas dit à laquelle, les Lithuaniens s'émeuvent et protestent. D'autre part, les mêmes gouvernements manifestent officiellement la sympathie que leur inspire la cause tchéco-slovaque. La déclaration de Versailles ne fait point mention des Iougo-Slaves: ce n'est pas notre faute, ni celle des Anglais; mais l'Italie qui a montré le chemin, ne se soucie point d'y courir trop vite et sans regarder derrière elle. Chi va piano....

la

Des bataillons tchéco-slovaques sont constitués par l'Entente, et combattent dans les rangs des Italiens. Des régiments polonais viennent prendre place sur le front français; le président de la République leur remet solennellement les drapeaux où l'aigle d'argent se détache sur les couleurs nationales de Pologne.

Tous ces actes témoignent d'une direction continu d'une politique méthodiquement suivie. Ne parlons pa ici de buts de guerre, puisqu'on est convenu en ce mo ment de n'en point parler. Disons seulement que nou avons reçu dans notre alliance les peuples dissident de l'Autriche-Hongrie non seulement les représentan de ces peuples qui sont venus chercher chez nous u asile et ont réclamé l'honneur de combattre à nos côte mais aussi les éléments, infiniment plus nombreux, q demeurent sur le territoire de la Monarchie. Les pr miers mènent au dehors la lutte contre l'Autriche; I seconds la poursuivent à l'intérieur.

L'opinion de l'Entente a une tendance à considér que les nationalités dissidentes aspirent unanimeme à secouer le joug des Habsbourg et à se séparer de Monarchie. La presse allemande officieuse s'efforce répandre la même conviction.

Cette coïncidence est remarquable; elle s'expliq sans doute d'un côté et de l'autre, par des raisons ass différentes. En fait, cette unanimité n'existe pas encor On a vu les hésitations des Polonais; leur allian n'est pas considérée comme très sûre par les louglo-S ves et les Tchéco-Slovaques. Si les Slovènes semble relativement unis, des rivalités de personnes et d'in rêts continuent à diviser les Tchèques : les uns tienne pour Kramarcz, et les autres pour Klofath; les uns p conisent l'indépendance complète, les autres se déc rent partisans de l'autonomie. D'autre part, quelque liens subsistent entre certains éléments des nationalit dissidentes et certains éléments allemands d'Autrid qui s'efforcent de les retenir dans l'organisation com mune, quitte à améliorer cette organisation par de réformes. La majorité des socialistes autrichie rebelle aux influences pangermanistes, milite enco aujourd'hui dans ce sens. La propagande de Ber multiplie ses efforts pour vaincre de telles résistance Comment se fait-il que les mêmes tendances soient co sidérées comme des obstacles par l'Allemagne et p l'Entente ?

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les hommes d'Etat sont obligés d'examiner le pr blème général de la reconstruction de l'Autriche-Ho grie. » Seulement, l'Allemagne voit dans l'affaibliss ment progressif de son alliée le prélude nécessaire l'établissement de sa propre domination sur tout l'Europe centrale ; nous y voyons, au vontraire, u condition préalable et nécessaire à l'affaiblissement l'Allemagne.

Il ne convient pas de rechercher ici lequel des deu desseins est le mieux conçu, ou le plus facile à réalise L'Allemagne, selon les principes invariables de sa po tique, poursuit la réalisation d'un intérêt immédia L'Entente, plus généreuse, veut obtenir, avec sa prop victoire, la victoire du droit et le triomphe de la liber dans le monde. Dans le curieux combat qui se liv actuellement autour de l'Autriche, il faut bien recom naître que, d'un côté et de l'autre les moyens ne son pas égaux. Ce que désormais, semble-t-il, nous pouvon espérer de mieux, c'est que l'Autriche, non plus seule ment ébranlée, mais effondrée, devienne pour so alliée un poids mort d'une lourdeur insupportable, que le dessein de l'Allemagne se retourne contre elle

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même.

D'ANDILLY.

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