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L'armée Fritz von Below, qui opérait à la gauche de on Boehn, avait moins progressé. Sans doute elle avait ris Sapigneul, pénétré jusqu'à Pontavert sur l'Aisne et, u delà du canal de l'Aisne à la Marne, enlevé les locatés de Cornicy, de Cauroy et de Loivre. Mais, en parculier autour de Reims, notre ligne avait été à peu près aintenue.

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La caractéristique de cette première journée avait nc été le fléchissement de notre centre tandis qu'aux ux extrémités les pivots de Soissons et de Reims rétaient. Mais il fallait faire face à la situation noulle. Les forces échelonnées sur la rive occidentale du nal de l'Aisne durent opérer une conversion à gauche rectifier leur alignement à la hauteur des unités avec selles voulaient conserver la liaison. Les Brimiques se replièrent sur le massif de Saint-Thierry ils continuèrent à combattre. De même, à l'autre aile, us étions contraints de nous rejeter vers Soissons. ailleurs, dès la matinée du 28 l'ennemi exerçait une te presssion latérale, destinée à dégager la pointe die qu'il avait poussée vers le sud. D'âpres luttes gageaient sur le plateau de Vregny. Cependant, au à de la Vesle elle-même, la poche se creusait encore. us n'étions pas en mesure de tenir tête à l'avalanche et ous fallait attendre nos réserves. En fin de journée 28, le front était ainsi jalonné: Leuilly, route de ubeuge approximativement jusqu'à la hauteur de ffies, abords est de Soissons, Orcamps, Acy, Lesges, st de Bruys, sud de Chéry-Chartreuve, sud-est d'Arle-Ponsart, sud-est de Grugny, Branscourt, ligne de min de fer jusqu'au massif de Saint-Thierry. Aucune modification sensible de ce front ne s'est prote le 29 entre Arcis-le-Ponsart et le nord-ouest de ims Français et Anglais réussirent, dans cette région à ousser tous les efforts. Mais sur les plateaux au sudde Soissons et autour de Soissons une bataille acharpermettait aux Allemands d'accroître leurs gains. us perdions Soissons. Le 29 au soir notre défense s'eftuait aux débouchés ouest de la ville et sur les pla

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teaux jalonnés, au sud-est, par Belleu, Ambrief, Chacrise. Dans le secteur sud, il nous fallait céder du terrain jusqu'à Fère-en-Tardenois.

Dès lors la lutte a changé d'axe. Sans doute elle s'est encore poursuivie avec âpreté dans la direction de la Marne notamment au delà de Ville-en-Tardenois et même jusqu'à Château-Thierry, dont il nous a fallu, le 2 juin, abandonner la moitié septentrionnale. Mais, d'une façon générale, les Allemands ont été contenus sur cette partie du front.Par contre,leur effort est devenu prépondérant dans une direction nord-est sud-ouest. Le 31 mai, le théâtre de l'offensive s'est élargi jusqu'à l'Oise. Nous avons été contraints de nous replier au nord de la ligne Blérancourt-Epagny. Le dessein de l'ennemi est apparu avec une pleine netteté : gagner la vallée de l'Oise et celle de l'Ourcq puis, par ces deux directions convergentes, en même temps qu'une aile marchante suivrait la vallée de la Marne, reprendre la marche sur Paris.

C'est pourquoi, dans la brèche ouverte, il accumule sans compter ses réserves. Il a pu atteindre une ligne générale tracée par les lisières est de la forêt de Carlepont, Tracy-le-Val, Tracy-le-Mont, Moulin-sous-Touvent, Fontenoy, les lisières est de la forêt de Villers-Cotterets, les hauteurs à l'ouest de Château-Thierry. C'est là que se décide le sort d'une gigantesque mêlée. Nos réserves, à nous aussi, affluent. Elles procèdent sinon à une contre-offensive stratégique que leur infériorité numérique leur interdit, du moins à des contre-attaques locales qui arrêtent l'avance, stabilisent le front, et, comme l'on dit aujourd'hui, le «< colmatent >>.

Une nouvelle ruée a commencé des deux côtés. Ce n'est plus, comme naguère, la course à la mer. C'est tout l'opposé. Du nord où nos forces étaient massées avec celles des Anglais, de la région d'Arras et d'Amiens, nos divisions descendent. Les divisions allemandes aussi. C'est la course vers Paris. C'est l'envers de l'Yser.

XXX

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L'Organisation de la France

L'ACTION DE PROBUS

Ce n'est pas sans fierté qu'à cette heure poignante de guerre, l'Opinion peut annoncer à ses fidèles abonnés lecteurs qu'à partir de ce jour elle consacrera une brique spéciale à l'« Action de Probus ». C'est dire, en dépit des difficultés soulevées par les hostilités, vitalité du journal, encouragée par la faveur croiste d'un public d'élite, continue à s'affirmer. Des récteurs sont tombés sur le champ de bataille, tous les ciens sont mobilisés, mais ceux-ci, des armées où ils nt dispersés, n'oublient pas l'Opinion où des collabotions nouvelles sont venues combler les vides et où blessés remplacent les morts.

Plus que jamais l'Opinion, organe de critique doctride et de discussion des idées, reste le groupe combattif energies jeunes et désintéressées. Fondée pour constiquelque chose de mieux qu'un parti politique, c'estdire un centre d'action où se réuniraient tous les mmes qui, instruits par l'histoire, savent que les démoaties périssent par ceux qui les flattent, elle peut mainmant affirmer que son passé répond de son avenir. Pas ne ligne de l'Opinion d'avant la guerre qui ne pourrait

étre récrite aujourd'hui. Ces inconnues de la guerre future avec quelle patriotique sollicitude nous en sommesnous préoccupés! Seuls les titres de nos grandes enquêtes de 1910 à 1914 répondent à cette question. Les Jeunes gens d'aujourd'hui, d'Agathon; Souillac, capitale de la France, par Maurice Colrat; La République des Camarades, de Robert de Jouvenel; Ce que pense la jeunesse allemande, d'André-François Poncet; les études sur l'Armée allemande de Jean de Meau; la propagande en faveur du Collège d'Athlètes, menée par Hébert, prouvent à quel point notre amour de la France, s'attachant moins à ce qui passe qu'à ce qui demeure, séparait notre journal des vendeurs de louanges et des donneurs d'encens.

Depuis le commencement de cette guerre que nos travaux sur la force menaçante de l'Allemagne et de l'Autriche et sur l'esprit militaire prussien avaient montrée fatale et que tous nos efforts tendaient à préparer, quel a été le souci de notre attention? La France de demain: la plus Grande France. Car s'il faut à notre pays la force morale il lui faut la force matérielle, car si les

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problèmes de dynamique politique sont captivants, ceux de l'économique doivent passer avant eux, ou mieux, s'y mêler étroitement. C'est pourquoi, après avoir publié L'Allemagne a-t-elle le secret de l'organisation? de Jean Labadie, Le Problème de l'Europe centrale, par Henri Lichtenberger et Paul Petit et la Bureaucratie dans l'Etat moderne, par Louis Grimbaud et Jean Labadié, l'Opinion a-t-elle donné une place d'honneur aux Lettres de Probus..

Mais à la discussion des idées doit succéder la réalisation, à la critique doit s'ajouter la réforme des institutions, et tous les efforts doivent être coordonnés. En effet l'ordre ne se trouve que dans la disposition des moyens et leur liaison avec la fin; c'est pourquoi il doit y avoir une dépendance de tous les moyens, afin que le corps du dessein soit ferme et que toutes les par

ties s'entretiennent.

C'est à l'application de cette belle et classique définition de l'organisation que Probus nous convie, et c'est pour que tous nos travaux soient convergents que nous les fondrons désormais en une seule rubrique tenue par Jean de Goitisolo et intitulée l'Action de Probus.

Aux articles généraux, à la chronique de l'« Association Nationale pour l'Organisation de la Démocratie »> (A. N. O. D.) qui est en bonne voie de formation, aux exposés des méthodes, s'ajouteront les résultats de nos grandes consultations.

Notre enquête sur l'Université Nouvelle si puissamment menée par les Compagnons, l'enquête de Marcel Provence sur le Régionalisme, dont la cause est prise en mains, on sait avec quel dévouement, par M. Clémentel, seront continuées en même temps que d'autres commenceront sur la diplomatie, la magistrature, l'armée, etc. Que nos amis, tous les jours plus nombreux, ne nous ménagent donc pas leur concours et qu'ils veuillent croire qu'aucune peine ne sera épargnée pour que notre journal, complet et attrayant, alliant l'expérience à la tradition, s'inspirant du bon sens et de la droite raison, aide la France à mettre ordre à ses affaires.

L'OPINION.

Les principes de notre action

La guerre continue à donner à la France de terribles leçons. Nous avons foi en la France, et nous gardons la confiance que la foi donne aux apôtres dans les épreuves. Combien cette confiance serait-elle plus calme, si nous savions que la méthode et le bon sens, propices à l'éclosion du génie, règlent dès aujourd'hui nos institutions politiques, industrielles et militaires. Peut-être contribuerons-nous à imposer le règne du bon sens et de la méthode, dans la conduite de la guerre même, et c'est notre vœu le plus cher. Si notre foi ne nous trompe point, si, comme nous ne voulons pas en douter, la complète victoire vient enfin récompenser nos efforts au terme de cette lutte de géants, nous n'en recueillerons les fruits qu'à la condition d'avoir préparé la paix au plus fort de la lutte même.

Notre démocratie n'a d'autre organisation, en matière économique, politique et sociale, qu'un ensemble disparate de règles que nous a léguées le passé et qui étaient faites pour des sociétés monarchiques où les industries modernes étaient inconnues. D'aucuns pensent qu'avec de telles charpentes vermoulues, on pourrait constituer l'ossature d'une grande nation contemporaine, au sortir d'une guerre telle que l'histoire n'en connaît point d'exemple. D'autres parlent de démolir l'édifice, sans se mettre en peine de le reconstruire. Laissons ces folies opposées battre la digue du bon sens français.

Nous voyons clairement le but. Nous savons qu'il faut une réforme d'ensemble pour que la France soit demain

une grande nation moderne, Nous savons que cette ré forme est possible, si nous lui donnons une formule lar ge et précisé et si nous savons diriger la volonté des Français vers sa réalisation.

Nous avons entrepris d'accomplir la grande œuvre sans vouloir nous dissimuler les obstacles, mais sans les considérer autrement que pour apprendre à les surmon ter l'un après l'autre.

Nous avons d'abord formulé le programme. C'est la refonte entière de notre régime administratif, par la liai son entre les grands services de l'Etat, par l'introduc tion dans les fonctions publiques d'hommes ayant Tex périence des affaires ou la connaissance des conditions du travail, par l'institution des régions françaises. C'es l'organisation des pouvoirs publics, avec une Constitu tion supérieure aux lois; des assemblées législative issues d'un large mode de scrutin, éclairées par des re présentants professionnels, et dont la tâche sera pré parée ou complétée par un comité restreint composé de quelques-uns de leurs membres, choisis par elles, et de quelques personnalités compétentes; un président de l République élu par les assemblées régionales, et dont ministres, indépendants des Chambres, assureront l'ex cution des lois ; une magistrature, complétée par l'ins titution d'une Cour suprême, et dont les membres seron indépendants des autres pouvoirs. C'est l'établissemen de l'orde 'social approprié au XXe siècle, impliquant renforcement des organismes syndicaux, l'institution conseils mixtes où siégeront, avec un magistrat ind pendant, des ouvriers et des chefs d'entreprise po fixer les règles communes applicables à l'industrie pour apaiser les conflits. C'est la création et la disc pline des initiatives, en vue d'assurer la réfection com plète de notre outillage national, la culture de not sol, la mise en valeur de nos colonies et l'établisseme des rapports économiques et moraux entre la France. le monde; un nouveau système d'éducation prépara au métier, à la vie, au respect de la liberté des conscie ces, au culte de la solidarité nationale; la supp sion, par des mesures législatives efficaces et dired du fléau de l'alcoolisme et la préparation, par le v plural, par la contribution du pays aux charges d familles nombreuses, par la refonte du régime succe soral et fiscal et par une forte organisation économiqu d'une natalité vigoureuse et d'une population saine.

Tout cela, nous devons le réaliser, en indiquant formules appropriécs et en réunissant assez de Fra çais pour imposer l'application de ces formules. Not programme (1) sera le cristal autour duquel viendro s'agréger d'autres cristaux dans les flots agités de pensée française. Comme il a seul une forme déterminé il est seul susceptible d'attirer d'autres éléments à l Et si, comme nous en sommes convaincus par les moignages qui nous parviennent chaque jour, ce pro gramme répond bien aux aspirations de la France qu veut vivre, les éléments susceptibles de se rassemble autour de lui acquerront vite une importance suff sante pour qu'il en vienne à exprimer la volonté com mune du pays.

Cette volonté, il faut qu'elle puisse agir, et c'est l'au tre partie de notre tâche. Nous demandons d'abord à un certain nombre de Français, désireux de faire un sa crifice pour le pays, le versement d'une cotisation im portante, pour constituer avec nous un noyau de fonda teurs. Nous attendons avec impatience le moment d nous adresser à tout le peuple de France, à son bon sen et à son amour du pays, en demandant à chacun l'en gagement de ne voter aux élections générales que pou les candidats acceptant notre programme minimum, ca

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(1) On peut le demander à Probus, aux bureaux du journal

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'est par ce moyen, légal et simple, que nous voulons ssurer la grande réforme de la démocratie française. Pour déterminer ce vaste effort de volonté collective ous comptons sur la collaboration spéciale d'un certain ombre de Français résolus qui se donneront de tout ur coeur et de tout leur esprit à cette entreprise. Décidés à réussir, à mener à bien cette entreprise pajotique, dont la réussite est conforme à l'intérêt de cha- parce qu'elle est conforme à l'intérêt de tous, mais ant plus particulièrement attaché l'oeuvre de leur vie Sason succès, et s'étant engagés spécialement à le pourSivre, ils créeront les liens entre les organisateurs de effort et le peuple français pour lequel et par lequel sera réalisé.

s Nous comptons bien trouver parmi les lecteurs de es Opinion quelques-uns de ces « Constructeurs »>, comme cheus comptons trouver encore parmi eux des «< fonda

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auxquels nous faisons d'abord appel et bientôt are phalange de membres actifs qui feront triompher restre volonté pour assurer la prospérité matérielle et larale de la France.

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PROBUS.

CE QU'ON DIT...

çà et là.

tiL'Officiel esl le plus mal lu des journaux; ses lecteurs font qu'y jeter un coup d'oeil superficiel et rejettent cult feuilles sans y avoir rien recueilli. Cela tient à ce que t lei << rédaction» est faite par des fonctionnaires dans tres ministères. Le secrétaire du journal se borne à insérer atites ces notes à la suite l'une de l'autre, sans même estéyer d'y mettre un peu de variété. Les caractères typoe;aphiques sont toujours les mêmes et donnent une imssion de gris uniforme. Voyez le communiqué à l'Ofiel et dans un quotidien d'information. On dirait x textes différents. Le compte rendu des séances de cadémie des sciences, qui est lu partout, disparaît à fficiel sans laisser de trace.

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Le secrétaire général de l'Officiel a pu constater, une ens de plus, ces jours-ci, cet état d'esprit de son public. avait inséré un avis annonçant un changement du prix fous abonnements, généralement de pareilles notes sont duque marquées; ici, au contraire, la plupart des abonnés qui Hots renouvelé leur contrat le 1er mai ont envoyé des manforts correspondant à l'ancien tarif. La hausse était pourseat sensible; les trois mois montaient de cinq à douze mcs. Les abonnés ne l'avaient pas remarqué. Il est que, fidèle à son principe, le secrétaire général avait Séré cet avis sous forme d'un décret, précédé d'un simsous-titre: « MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR ».

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Il n'y avait manifestement pas de quoi exciter la cusité des foules.

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Ce malentendu a obligé le directeur de l'Officiel à Scuter un véritable cas de conscience : étant donné un

cteur qui envoie cinq francs pour un abonnement qui vaut douze, faut-il garder cette somme comme acompte la refuser? Heureusement, les règles administratives constantes, le cas s'était déjà présenté au Bulletin icipal et quand un fonctionnaire a un « précédent >> st inutile qu'il se fatigue la cervelle à chercher une leure solution. L'Officiel a donc décidé de retourles mandats qui tiraient trop court, en priant l'expéur de lui adresser le « montant exact de sa sous

Quelle que soit la valeur du procédé, l'Officiel n'en a pas perdu un lecteur, au contraire. Le nombre des abonnés continue de croître. La guerre, en effet, a augmenté le nombre des gens qui désirent avoir le texte exact d'un décret ou d'une circulaire. Il faut ajouter les soldats cités à l'ordre du jour de l'armée ou les officiers promus ou nommés à un grade supérieur. Ce ne sera pas. un des effets les moins curieux de la guerre, ce retour de faveur aux décrets et lois de l'Etat.

On peut cependant toujours poser la question: combien y a-t-il de journaux d'Etat? La réponse est difficile. Le chiffre varie selon ce que l'on compte ou non. Le Bulletin des usines de guerre, fondé par M. Albert Thomas pour renseigner les industriels qui travaillent pour l'armée est plutôt officieux. Il offre la caractéristique d'avoir des abonnés payants et d'accepter la publicité. Le ministre des munitions a voulu en faire une affaire «< commerciale ». Il a ainsi évité l'écueil sur lequel sombra le Bulletin des armées. Quand on a parlé de le supprimer par économie, il a répondu fièrement: « Je ne coûte rien à l'Etat ». Et ainsi il a échappé à la griffe du Tigre.

Le Bulletin des lois ne pourrait pas en dire autant, mais il est respectable par une tradition révolutionnaire. Les lois doivent y être insérées « dans leur texte exact »>, pour être ensuite « commentées par les vieillards sur la place publique ». Reste-t-il encore une commune qui ait gardé cette tradition? C'est douteux, mais le Bulletin des lois n'en continue pas moins à vivre comme souvenir des temps où le gouvernement rêvait de diriger l'opinion publique.

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Au lieu de protéger les soubassements de leurs chefsd'œuvre par ces capricieux sacs de sable qui, tantôt à cause de l'humidité, tantôt à cause de la sécheresse, paraît-il, s'effondrent si lamentablement, non sans entraîner parfois dans leur chute les sculptures qu'ils devaient protéger, les Anglais ont songé à préserver leurs monuments des bombardements aériens par le côté ciel. Un réseau métallique bien aménagé suffit à dérouter la plus puissante torpille. Dès que la pointe de celle-ci le rencontre, elle bascule et dès lors n'explose plus. Malheureusement la dépense de ces sur-toits est très élevée. Pour le seul British Museum à Londres, elle est montée à 250.000 francs.

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Les Madrilènes ont vu s'installer chez eux ces tempsci une épidémie qui se propage avec une telle rapidité que tous les services publics en sont dérangés et qu'on

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trouve à peine assez de médecins pour soigner les malades. Elle consiste en une sorte de grippe accompagnée de fièvre et de courbatures, qui rappelle beaucoup, semblet-il, notre influenza de 1889. Mais elle fit son apparition en même temps qu'arrivaient à Madrid les milliers d'exemplaires, répandus à profusion d'une chanson intitulée La chanson du soldat de Naples. Alors, on appelle cette fameuse grippe la Maladie du soldat de Naples.

Quel rapport exact y a-t-il entre ces deux choses? C'est ce qu'on établira peut-être quelque jour? Pour l'instant, et comme il faut toujours une explication prompte et facile à tous les phénomènes, les journalistes espagnols, qui ne manquent pas d'imagination, attribuent cette maladie soudaine aux gaz exphyxiants du front!

Le miroir du monde. La Suisse

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qu'on avait baptisée autrefois la plaque tournante de l'Europe - est devenue,aujourd'hui un miroir assez fidèle du spectacle mondial. Toutes les faces de la guerre s'y réfléchissent à tour de rôle. Appelée à voir de très près tant de victimes de la guerre, la Suisse n'a pu rester désintéressée. Miroir des souffrances qui l'entourent, elle réfléchit aussi les à-côtés pittoresques ou navrants. Elle a eu enfin ses crises intérieures l'affaire des colonels, la démission du conseiller Hoffmann, Et tant de gens s'y rencontrent !

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Ce pays neutre est devenu une place de combat. Toutes les nations, représentées en Suisse par leurs diplomates, leurs agents commerciaux, leurs espions, s'y livrent une lutte qui reproduit en miniature celle des champs de bataille. La politique y tend ses pièges, des essais de paix séparée s'y trament et y avortent ; dans ses palaces et ses villas, toutes les intrigues diplomatiques se nouent et se dénouent. On voit en Suisse, ou l'on a vu, certaines des figures marquantes de l'époque. On y acclama les généraux Léman et Pau, le commandant Raynal, l'aviateur Gilbert; on y accueille, avec plus ou moins de bonne grâce, des rois déchus et des ministres en exil. Constantin et Bulow, le khédive et Saddik pacha sont des figures familières et l'on se souvient encore du kaiser et d'Hindenburg caracolant, en 1913, dans les plaines zurichoises; de Lénine et de Kerensky hantant les brasseries de Genève.

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Sa vie économique enfin a subi le contre-coup direct de la guerre et s'est modelée sur celle de ses voisins. Les crises, les hausses, les cartes, les disettes la Suisse a tout connu. Elle a consulté les graphiques de la guerre sous-marine avec une angoisse, puis un soulagement, semblables à ceux des alliés. La question du charbon où faillit sombrer la neutralité helvétique, n'est pas instructive seulement : elle atteint au symbole. atteint au symbole. L'Allemagne, soucieuse d'assurer sa domination, exerça le plus odieux chantage. La France et ses alliés accomplirent le geste qui libère et permet au petit peuple de résister à la brutalité germanique. Le sens profond de la lutte apparaît dans ce fait avec une admirable clarté. Ainsi, par sa situation géographique, sa politique de neutralité cahotante, l'interférence de ses mentalités, germanique et latine, la Suisse hôtesse de tant de héros et refuge de tant d'indésirables, apparaît aujourd'hui comme un véritable microcosme. Toutes les passions s'y agitent, toutes les idées s'y croisent, et ce miroir du monde actuel est peut-être aussi celui du monde à venir: la Suisse n'est-elle pas, toutes proportions gardées, le type même de cette Société des Nations pour laquelle

les alliés combattent?

Légende d'Orient histoire d'Occident.

fit aimer

En l'an... de l'ère nouvelle, au pays des oliviers et soleil, pendant que les barbares s'acharnaient à conq rir le monde, un homme survint qui se peuple. Les politiciens néfastes furent bannis, leurs d ciples mis dans l'impossibilité de nuire.. Et, sitôt c cet homme eut la nouvelle que la grande majorité peuple lui confirmait ses pouvoirs, il fit même rendre liberté à ses ennemis.

Ceux-ci n'en usèrent que pour travailler à miner l'a torité de celui qu'ils appelaient « l'usurpateur ». Mais lieu de s'inquiéter de cette hostilité, l'éiu de ce pe peuple se complut à gagner le coeur des derniers réfra taires, ne laissant échapper aucune occasion de le fai

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Quelques jours plus tard, une délégation d'ouve demandait à lui présenter les doléances de la corpo tion. Il les reçut, écouta patiemment leur orateur se plaignait du chômage dans la construction.

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Vous avez parfaitement raison, leur dit-il. Je pa tage votre avis; mais, réfléchissez et vous reconnait que je ne puis rien pour vous. En toute sincérité, co ment obliger les riches à faire construire des pala s'ils n'y sont pas décidés?

Alors, nous manifesterons notre mécontentemen en provoquant des troubles et en forcant les autre corps de métier à cesser également le travail.

Très juste. Mais sur ce sujet. ne prenez point mo avis. Demandez plutôt celui de la police, de la gar et des vieilles femmes qui soignent les mauvais coup

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tation. Les autres ne manquèrent point de se plaindre, Je ne les blâme pas, car cela m'a permis de visiter les des procédés dont on avait usé à leur égard. Alors il Duvrit lui-même la porte et les poussant doucement Hehors, leur dit :

Allez. Vous êtes libres. Je ne veux plus de poliique et moins encore de prisonniers à cause d'elle. Et les hommes sortirent, étourdis de tant de généroté, au milieu des rires et des larmes de leurs parents t de leurs amis, parmi les acclamations de la foule merveillée.

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Ceci se passait en l'an 1918, aux confins de la péninule Ibérique, sous le gouvernement du président Paës.

Ce qu'on lit...

Le statut de la terre et le Parlement, par M. BOUIL-
DUX-LAFFONT.

La propriété rurale en France souffre d'une crise qui l'hat la conséquence d'un émiettement en parcelles de ses us en plus petites, qui rend impossibles une bonne agilisation des terres cultivables et la généralisation entr ela culture mécanique, unique remède à l'accroisseent des frais généraux. C'est cette importante question remembrement » que connaissent déjà, dans ses andes lignes, les lecteurs de l'Opinion (1), que M. ui la builloux-Laffont étudie avec une grande compétence. oints tient compte des difficultés pratiques et juridiques, pour covenant soit des traditions et des sentiments particuristes des paysans, soit des créances grevant les parec celles.

Des projets de loi ont été déposés. M. Bouilloux-Lafant cont les expose et cherche la solution de ce problème ont-dépend certainement, en grande partie, l'avenir de otre richesse agricole..

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NOTES ET FIGURES

Les Scribes accroupis.

La voiture à bras de la Cour des comptes. La Cour des comptes est la plus grosse usine à papesses de France. En effet, l'Etat, qui a toujours peur ans être volé, exige de tous les fonctionnaires qu'ils fasnt vérifier leurs factures.

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sous-sols du Palais-Royal où l'on garde ensemble la comptabilité de Paris et celle du Tonkin.

J'ignore pourquoi l'on a eu cette idée originale de réunir la comptabilité de Paris et celle du Tonkin dans une même galerie. Ce doit être tout simplement un effet du hasard, car on rentre les liasses de papiers en les jetant par un soupirail. En bas, un homme les ramasse à la pelle et les rejette dans des casiers. Pendant le court stage que j'ai fait à la Cour,j'ai commencé par remettre les papiers en liasses, mais je ne restai pas longtemps à ce service. J'avais une tendance invincible à porter les papiers à la lumière pour les mettre ordre. Les autres qui négligeaient ce détail allaient beaucoup plus vite. J'étais toujours en retard.

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On peut penser dans quel état sont des paperasses ainsi« rangées » par des aveugles dans l'obscurité. Pour comble, au moment des inondations, la Seine a rempli les caves du Palais-Royal, puis quelques mois plus tard, s'est déclaré un incendie. Pauvres scribes, qui aviez fait de si belle ronde, si vous voyiez en quel état sont vos papiers!

Pendant que je me fais cette réflexion, s'ouvre audessus de ma tête un soupirail par où l'on jette une avalanche de papiers. C'est toute la comptabilité des collèges municipaux que je reçois sur le crâne.

Je me retire dans un coin tranquille et je m'assieds sur quelques liasses de « contentieux ». Avec une lampe. électrique de poche, j'en parcours quelques pièces. Elles racontent toutes la même histoire : un comptable a manqué au respect des formes substantielles. Avec rien deux scribes accroupis chacun à un bout de la France. peuvent s'occuper l'un l'autre pendant des années. Ainsi un économe a acheté en 1913 six kilos de gruyère qu'il a payés 13 fr. 50. Le vérificateur lui retourne tout le dossier avec une note « l'économe doit toujours indiquer le prix de l'unité ». Evidemment il ne suffit pas de savoir que les six kilos ont coûté treize francs cinquante, il faudrait encore connaître le prix du kilo. Mais l'économe répond qu'il n'a pas gardé la facture. La correspondance ainsi engagée, dure cinq ans, et se termine par un blâme sévère.

Pendant que je m'absorbais dans ces recherches, on m'appela. Il fallait rentrer trente voitures pleines de vieilles obligations de la Ville de Paris que nous devions porter rue Cambon. Là, en effet, on vérifie une fois l'an, tous les titres remboursés; on les frappe d'un cachet, puis on les remet dans une autre cave. Je fis ce travail une matinée. J'estime que je dus transporter ainsi un demi-million par voiture. A la dixième j'arrivai à cinq millions quand mon chef me donna congé en me disant Allez déjeuner, vous avez bien gagné vos trois francs cinquante,

PAUL BIRAULT.

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Le curateur au ventre.

La guerre qui nous a appris tant de choses nous aura révélé, entre autres, un type nouveau que vous pourrez rencontrer à la ville, dans les salons, dans les cafés ou dans les rédactions, car il circule un peu partout, et dont le nom peut même s'imprimer tout vif, chaque matin, dans les gazettes: c'est le type du curateur au ventre. Non pas celui qui fut désigné ainsi par le code avec des attributions bien spéciales, mais celui qui s'est instauré lui-même gardien, défenseur, parrain et pourvoyeur tout à la fois de notre estomac.

Le curateur au ventre a souci de notre santé, de nos aliments, de notre cuisine, de notre digestion et des épluchures de notre table. Il surveille à la fois le fourneau et le gâte-sauce, il jette un œil sur le marché, consulte le cours des Halles et prend consultation

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