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eubles de l'appartement. Aucune haine; il semblait u'ils ne les considérassent point comme des prisonniers le droit commun, mais comme des détenus pour raions publiques. Ils disaient « ces salauds-là » en parlant eux, mais sans aucune animosité et comme la constation d'un fait évident.

Comment détester ces gens-là qui ne donnent pas de ise à la haine tant ils réagissent peu devant un afont? Ils regardent l'obéissance comme la première. es vertus et ils la poussent jusqu'à la servilité. Nous contraire et c'est ce qui creuse l'abîme entre le dat français et le Boche, à mesure qu'ils se connaisat mieux nous détestons l'obéissance passive, l'oissance à l'état pur. L'Allemand est une race qui, me le dit Wells, aime à obéir ». La lutte actuelle, as ur le poilu, se déroule entre ceux-qui-aiment-obéir et x-qui-n'aiment-pas-obéir. Lutte acharnée, car les Alhands, de leur côté, sont stupéfiés et indignés par re dédain pour l'obéissance et la patience, ces vertus mordiales qui se reflètent jusque dans leur gramire, puisqu'ils ont la résignation, quand ils conversent re eux, d'attendre que le verbe, tout là-bas, au bout

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lida la longue phrase hiérarchisée, les renseigne sur la детте sée de leur interlocuteur. Un rapatrié d'Allemagne S101 racontait que les Boches étaient littéralement ahuris constater qu'il leur était très difficile de rassembler corvée de prisonniers français. Les premiers rassemtà qui l'on disait d'attendre les autres, « se débient» généralement dès que le gradé avait le dos mé. Des Allemands, dès l'ordre donné, fussent ressur place et n'auraient même pas songé qu'il leur possible de s'esquiver. De même les Allemands comnaient mal qu'à l'heure de la fouille, fixée d'avance, Français eussent toujours les poches vides, mais ils trouvassent cependant le moyen de dérober touars quelques-unes des pommes de terre qu'on les charit d'éplucher.

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Soyez sûrs qu'aux Allemands bien plus qu'à nous tre victoire de la Marne est apparue comme un mile, miracle que, d'ailleurs, ils ont peu goûté. Forts de t discipline, les Boches espéraient nous vaincre et, quement leur triomphe était certain. Mais nous qns mis en fuite tous leurs calculs par notre froide rétion de consentir, nous aussi, pour la durée de la me, à être ceux-qui-obéissent, afin de remporter, par obéissance transitoire, la victoire de l'indépendance l'esprit de discipline. Mais ce dont nous en voulons plus aux Boches, c'est de cette patience toute frémiste d'impatience qu'ils nous ont obligés à nous im

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lster. A franchement parler, je ne crois pas que notre catère national se modifie beaucoup, au cours de cette me, Car ce que le poilu défend avec vaillance, c'est te la personnalité complexe de la France, avec ses lités, mais aussi avec ses défauts. Et ce sont sans ate les charmants défauts de la France qui nous sont plus chers, ces charmants défauts pour lesquels la nance est peut-être plus aimée encore de par le monde ble pour ses qualités dont ils sont la séduisante rançon. ertes, tous nos poilus reconnaissent que l'organisation Temande obtient de l'homme de l'Allemand tout au ins un rendement bien meilleur ; ils savent que, smme conséquence de cette organisation, chaque soldat emand est parti en guerre avec, sur lui, 750 grammes Ce métal français qu'est l'aluminium, tandis que

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gneusement quand un civil resté 1914 veut leur persuader que «les Boches manquent de tout ». Mais, quand on leur demande si, pour récolter les fruits d'une pareille organisation, ils consentiraient à renoncer à l'imprévu de la vie, à devenir des rouages impersonnels dans l'immense engrenage d'un Etat sans conscience et sans beauté, alors ils refusent les richesses qu'on leur offre plutôt que de les payer d'un tribut de servitude. C'est que, chez la démocratie est comme parfumée d'élégance; notre idéal poulaire est comme saupoudré d'aristocratisme. Nous ne voulons pas, chez nous, d'aristocratie, parce que, plus ou moins, nous nous sentons tous aristocrates. Lorsque le duc de Rohan, à Verdun, disait aux laboureurs qui l'entouraient en leur montrant la masse allemande où s'agitaient peut-être quelques hobereaux : « Messeigneurs, aux créneaux et tirez sur cette valetaille », c'était un beau cri de la noblesse de parchemins abdiquant devant une noblesse qui la dépassait, puisque c'était une noblesse uniquement d'âme et que c'était la noblesse de tout un peuple la noblesse des poilus de France.

CHARLES CHASSÉ.

CE QU'ON DIT...

çà et là.

Chacune de nos petites villes a sa physionomie propre l'une est industrielle et l'autre commerçante. Mais toutes ont un trait commun, c'est le calme dans lequel y végètent les hypothèques. Derrière le collège commence une rue dont le pavé est à demi enseveli dans l'herbe. Peu à peu cette rue devient un chemin, puis un sentier où ne passe personne. Enfin ce sentier se termine à une porte basse, close par des barres de fer et des rangées d'orties. C'est là qu'habite le conservateur des hypothèques. En voyant l'entrée de son bureau, vous sentez que vous êtes arrivé définitivement à l'endroit où vous n'avez pas l'intention d'aller, mais où vous termineriez volontiers votre vie.

X

Vous vous imaginez déjà l'hypothèque comme une herbe vivace qui doit se conserver facilement dans n'importe quel terrain. Erreur, l'hypothèque est fragile et demande les soins constants d'un spécialiste. Dès la seconde année parfois, il faut la remettre sur un nouveau lit de papier timbré, enlever quelques feuilles moisies, puis la repiquer dans l'ombre humide d'un prétoire. Car elle a ceci de particulier qu'elle ne peut vivre hors d'un abri judiciaire. Au début de la guerre, on avait essayé de transplanter un bureau d'hypothèques comme on aurait fait pour une caisse d'épargne en le changeant tout simplement de local. C'était une erreur. Un jour un employé du bureau de Verdun, bourrelé de remords, vint se jeter aux genoux du président de la République pour lui demander de sauver ses hypothèques. M. Poincaré sourit et lui promit de s'en occuper. En étudiant l'affaire, il la trouva trop claire hélas ! Les hypothèques étaient si abimées qu'il fallait une loi pour leur rendre leurs couleurs.

Le président n'a peut-être pas toutes les lois qu'il voudrait, mais il en peut toujours demander aux Chambres par l'intermédiaire d'un ministre. Celle-ci n'était qu'une modification de la loi du 21 ventôse, an VII, qui est ainsi conçue :

le pays pourtant de la bauxite et de l'alumine, chargions nos hommes de tout un matériel désuet; avent que, tout en disposant de bien plus faibles urces, leurs services de téléphonie, de T.S.F., de sont autrement outillés que les nôtres. Nos poilus « Il y aura un bureau de la conservation des hypoat tout cela; et c'est pourquoi ils sourient dédai-thèques par chaque arrondissement de tribunal de police

correctionnelle; il sera placé dans la commune où siège le tribunal.

« Si, dans le même arrondissement, le tribunal civil et le tribunal de police correctionnelle siègent dans deux communes différentes, le bureau sera placé dans la commune où siègera le tribunal civil ».

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M. Ribot se chargea de rédiger un nouveau texte : Lorsque les événements de guerre ne permettent plus d'assurer le service régulier d'un bureau de conser vation des hypothèques dans la commune où siège le tribunal civil de l'arrondissement,un décret peut, par dérogation à l'article 2 de la loi du 21 ventôse an VII, transférer temporairement le siège de ce bureau au chef-lieu d'un autre arrondissement judiciaire, dépendant ou non. du même département.

« Le rétablissement du bureau dans la commune où siège le tribunal sera prononcé par un nouveau décret. >> L'affaire va donc se terminer prochainement au mieux des intérêts de chacun. Et après la guerre, quand les plaideurs reviendront devant le tribunal de Verdun, ils retrouveront leurs hypothèques intactes et prêtes à refleurir.

Un de nos confrères a l'habitude de présenter toutes les informations que donne le ministère comme des nouvelles recueillies par lui personnellement. Lundi il annonçait la fin des restrictions. « C'est fini, m'a dit M. Antoine Boret, nous rentrons 'maintenant dans une période de vie normale ! » Le lendemain on apprend que l'on va instituer la carte du tabac. « Ce n'est pas, dit l'informateur, une restriction, mais seulement un moyen de permettre aux fumeurs de prendre part aux distributions ». Si le lecteur n'admire pas cette souplesse de plume, c'est qu'il est blasé.

La Ville de Paris manque de rosières, paraît-il. Le VII arrondissement va en emprunter une à ses voisins. Il s'agit, en effet, d'attribuer une dot de 167 francs à une jeune fille âgée de 18 à 23 ans. Le sort décidera parmi les candidates la mieux qualifiée pour porter ce titre de rosière officielle du Palais-Bourbon. La jeune fille devra se marier d'ici à deux ans, si elle ne veut pas perdre ses droits. Dès le te de son mariage elle aura définitivement acquis son titre de rosière avec la dot qui y est afférente.

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de l'unionisme; mais quelle consolation pour les Ecos sais d'Ulster de penser qu'ils sont unionistes au poin d'être devenus des émigrés anglais et quelle joie d'ap prendre qu'il n'existe pas d'autre parti que le leur da cet Ulster où la vulgaire statistique montre qu'ils on la majorité dans tout juste 16 circonscriptions sur 33 Et quelle joie encore, et cette fois pour tout l'empir britannique, d'avoir su dès le 10 avril, grâce à not confrère parisien que «< la conscription ne rencontrera pe d'opposition sérieuse » en Irlande.

Un mois plus tard, le même quotidien, continuant s'informer aux sources les meilleures, rapportait « déclarations », d'un « officier supérieur irlandais l'armée britannique >> : Vingt mille Irlandais se so engagés, et « l'Irlande pourraît enrôler immédiateme trois cent mille hommes ». Voilà qui est autrement se sationnel que les chiffres officiels citant cent cinquan mille volontaires et autant de combattants possibles

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Maintenant, faisons connaissance avec les homm politiques tels que nous les révèlent notre presse.

Si M. Asquith devient souvent lord Asquith, Horace Plunkett n'est plus parfois que M. Plunke Mais il lui arrive un plus triste avatar: c'est de confondu, protestant, ancien unioniste, ancien chef département d'agriculture et président de la Con tion, avec le comte du pape noble Punkett, archéolog inoffensif devenu, sans lui-même savoir très bien p quoi, chef sinn feiner. De sorte que, arrondissant des péfaction l'oeil sans regard du sou percé qui lui s d'enseigne, un journal du matin s'est étonné(on s'ét nerait à moins) que sir Horace qui « n'est pas un ag teur d'origine suspecte» se soit compromis dans l'a faire de la Pentecôte; et cherchant à expliquer pare anomalie, il croit subtilement pouvoir l'attribuer « dépit de voir mis à néant un effort de près d'un pour la pacification de l'Irlande ».

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fois elle ait employé pour s'éclairer la méthode de D C'est encore à la presse parisienne, malgré que o gène, que revient l'honneur d'avoir découvert M. Devlin « le chef du Sinn Fein qui fit déjà co tant de sang ». Mais avec M. Dillon, la palme nous ravie par un confrère américain de Paris qui, pren le docteur Thomas Dillon pour M. John Dillon, nonce l'arrestation du leader nationaliste; et un jo

Extrait d'une lettre d'un professeur des pays envahis, nal italien consacre une colonne à épiloguer sur prisonnier en Allemagne :

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<< Notre « ordinaire >> censuré une tranche de pain, une gameile de soupe au blé décortiqué; notre gîte : une écurie ou grange, on ne sait, de 45 mètres de long sur 9 de large, à peine éclairée par quelques lucarnes, la partie centrale est dans une obscurité complète. Ce sont les bas-fonds de l'enfer... On y dort, on y mange, on y chante, on y meurt... >>

Chez nos Alliés.

L'Irlande étant d'actualité, on nous révèle presque quotidiennement à ce sujet mille choses dont nous ne nous serions jamais doutés !

Dès le 10 avril. un illustré avait pu « s'entretenir avec un homme politique irlandais » qui, « l'âme ouverte st sans parti-pris » lui confiait ces renseingnements précieux et combien inédits : « Dans l'Ulster peuplé d'émigrés anglais, il n'existe qu'un parti politique unique l'Unioniste ». Malheureusement, « parmi les unionistes, et voici le côté le plus délicat de la question, il y a les sinn feiners ». Nous convenons qu'il est « délicat » de représenter le sinn fein comme une fraction

transformations de l'esprit politique anglais réve par cette manière de procéder à l'égard d'un leader lementaire.

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éminent écrivain a dû penser aux Peaux Rouges fan- | Armée et Marine isistes que la première page de trop d'histoires de ance présente aux petits marmousets comme nos antres celtes. D'ailleurs, il n'hésite point à passer de la guistique à l'histoire et à nous apprendre encore que sinn feiners sont les «< successeurs des feiners (?) temporains de Gladstone ».

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Après tout cela, il semble véniel d'appeler Mme Marwicz «< la comtesse »; on n'est pas obligé en somme savoir que son ex-époux disait doucement en 1916: Comment peut-elle être comtesse, quand moi je n'ai ais été comte ?» Mais ici nous sommes dans le done des gràces et des snobs. Les souvenirs attendris er temps qui ne sont plus sur les Celtes de théâtre n'ont rien de commun avec la pode music-halls que irlandaise. Et nos amis d'Irlande sont trop bons tiens pour ne pas adapter ainsi en lisant certaine sse continentale, la parole de l'Evangile: « Mon Dieu, cdonnez-leur: ils ignorent ce dont ils discourent. >>

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La situation militaire

30 mai.

serait puéril de tenter de diminuer l'importance l'effet de surprise réalisé par les Allemands lors de taque qu'ils ont déclenchée, il y a trois jours, entre On: ssons et Reims. Ne cherchant plus, à atteindre telle est t telle ville, ils se sont élancés à l'assaut de la partie front d'où était partie notre attaque d'avril 1917. adant vingt-quatre heures, on a pu croire à une dision tendant à déplacer nos réserves; mais le comniqué du 28 annonçant que l'ennemi avait enlevé le emin des Dames et franchi l'Aisne mit fin à cette osition.

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ingt-cinq divisions fraîches essayaient d'enfoncer ale front et progressaient rapidement, suivies, disait édio de Nauen, de leur artillerie. Cette deuxième mée fut vraiment critique tant était disproportionné ombre d'unités que nous avions, en nous retirant en ordre et en combattant pied à pied, à opposer à Esaillant. Mais on put néanmoins considérer comme indice favorable à nos armes que la poussée alleade, au lieu de continuer à s'exercer en profondeur, endait sur les deux ailes, en direction de Soissons de Reims.

Actuellement, le front est approximativement jané comme suit lisière ouest de Soissons, sud de la se, Hartenes, Beugneux, Trugny, forêts de Fère et Ris, Vezilly, Vrigny, abords de Reims. On peut ea ac constater que quels qu'aient été les progrès des elemands ils ne se sont pas rapprochés de Paris pasque Château-Thierry, qu'ils menacent, en est plus eigné que Lassigny. Il convient aussi de souligner ele nombre de prisonniers qu'ils disent avoir capturés Fetteint même pas la moitié de ceux qu'ils avaient déjà de its le 24 mars. Enfin il semble qu'au soir de ce troi

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me jour nos masses de réserve soient prêtes à invenir et que s'il n'en n'a pas été ainsi dans les vingtatre heures, c'est que notre commandement, ne juant pas l'instant propice, ne l'aura pas voulu. C'est ur le moment tout ce qu'on peut dire d'une bataille , sans doute, ne fait que commencer, en attendant 'on en puisse dégager de précieux enseignements Dur l'avenir.

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J. DE C.

Pátrouilleurs américains

Dans le manifeste publié pour l'anniversaire de l'entrée des Etats-Unis dans la lutte, le gouvernement américain rappelait que,moins de trois semaines après sa déclaration de guerre à l'Allemagne, des unités navales ayant traversé l'Océan s'étaient déjà jointes aux forces qui opéraient sur les côtes de France et d'Angleterre." C'est sur mer en effet que l'intervention américaine devait logiquement se faire sentir d'abord.

C'étaient des cuirassés et de grands croiseurs que les Etats-Unis avaient envoyés pour nous rendre visite en temps de paix; ce sont des torpilleurs qu'ils expédièrent d'abord pour renforcer nos escadrilles de patrouille. Leur programme de constructions, très méthodiquement étudié, comportait une proportion fixée d'avance entre le nombre des cuirassés et celui des navires de moindre tonnage torpilleurs, sous-marins, bâtiments auxiliaires de toutes sortes; ainsi, le nombre des torpilleurs aurait dû être quadruple de celui des cuirassés. Mais, désirant disposer le plus tôt possible des grosses unités dont la construction est plus lente, ils avaient porté leur principal effort de ce côté, et réservé pour plus tard la mise en chantiers de nombreux torpilleurs. Depuis un an, les choses ont bien changé et la proportion des navires de flottille aux dreadnoughts sera bientôt, si elle ne l'est déjà, plus grande qu'il n'était primitivement prévu. Au début de 1917, au contraire, le chiffre des projets n'était pas atteint. Ne nous étonnons pas de cette politique : les Etats-Unis s'attendaient à combattre près de chez eux et non en Europe, et ne pouvaient se douter de la forme que prendrait la guerre maritime; la manière dont ils exécutaient leur programme était logique parce qu'elle correspondait aux conditions de guerre les plus probables pour eux.

Ce n'est donc pas un renfort très important qu'ils nous ont apporté dès le début, mais il n'a fait que s'accroître depuis, comme leur contribution en navires de commerce et leur coopération militaire. Les sousmarins allemands ont pu s'en assurer par des rencontres dont il n'est pas permis de parler, mais sur lesquelles l'amirauté de Berlin est fort bien renseignée. Et ce ne sont pas seulement des torpilleurs que les EtatsUnis utilisent dans les mers européennes. A notre exemple, ils ont rapidement transformé et mis en ligne de nombreux petits navires de toutes sortes-yachts, chalutiers, bateaux à passagers --- construits pour des usages pacifiques et qui chaque jour se montrent de précieux auxiliaires pour la marine militaire. Tout ce qui flotte actuellement doit être employé pour la guerre, soit à des transports, soit à la protection des transports. Les Américains sont venus au moment où l'application de ce principe se montrait indispensable, et ils ont procédé immédiatement à la mobilisation de tout leur matériel naval, sans préjudice, bien entendu, des mises en chantiers de navires nouveaux dont certains

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de leurs navires, mais surtout pour leur utilisation. Trois ans de lutte contre les sous-marins avaient permis aux Anglo-Français de mettre au point les méthodes de protection et d'attaque les plus efficaces, et la connaissance des essais infructueusement tentés donne aux nouveaux venus, dès leur début, une expérience que nous avons achetée fort cher. Les Américains l'ont parfaitement compris. Mais tout en profitant de cette expérience, ils auraient pu tenir à garder leurs forces groupées dans un secteur particulier, opérer simplement en liaison avec nous. Ils ont voulu au contraire assurer à l'ensemble une cohésion plus parfaite, et, pour leurs navires comme pour leurs régiments, ils se sont mis entièrement sous les ordes des chefs anglais et français. L'unité de commandement sur le front de l'Atlantique, a été réalisé du premier coup.

Mais, incorporés dans nos formations, leurs navires conservent leur individualité. Rien ne provoque plus d'émulation que ce contact de tous les jours dans l'accomplissement d'une même tâche. Et l'émulation est précieuse, pour l'endurance et l'entrain du personnel à tous les degrés de la hiérarchie, comme pour l'ingéniosité à déployer dans la recherche incessante du mieux. Endurance, ingéniosité, ces sont des qualités de sportsman; et c'est un sport en effet que la chasse au sous-marin, un sport difficile et passionnant comme celui des « as» de l'aviation. Les Américains y excelle-` ront bien vite, et nous comptons sur leur esprit inventif et pratique pour trouver des procédés nouveaux, sur leur ardeur pour les appliquer. L'apprentissage, en cette matière, est moins long que dans la guerre sur terre. Un bon marin devient en quelques jours un excellent commandant de patrouilleur nous l'avons bien vu dans notre utilisation des officiers de la marine marchande, qui, presque sans préparation militaire, se sont montrés immédiatement à la hauteur de leur tâche. Je pourrais citer tel propriétaire de yacht américain, industriel de son métier et navigateur par goût à l'occasion, qui ayant pris le commandement de son navire mobilisé, l'a conduit brillamment en plusieurs circonstances difficiles. Aux Etats-Unis, explique-t-il, son affaire marche toute seule ; mais il en a entrepris une autre en Europe, plus intéressante de beaucoup; nul doute qu'il ne la mène à bien.

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Plus neufs et en général plus grands que les nôtres, ces patrouilleurs américains ont fort belle mine. Ils sont admirablement tenus, avec cette coquetterie qui a toujours été de règle dans les marines militaires, mais dont il faut avouer que nos chalutiers de pêche manquent un peu, même quand l'addition d'un canon et d'un poste de T. S. F. les a transformés en bâtiments de guerre. Disons, pour excuser les nôtres, que les arsenaux sont maintenant d'une parcimonie extrême dans leurs distributions de peinture; que des navires dont l'entretien a été négligé pendant des années ne peuvent redevenir brillants, quelque soin qu'on en prenne; enfin, qu'avec des coques sales on peut faire bonne figure devant l'ennemi: nos marins le prouvent tous les jours. Quand on voit quels bateaux sont employés, en Angleterre et en France, à certains services de patrouille ou d'escorte, on ne peut qu'admirer les hommes qui de tels outils obtiennent un aussi bon rendement. En dehors des torpilleurs qui se valent partout ou à peu près, les Américains apportent un matériel bien meilleur et qui a l'avantage, en outre, de n'être pas fatigué par une navigation intensive..

Le service sur leurs bâtiments de patrouille, est fait d'une manière beaucoup plus stricte que sur les nôtres. Cela tient à ce que nous y employons presque exclai

vement des inscrits maritimes réservistes, marins de commerce et pêcheurs, depuis longtemps désaccoutumés des manifestations extérieures de la discipline; les équipages des Etats-Unis, au contraire, comprennen surtout des marins du service actif, jeunes pour la plupart, dont l'entraînement est tout récent. Et il fau noter que dans les dernières années cet entraînement avait fait des progrès remarquables, en même temps que se développait le sentiment national et que s'ac croissait dans tout le pays l'estime pour la carrière ma ritime. L'enthousiasme soulevé par les victoires de 18 n'avait pas empêché les chefs de la marine américain de voir tout ce que leur personnel avait à apprend pour se mettre au niveau du personnel des flottes euro péennes. Ils avaient constaté, à Cuba, que leurs cano niers avaient mis à peine 3 0/0 de leurs coups au but et si ce rendement était supérieur à celui de l'artilleri espagnole, il ne pouvait cependant pas être conside comme satisfaisant. Mais en 1910, les tirs d'exerci exécutés aux Etats-Unis donnaient des résultats to à fait comparables à ceux de la marine anglaise ; il a peu d'exemples d'une transformation aussi comple et aussi rapide.

Les équipages américains avaient jadis une fort ma vaise réputation. On les disait composés d'étrange pour une grande partie, et fort enclins à la désertio Il y a eu du vrai dans ces critiques, mais elles étai déjà très exagérées il y a dix ans et elles n'auraie plus aucun fondement aujourd'hui. En 1906, on tro vait en effet 10 0/0 d'étrangers dans la marine Etats-Unis ; mais depuis 1910 on n'y admet plus les citoyens américains; les étrangers ont dispar quelques rares exceptions près. La marine se recr exclusivement par voie d'engagements volontaires; avant la guerre, il y avait déjà 75.000 candidats chaq année pour l'engagement et l'on en prenait que 15.000 c'est dire que la sélection était sévère. Quant aux dése tions, elles ont été nombreuses autrefois, et en 10 elles atteignaient en une année 10 o/o de total ;mais leur chiffre était progressivement tombe I 0/0 en 1913. Si l'on tient compte des tentations q présente aux marins, et surtout aux mécaniciens, pays industriel où la main-d'œuvre spécialiste est richement rémunérée, il faut avouer que cette proport est infime.

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La marine américaine fait d'ailleurs beaucoup d'e forts depuis l'adoption du programme de 1906, po attirer et pour retenir ses hommes. Les soldes y sont peu près quatre fois plus élevées que dans les flot européennes, ce qui, malgré la cherté de la vie at Etats-Unis, représente un avantage marqué. Le confo table à bord, même pour les simples matelots, est traordinaire. Il y a des salles de bains et de douch des buanderies et des repasseuses mécaniques; la no riture est abondante, variée, luxueuse parfois ; les c sines sont munies des appareils les plus perfectionn pour laver la vaisselle ou éplucher les légumes; d chambres frigorifiques permettent la conservation de viande et des fruits. Bien nourri, bien habillé, aya toujours de l'argent en poche, le marin américain pe faire envie à ses camarades français et même angla quoique ces derniers soient plus gâtés que les nôtres.

Mais les marins français ne sont pas envieux. La coopération cordiale des navires occupés sur mer à la même tâche pénible fait place, pendant les repos dam les ports, aux démonstrations parfois bruyantes d'un sympathie que la différence des langages n'empêch pas d'être très vive. Il n'y a vraiment qu'une marine comme il n'y a plus qu'une armée, contre l'ennemi com

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GEORGES CLAUDE.

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Affaires Extérieures

La réforme électorale en Prusse

On a dit bien souvent depuis dix ans, que la question ete la réforme électorale est, en Prusse, une sorte de baamètre qui permet de discerner les hausses et les baisses male l'esprit public. Le moral de la nation est-il élevé, h n'entend point parler de réforme électorale; s'il ictorent à fléchir, le problème est de nouveau posé ; un proare plus ou moins analogue à tous les projets précéatents, est présenté par le gouvernement, qui mesure avec desudence l'étendue des concessions au degré d'exaspéquetion qu'il constate dans le pays. Dès que le calme se s contablit, on retire le projet, ou bien on le fait échouer. udest ainsi depuis Bismarck, qui définissait le suffrage trois classes « le système le plus inique, mais le plus fdispensable au régime prussien. » M. de Hertling est pins cynique dans son langage; mais, en dépit des il demeure fidèle à cette tradition de gouparences,

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20 Jamais le baromètre de la réforme électorale ne fut us utile à consulter que depuis deux ans. Non seuleent ses variations nous renseignent sur le « moral » de Doses ennemis, mais elles pourraient encore servir à disper les illusions de ceux qui, périodiquement, découmais ent en Allemagne les symptômes d'une évolution vers politique démocratique. A ce point de vue, le dernier hec de la réforme est très édifiant.

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L'hiver de 1916-1917 fut pour les Allemands une riode critique. Les difficultés alimentaires s'étaient bitement aggravées, en dépit d'une administration yol-évoyante et rigoureuse. Des grèves éclatèrent à Berlin dans plusieurs autres villes de l'empire. I,e« recul ratégique d'Hindenburg entre Arras et Saint-Quenit qu n devait, quelques mois plus tard, provoquer dans ute l'Allemagne un découragement inquiétant. M. de ethmann-Hollweg jugea le moment venu de recourir fameux remède. Le roi de Prusse adressa à son peule le « message de Pâques », qui, en termes magnifiques vagues, invitait chaque citoyen à prendre part à la rection des affaires publiques. Le manifeste du juillet 1917 apporta quelques précisions: Guilume II donnait l'ordre à son gouvernement de lui souettre,dans le plus bref délai, un projet de loi établisnt en Prusse « le suffrage égal, direct et secret ». était l'abolition des trois classes, c'était le principe emocratique introduit dans la vieille Constitution. russienne.

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Seulement, l'automne amena une situation militaire eilleure; la crise alimentaire était en partie conjurée, par suite, la crise politique. Les conservateurs reprient toute leur autorité et toute leur arrogance, en face l'un gouvernement qui s'était engagé trop tôt et sans écessité absolue dans la voie des concessions. Le gouernement lui-même, se sentant mieux soutenu, chercha reprendre une partie de ce qu'il avait promis. Le 25 ovembre, M. de Hertling, au nom du ministère prussien, déposait un projet de réforme assez mitigé. Il s'agissait bien, en théorie, du suffrage universel; toutefois des conditions rigoureuses d'âge et de domicile éloignaient des urnes toute la population flottante, un grand nombre d'ouvriers d'usine et de travailleurs agricoles. Mais le principe du « suffrage égal, direct et secret garanti par la parole royale, était soigneuse

ment maintenu.

Ce projet fut jugé beaucoup trop libéral par les conservateurs prussiens qui, dans les deux Chambres, constitent la majorité. A la Chambre basse, (Abgeordneten

us), la commission chargée de l'examen, le renvoya ès modifié le principe du suffrage égal était rejeté ;

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une série d'amendements prévoyait l'attribution de plusieurs voix aux électeurs pourvus soit d'un certain cerveau, soit de grades universitaires, et aux pères de plusieurs enfants. Les socialistes, les progressistes et les les conservateurs et les conservateurs-libres préconicatholiques tenaient pour le projet du gouvernement; hésitaient, se sentant maîtres de la situation, mais ne saient celui de la commission; les nationaux-libéraux sachant trop dans quel sens leur intérêt leur commandait de l'établir. Le 28 février, le congrès du parti namais cette résolution ne liait point les représentants du tional-libéral se prononça en faveur du projet Hertling; parti à la Chambre, qui, grands industriels pour la plupart, avaient peu de penchant pour le suffrage égal.

Le 12 avril, la commission du Landtag chargée de la revision de la Constitution rejeta le principe du suffrage universel. Le 30 du même mois, le débat s'ouvrit à la Chambre et prit immédiatement une forme très violente L'embarras du gouvernement était extrême. Les partis de gauche lui rappelaient ses engagements et la promesse formelle du souverain. Ils déclaraient que le peuple prussien ne souffrirait plus de nouveaux délais. On proposait d'attendre la fin de la guerre : mais quand la guerre finirait-elle? Trois partis s'offraient à M. de Hertling dissoudre le Parlement, soumettre le projet à la Chambre des seigneurs rendue favorable aux intentions du gouvernement par une nouvelle fournée de pairs; ou bien encore, mettre résolument le Parlement à l'écart, ainsi que la tradition, sinon la Constitution, l'y autorisait.

M. de Hertling ne choisit aucune de ces trois solutions: il négocia. A son instigation, le centre catholique proposa une série de motions dites « de garantie », dontl'objet était d'atténuer, ou même de faire disparaître les «< conséquences désagréables » du suffrage universel. Les nationaux-libéraux s'associèrent à cette manoeuvre. Les amendements présentés par les nationaux-libéraux avaient surtout pour but d'empêcher l'invasion des Chambres par les Polonais et par les socialistes, en groupant certaines circonscriptions et en les dotant de la représentation proportionnelle. Ceux du centre tendaient à soustraire toute une partie de la législation, relative à l'église et à l'école, à l'influence d'un Parlement devenu trop radical, en exigeant, pour certains votes, non pas la majorité pure et simple, mais la majo

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A aucun moment, on n'eut l'impression que l'expédient des « motions de garantie suffirait à tirer le gouvernement d'embarras. Les partis de gauche le pressaient de recourir, sans plus attendre, à la dissolution. Le Berliner Tageblatt parlait de « désillusion sans bornes » et d'« indignation profonde », non seulement chez le peuple prussien, mais chez le peuple allemand tout entier. «< A la place du suffrage égal, disait l'organe radical, la Chambre des députés, issue du système des trois classes, propose à notre peuple un mode. de vote plural: certains citoyens pourraient disposer de sept voix. Voilà ce qu'on offre, non seulement à ceux qui sont restés dans leurs foyers, mais même à ceux qui pendant quatre ans ont combattu au front et versé leur sang pour leur patrie!» Par contre, les agrariens et les conservateurs triomphaient c'était, encore une fois, l'échec de la réforme. « Lorsque nos soldats qui luttent au front apprendront que le gouvernement a essuyé la défaite qu'il méritait, écrivait la Deutsche Zeitung ils remercieront le ciel de leur avoir épargné de tels chefs. >>

Le 2 mai, le Landtag de Prusse rejeta le projet du gouvernement (suffrage égal), par 235 voix contre 183. Les nationaux-libéraux s'étaient partagés entre les deux camps; seize catholiques avaient voté contre l'égalité

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