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tions. Mais la patrie aussi est un fait. Ce Français de la vicille France ne songe pas un instant à s'évader, par un effort inhumain, des fatalités de son sang et de sa race. Alliant en lui le patriotisme historique d'un Michelet au patriotisme géographique de oncles maternels Elisée et Onésime Reclus, Elie Faure, esprit libéré, chante d'un cœur débordant de tendresse le miracle français. Et pour lui, ce miracle n'est pas seulement la Marne, où il discerne la victoire nécessaire, fatale, de l'intuition sur le système, d'un peuple artiste sur un peuple savant. Ce miracle, c'est la France elle-même, qu'il célèbre avec un lyrisme de poète et une ferveur d'apôtre, la France des cathédrales et de la Révolution, la France de Montaigne et de Victor Hugo, la France créatrice et artiste en face d'une nation d'ouvriers et de marchands, enfin la France guer

rière de Jeanne d'Arc et de Bonaparte, faisant jaillir de tous les points du sol nourricier, au moment opportun, la foule militaire chargée de la défendre : « Ce qui fait l'originalité du génie créateur de la France est ce qui donne son accent à son génie guerrier... » Mon regret est vif de ne pouvoir citer cette page éblouissante. Entre vingt autres, elle mérite d'être lue de tous, parce qu'elle est, au milieu de la bataille, un magnifique acte de foi. Que dirais-je de plus ? Cette dévotion filiale, cette humilité pleine d'amour devant la passion de la Patrie, ne pouvons-nous en trouver l'expression dans le titre même du livre? En dépit de l'intention métaphysique que voulut y inscrire l'auteur et que quelques-uns sauront découvrir, la plupart des lecteurs ne manqueront pas d'y voir avant tout rayonner d'une splendeur surnaturelle, couronnée d'épines et voilée de sang, la face sublime et douloureuse de la France. GUSTAVE FREJAVILLE.

Théâtre & Musique

au cas où les théâtres sont ouverts. Quand on sait ce qu'on veut on va son chemin et on vit une belle vie. Les directeurs de théâtres vivent de belles vies.

Les artistes cependant, demeurant disséminés ne pou vaient que gémir. Redoutant qu'il ne fût dangereux de gémir sur l'avarice ingénieuse des directeurs, ils se rési gnaient à ne gémir que sur le malheur des temps. C'est ce qu'on appelle se replier sur des positions marquée d'avance. Mais ce n'est pas ce qu'on appelle remporter la victoire.

par

Pourtant, à travers tout ce désarroi, on a vu progres l'organisation. Et il est apparu qu'une puissante organi ser chez les artistes des théâtres l'idée de la défense sation syndicale devait le plus tôt possible s'accompli Il est apparu qu'une simple association amicale comme celle que préside avec son dévouement cordial M. Félix sait pas pour rendre cette terre habitable aux artistes de Huguenet ne suffisait pas. Il est apparu qu'il ne suff bonne volonté que M. Félix Huguenet fit des visites au ministre Colliard. Il est apparu qu'un syndicat de vrait être fondé et que ce syndicat pourrait se servi d'armes légales, de, textes législatifs protecteurs. Tou vient à point à qui sait attendre. Le député Adrien Veber prend à tâche de fournir aux artistes dans l'embarras ce textes législatifs protecteurs et ces armes légales.

Il a bien constaté, et comment ne l'eut-il pas fait aisé tiques et lyriques manquent de sauvegarde. Ils ne son ment en une pareille époque ! que les artistes drama faillite de leurs directeurs. Depuis de longues année même pas garantis contre la décon fiture ou la mise e ils demandent à la justice que les créances qu'ils on contre les entrepreneurs de spectacles pour le payemen de leurs appointements ou de leurs feux soient considé rées comme privilégiées en cas de faillite ou de liquida tion judiciaire des entreprises de spectacles auxquelle ils sont attachés. La jurisprudence a toujours repouss cette prétention et le Parlement n'a pas songé à l'impo ser. M. Adrien Veber va dès demain indiquer au Parl ment qu'un Parlement digne de ce nom doit penser

tout.

Et dès aujourd'hui, M. Adrien Veber se livre à une ar

Les artistes et l'organisation professionnelle Les événements qui ont menacé, avec quelque insis-gumentation juridique si claire et si pressante qu'ell tance fâcheuse et d'assez mauvaise compagnie, le monde des théâtres et les intérêts du monde des théâtres, ont suscité un certain nombre de récriminations. Il fallait s'y attendre sans doute. Si en France, tout finit par des chansons, tout commence par des récriminations. Entre temps, il se produit par-ci par-là quelques initiatives. Oui, les événements parfois entraînent à l'ac

tion.

Action des directeurs de théâtres. Nous savons que M. Alphonse Franck lui-même, a écrit des lettres aux journaux. Nous savons aussi que son vieil ami Quinson a cherché l'occasion de faire la bonne affaire selon son droit et mieux selon son devoir. Il a trouvé. Il a donc annoncé l'ouverture prochaine de deux ou trois théâtres dans des sous-sol blindés. Aimable fantaisie parisienne. Peut-on dire que lorsqu'elle est personnifiée par M. Quinson, elle prend toute sa valeur ! Mais on ne peut le nier, M. Quinson a donné à ses collègues un exemple et une leçon. Entreprendre. Toujours entreprendre. Exemple et leçon excellents pour tous les Français qui sont directeurs de théâtres et pour les autres Français aussi, Action des artistes.

Pendant que les directeurs de théâtres agissaient, que faisaient les artistes ? Ils discutaient. Ils discutaient sans cohésion et par conséquent, sans force. Les directeurs, eux. s'étaient formés en colonnes serrées et ils attaquaient par masses profondes. Leur objectif était d'ailleurs déterminé très nettement. Il s'agissait pour eux de donner le moins d'argent possible aux artistes en cas de fermeture des théâtres, comme il s'agit pour eux de donner aux artistes le moins d'argent possible

fait bien augurer de son aptitude à légiférer en l'espèc A diverses reprises, dit-il, le législateur a considéré l'en gagement théâtral comme un contrat de louage, de ser vices et que certaines lois relatives au contrat de travai s'appliquer aux artistes dramatiques et lyriques. L jurisprudence, lente à se mouvoir, a donc dû suivre pe à peu le sens et l'esprit des lois nouvelles et appliquer l'engagement théâtral les règles du contrat de travail Elle a admis la compétence des prudhommes et rend des arrêts qui déclarent nuls les contrats à vie et de jugements qui reconnaissent à l'artiste le droit de de mander des dommages-intérêts pour rupture brusque e injustifiée du contrat d'engagement même à durée indé terminée... Il n'y a guère qu'en ce qui concerne le ca ractère privilégié des créances des artistes que la juris prudence persiste dans des interprétations dont le ca ractère restrictif peut enchanter M. Victor Boret, notr sympathique et diligent ministre des restrictions, mai déplaît nécessairement aux amis de la justice et d l'équité dans la justice.

Cela est l'évidence même et M. Adrien Veber n'aur pas de peine à emporter le consentement de la Chamb des députés qui cède toujours à l'évidence lorsqu'ell ne peut pas faire autrement. Bref, M. Adrien Veb compte et nous comptons comme lui que le Parlemen imposera à la Cour de cassation une appréciation plu saine du contrat de travail des artistes dramatiques lyriques, c'est-à-dire une appréciation mieux d'accor avec les mœurs et plus conforme à la législation s ciale moderne...

Ainsi les législateurs, et cela est tout à fait conv

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nable, sont aptes à saisir au passage tous les enseignements de l'actualité sévère. Et M. Adrien Veber a très

bien saisi les enseignements de l'actualité en ce qui con

L'organisation de la France

terme les artistes dramatiques, voire lyriques. Parce que Enquête sur le régionalisme

es législateurs sont quelque chose comme la Providence Sun monde vraiment civilisé, M. Adrien Veber va donc ider providentiellement les artistes. Mais il faut en utre que les artistes s'aident eux-mêmes. Aidez-vous et Tendrien Veber vous aidera.

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Ils sont très enclins désormais à s'aider les uns les Futres et à s'aider selon les meilleures méthodes... L'évoation les conduit nécessairement, sagement, à l'orgaisation syndicale... A peine si quelques-uns d'entre eux ont encore quelques réserves qui proviennent d'ailleurs un très bon naturel. Is croient un peu ingénument ue les syndicats ne sont faits que pour les ouvriers. Or, disent-ils, nous ne sommes pas des ouvriers, nous ommes des artistes ? Mais comment donc ! Si dans le yndicat, vous serez des artistes disposant du moyen de protection des ouvriers. Vous serez des artistes oranisés et conscients. Ça vous changera! D'ailleurs, cela e vous empêchera pas d'être encore et toujours les plus odérés des révolutionnaires et les plus conservateurs es hommes...

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Les artistes en se syndiquant suivront le courant qui orte nos contemporains à se servir enfin de toutes s lois tutélaires qui ont été préparées pour l'harmonie Is ciale par des législateurs prévoyants et singulièrement

ад

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éconnus. Ils suivront la tendance universelle de toute s professions même celles où l'on est le plus volontiers dividualiste, à développer l'organisation professionelle... Les artistes feront ainsi ce qu'ont fait les jourlistes... Les journalistes ont pu, sans susciter nulle art aucune critique d'aucune sorte, fonder un syndicat ui a groupé immédiatement plusieurs centaines d'adhénts; et du front comme de l'arrière et de tous les mieux politiques, car les préoccupations politiques pas us que les arrière-pensées sociales n'existent pour perFinne dans ce grand groupement. Les adhésons arrint au siège social du syndicat, 52, rue de Châteaudun, Paris. Les gens de lettres à côté de leur société déjà cienne de secours mutuels et de retraites, vont créer es prochainment un syndicat. Il n'est que de lire dans plus récent numéro de la Chronique de la Société des ns de lettres, les lettres échangées entre le président 1 Comité de la Société des gens de lettres et le présint du Syndicat des éditeurs pour comprendre la néssité, l'urgence de la fondation de ce syndicat... Il est pour deviner la bienfaisante importance qu'il aura vite que de considérer les efforts tentés déjà ici et pour diviser les écrivains, pour séparer les plus ilstres des plus obscurs, pour essayer même de les oposer les uns aux autres... Le syndicat des gens de lete se fondera néanmoins parce qu'il est dans l'ordre es choses...

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Les artistes peuvent faire ce que les journalistes ont ut hier, ce que les gens de lettres feront demain. Les ens de lettres et les journalistes ne sont-ils pas comme x des artistes! J. ERNEST-CHARLES.

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ACCUSE DE RECEPTION

RNEST GAUBERT, Sous l'aile des coucous (L'Edition, fr.). CHARLES MAURRAS, Les Conditions de la Vicire, IV, La Blessure intérieure (Nlle Libr. Nation., fr. 50). MIS DE ROUX, Le Défaitisme et les Manoues proallemandes, 1914-1917 (Ibid., 1 fr. 50). TOULOUSE, La Réforme sociale, La Question sexuelle la femme (Fasquelle, 3 fr. 50). BNNE J. MICHAUX, urnal d'une Parisienne pendant la guerre (Perrin, fr. 50).

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La région provençale (suite)

LES AGRICULTEURS.

(1)

Nous voilà, pensera-t-on, loin du régionalisme écono-mique. Ce serait une erreur de le croire. Tous les régionalismes sont solidaires; et ce sont justement les hommes dont nous avons entendu les voix, qui ont fait le plus peut-être pour les réalisations du régionalisme économique.

Le marquis d'Ille fut avec le marquis de VilleneuveTrans, le fondateur de l'Union des Syndicats agricoles des Alpes et de Provence qui la première montra. clairement que régionalisme et syndicalisme étaient solidaires. Que l'on ne m'objecte pas que ce sont des aristocrates qui nous conseillent; justement le président. de la plus importante fédération agricole du Midi, la Confédération générale des Vignerons a pour président. un socialiste unifié, le docteur Ferroul, maire de Narbonne. Nous l'entendrons quand nous en viendrons au Languedoc.

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L'Union des Syndicats agricoles des Alpes et Provence, fondée en 1889, groupe mille associations professionnelles, syndicats, mutuelles, coopératives, unies dans le cadre de la région. Son domaine va de la Méditerranée à la Drôme, du Rhône à la frontière italienne; débordant un peu, il s'accroît des Cévennes alaisiennes et de quelques pays de la Drôme et des Hautes-Alpes (2).

La cellule première, suivant le vœu de son créateur, est municipale. « Nous considérons le syndicat communal, disait Léonce de Villeneuve, comme le groupement. le plus favorable à la création des institutions agricoles. » Groupés parfois en pays, ou quand les intérêts et une culture sont communs, ils formeront leur fédération dans l'aire de la région. « Si le syndicat de com-mune est, dit Villeneuve, le plus apte à réaliser les œuvres nécessaires à la famille agricole, ce syndicat ne pourra remplir sa mission complètement qu'à la condition de faire partie lui-même de l'Union ». Or, cette union i la veut régionale.

Tour à tour l'Union des Syndicats agricoles des Alpes et de Provence crée en 1895 une coopérative agricole qui de sa fondation à 1908, achète pour ses membres plus de douze mille tonnes de marchandises, cé. dées pour 16 millions de francs; elle crée quelques boulangeries coopératives puis une coopérative pour la fabrication et l'écoulement des conserves d'abricots; l'abricot frais qui ne trouvait pas preneur à 10 francs, est vendu en conserve, quai d'Aix, 50 francs les 100 kilos. Songez avant de sourire que la vente annuelle est de 5.000 quintaux. La coopérative des producteurs de câpres de Roquevaire, fondée au capital de 5.000 francs, traite 400.000 francs d'affaires par an. A Solliès-Ducas et Callas (Var), à Lançon, sont créés des moulins à «huile vierge » coopératifs; ils servent de modèles. A Vallauris où l'on récolte 700.000 kilos de fleurs d'oranger, les parfumeurs de Grasse ont imposé un prix de o fr. 20 par kilo. Les producteurs syndiqués construi sent une usine qui leur coûte 200.000 fr. au golfe Juan et le kilo de fleur d'oranger passe à 1 fr. 75 (3). Il en

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est de même pour les coopératives laitières des Alpes, séricicoles de Provence et des Cévennes, vinicoles du Var.

L'Union veut répandre le crédit agricole et crée des caisses locales de crédit avec le concours des caisses d'épargne locales. Les 28 caisses des Alpes-Maritimes affiliées, de 1896 à 1903, réunissent 2.021 coopérateurs, ont un mouvement de crédit de 39.255.608 francs, avec 1.764.369 fr. de dépôts individuels. C'est avec raison qu'on écrira : « Il n'est pas de région où l'organisation du crédit agricole ait donné des résultats plus importants et plus féconds (1) ».

Le crédit agricole a été pratiqué en Provence sous les formes de prêt corporatif et de prêt individuel. Utilisant la loi du 1er avril 1899, l'Union crée une caisse régionale qui organise le crédit au second degré. En 1906, elle escompte 1.652 effets pour une somme de 1.356.432 fr.; en 1907, 1.939 effets pour 1.208.209 fr.

L'Union organise des concours ouverts aux élèves de toutes les écoles, dans les communes qui possèdent un syndicat. Sa sollicitude n'est pas moindre pour les vieillards et elle fonde une caisse de retraites pour les employés de ses syndicats; elle répand l'assurance agricole et obtient d'heureuses améliorations des compagnies. Elle crée autour de sa caisse régionale de réas. surance, 176 caisses communales et résout le problème

de l'assurance contre la mortalité du bétail.

Quel magnifique bilan! Comment fut-il obtenu? Par l'action entraînante d'un gentilhomme provençal qu'entourèrent les meilleurs de ses amis, ceux demeurés fidèles à la terre, et les paysans qui comprirent vite que ce n'était pas dans un but politique qu'on venait à eux.

Les idées des directeurs de cette Union, oh! elles étaient fort simples, fort belles. A la base, vous trouverez un solide amour de la terre, le souci de sa prcspérité comme le soin de ses traditions. Si Mistral compose pour l'Union, sa Cansoun dou Paisan, si à chacune de ses assemblées la langue provençale retentit, ces animateurs n'en sont pas moins des gens hardis qui effrayèrent certains.

C'est la pénétration des classes que tenta de rompre la politique mais qui demeura étroite dans le Midi, que cherchaient Villeneuve et ses collaborateurs, P. Rostan d'Ancézune, d'Ille, de Gombert.

N'est-il point émouvant ce marquis provençal qui groupera autour de lui des milliers de chefs de familles rurales disant à ses collègues : « En nous confiant une parcelle du sort de la patrie, la Providence nous a imposé une fonction sociale particulière. particulière. Comment l'exercerons-nous ? En vivant sur nos terres, le plus possible, mais non pas uniquement, comme on le fait en certains pays, pour se distraire, s'y inviter, courir les chasses et les rallies.. Il existe autour de nous d'autres hommes, petits propriétaires, fermiers, métayers, ouvriers agricoles qui vivent comme nous de la terre et qui n'ont pas reçu, dans leur ensemble, les dons de fortune et de savoir que nous avons reçus. Nous avons été placés à côté d'eux pour les aimer, les éclairer, les servir. Voilà notre fonction sociale, elle n'est pas sans honneur, puisqu'elle met entre nos mains les destinées d'une parcelle de notre Patrie. >>

Quel noble langage!

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C'est en étant fidèles à leurs champs, que les gentilshommes pouvaient prêcher d'exemple. Avec quelle tristesse, Villeneuve constatait qu'en 25 ans, la campagne perdit 4.500.000 habitants dont 200.000 seulement pour les colonies; tout le reste allait grossir le prolétariat

des villes.

La méthode employée était pour nos régionalistes, (1) L. Un apostolat social.

l'association libre, repoussant l'étatisme hideux, mai demandant l'union volontaire dans le syndicat com munal, cellule mère dont l'union aux autres donnera l'Union fédérale régionale (i).

Il est aisé de penser le concours qu'une telle associa tion, dirigée par de tels hommes, peut donner aux réal sations régionalistes qui forment notre programme. C'est régionalement qu'elle a groupé ses adhérent leur montrant le terrain le plus palpable, celui de l' térêt, mais voulant sauver les puissances morales. C ainsi que Mistral et les félibres eurent toujours le place à son foyer.

En allant consulter le continuateur de Léonce de Vi leneuve, M. Raymond Gavoty, je savais à l'avan quelle réponse chaleureuse, cordiale, sans retenue, not donnerait le président de l'Union des Syndicats ag coles des Alpes et de Provence.

Ai-je besoin de vous dire que je n'ai point été tromp « Le régionalisme, nous dit-il, mais il était dans pensée de nos fondateurs, il était dans leur actio quand ils proclamèrent que le premier organe était communal; le second, le régional. Bien avant la lég lation moderne, ils avaient créé les organisations sod les nouvelles, la coopération hardie; avant le réce projet d'union économique, ils avaient donné l'uni professionnelle régionale. »

C'est la vérité même ; quelle reconnaissance ne d époque et qui réalisaient ! vons-nous pas à ces créateurs qui marchaient avant la

« Les projets en cours d'étude ou d'exécution sont fo intéressants, ajoute M. Gavoty. On m'a fait l'honne de me nommer au Comité d'action économique de XV région; c'est un organe où l'on peut faire du b travail.

« Le régionalisme tel que nous le propose le projet M. Clémentel est des plus intéressants; mais il est bi entendu que dans la région économique aux côtés d comme nôtre qui groupe toute l'activité agricole de la régi et a montré ce qu'elle pouvait faire, doit avoir place. >>

Chambres de commerce, des organi aux

C'est le même langage que tient la Confédération nérale des Vignerons qui est pour le Languedoc ce d l'Union est pour la Provence. M. Gavoty conclu « La terre aura besoin du concours de tous; la pat traverse une vie nouvelle en s'adress ant aux centres gionaux, aux régions qui, comme la nôtre, ont des or nes puissants et coordonnés.

« Le régionalisme dans lequel j'ai foi comme y a Léonce de Villeneuve, nous donnera la victoire dans paix, »>

C'est sur ces paroles de confiance qu'il convient clore cette consultation.

Pour finir, j'exposerai le programme d'après-guen de la région provençale.

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de « Le Comité régional d'action économique, l'Associaadiation nationale d'expansion économique, dont je fais partie, le Comité d'action régionaliste de Marseille sont des moyens d'action très efficaces; nous en créerons elle d'autres après la guerre.

rau Nous affranchir de la mainmise politique, mettre en aleur le concours des associations professionnelles, adirriver à la création de la région et à la décentralisation, oilà nos buts d'après-guerre.

ral Avec le concours de toutes les bonnes volontés et jvec celui non encore efficace du bon sens populaire clairé, nous arriverons, soyez-en sûrs.

nce

«Nos Provençaux sont trop intelligents pour ne pas e laisser convaincre, et, quand ils seront convaincus, tenes résultats ne se feront point attendre.

dien « Croyez à mon entier concours, dans la mesure où hes nombreuses occupations me permettront de le conat été acrer à la réalisation de cette pensée féconde. >>

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Le président de l'Union des syndicats agricoles des Alpes et de Provence, RAYMOND GAVOTY.

La Presse comme elle va

Journalistes en conseil de guerre

Lent a Médiocre affaire, et qui, du fait de la mort d'Almeeyda, a subi une irréparable diminutio capitis. Duval ution s'est pas égal au premier rôle qu'il a hérité de son anfait lien directeur. Il n'a ni l'éclat ni l'originalité, ni la sénomiquction personnelle d'un aventurier de grande envert fair ure, d'un Bolo. On le définirait bien en disant qu'il fut éminence grise d'Almereyda. La lumière des débats se lepe parviendra pas à dissiper toute la pénombre où il mais est toujours tenu, en quelque sorte, complaisamment. aux de n'était pas un mauvais journaliste, ce Duval. Les Das sticles qu'il signait d'un pseudonyme emprunté à Courde line, ne manquaient même pas d'un certain tour de oit yle. Cependant, il tient à le préciser en toute

occa-.

on, il a toujours été tenu par Almereyda à l'écart de da direction du Bonnet et confiné en ses fonctions d'adueda inistrateur. En a-t-il souffert dans son amour-propre ty écrivain? Peut-être, mais il ne l'a point laissé percer l'audience. Il avait d'autres vues qu'intellectuelles et Monsieur Badin » xlitiques. Les badinages de étaient pour lui qu'un violon d'Ingres.

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A côté de lui, Joucla. Nous avons tous connu Joucla complicité d'intelligences avec l'ennemi à part. Joua est le reporter illettré. Il y en a un au moins dans acune de nos rédactions parisiennes. Ses «< papiers >> nt impubliables tels qu'il les donne,et le chef des inPrmations doit en redresser la syntaxe,mais on le mainent dans son emploi parce qu'il est bon informateur.

a de l'aplomb et Joucla l'a bien prouvé en se renant tout de go au consulat allemand de Barcelone

ne recule pas devant les démarches hardies, les atntes fastidieuses, les courses sous la pluie, les levers atinaux, les couchers tardifs. Il est le prolétaire, le anouvrier de l'information journalistique. A trente as, il recevra les palmes académiques, la rosette ente-cinq, et s'il a su se ménager de profitables relaons politiques, il finira ses jours comme titulaire d'une onne petite perception voisine de Paris.

à

Tico Marion défend les marchands et les fabricants d'al

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bol. Son cas est simple: il est pavé pour ça. Mais l'inustrie de l'alcool n'est pas pour lui un bloc, et il sait brt bien distinguer entre les industriels qui lui ent le soin de leur défense et ceux qui négligent de reourir à ses bons offices. Son cas est simple, vous dise c'est un maître chanteur, un courtier ou plus exacement, un entrepreneur de contre-publicité. A lui moins

qu'à tout autre inculpé du Bonnet Rouge, auquel il ne collaborait d'ailleurs pas, convient le titre de journaliste.

Goldsky. Goldsky était secrétaire de rédaction. Attention il y a deux espèces de secrétaires de rédaction l'espèce professionnelle et l'espèce occasionnelle. Goldsky appartient, si je ne me trompe, à cette dernière. Par ses goûts, ses tendances, il est plus rédacteur que secrétaire. Aussi rédige-t-il autant qu'il lui est possible. Il écrit deux articles par jour en moyenne critique militaire et politique extérieure, et il signe. Dans les grands journaux, les secrétaires de rédaction n'ont pas tant de facilité pour témoigner de leurs aptitudes. Dans les grands journaux, il faut choisir. Mais dans les rédactions de moindre importance, le cumul est autorisé. Goldsky cumulait. Je l'ai sous les yeux. Il est là pendant que j'écris. Il parle, et bien, et beaucoup. Un garçon intelligent, Goldsky, un garçon doué, subtil, et qu'on devine passionné à ses tempes étroites, au feu sombre de ses yeux. C'est le jeune juif en qui le fanatisme d'idées se mêle étroitement à l'ambition. Une tête de caractère, la tête de Goldsky.

Et voici enfin Landau,qui,depuis le début du procès est le point de mire des dessinateurs. L'un d'eux a fait de sa figure un croquis si bien venu que tous, alentour, se récrièrent d'admiration, au point que l'attention de Landau fut attirée sur leur groupe et que, devinant de quoi il s'agissait, il demanda, par signe, qu'on retournât le dessin vers lui pour qu'il le vît. Dans un autre groupe, composé de journalistes celui-là, un concours a été institué choisir le meilleur mot pour définir Landau. On a proposé tzigane, janissaire, Kurde, Serbo-Croate, marchand de tapis, chambellan hongrois, etc... Ce petit jeu a duré tout un après-midi sans que la palme trouvât un titulaire, Landau est resté indéfini. Mais il parle. Mais, c'est un changement étrange, mais c'est un désenchantement complet, irréparable. Qui nous rendra notre janissaire, notre chambellan, notre héros de conte romantique ? Il parle et nous entendons le boniment d'un camelot élevé au grade d'agent électoral. Vulgarité. Vulgarité. Vulgarité. Le geste est inexpressif, la voix sèche et mal timbrée, le port de tête déférent et inquiet, l'oeil guetteur, les poches bourrées de certificats et de lettres de recommandation. Un préoccupation domine l'esprit de Landau : Téry, Latzarus ont écrit qu'il n'avait rien de commun avec la corporation des journalistes, et la parole de Latzarus et de Téry fait autorité en la matière. Eh bien, Téry et Latzarus se trompent, Landau est un journaliste, un vrai journaliste. Il a collaboré à la Presse, à la France, il est depuis douze ans membre de l'association des journalistes républicains, où n'entre pas qui veut, comme chacun sait, il a mené des campagnes, toutes inspirées par le patriotisme le plus éclairé, il s'est battu en duel, il a blessé Charles Maurras... Et on lui refuse le titre de journaliste ? De quel droit ? Maître chanteur est bien tôt dit. Landau n'a jamais fait de chantage. Il est vrai qu'il a reçu de l'argent pour soutenir ses amis, mais quoi de plus naturel? Ah! mais.... Ah ! 1914, Landau mais... Et puis, et d'abord, en août

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a voulu s'engager. Là !

Un tel effort l'a épuisé. Il tombe en syncope. Les débats sont renvoyés au lendemain.

Les journalistes ne sont pas fiers quand, dans la grande salle des assises, leurs regards se portent, d'un côté à l'autre du prétoire, sur Duval, Joucla, Marion, Goldsky et Landau leurs confrères. Les journalistes sont gênés, ils ont le rouge au front, et ils cherchent dans leur féconde imagination un moyen sûr, définitif, de ne plus être confondus, sous la même étiquette, avec cette pègre. Ils croient l'avoir trouvé. Ils créeront un

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J'ai souvent défini ici l'étrange maladie d'une catégorie, ou plus justement d'une génération d'artistes, qui chaque année, à pareille époque est prise du besoin d'exposer sa peinture ou sa sculpture. La guerre n'a point guéri ces gens inguérissables, et ils ont beaucoup souffert de devoir rester trois ans sans montrer aucune de leurs productions. Finalement, ne pouvant plus y tenir, ils ont jeté de tels cris, versé de telles larmes, que l'Etat attendri a consenti à leur permettre de reprendre les chères habitudes passées, et d'utiliser le Petit-Palais faute du Grand. En somme, on leur a, si j'ose dire, permis de « jouer au Salon » ; c'est un jeu indispensable à certains hommes qui par leur âge avancé sembleraient pourtant devoir s'intéresser à des occupations moins puériles.

Afin qu'on prenne leur jeu a sérieux, les hommes du Salon se sont mis sous la protection de trois grands noms, Rodin, Puvis de Chavannes, Degas, pour qui ils eurent jadis moins de tendresse. Les morts ne sauraient protester, même quand ils eurent du génie de leur vivant, aussi sont-ils forcés de se résigner à servir d'enseigne au seuil de cette foire à tableaux, mais je gage que dans les régions désintéressées où ils sont parvenus, Puvis, Rodin et Degas doivent être bien étonnés de jouer un pareil rôle. Leurs œuvres, en tout cas sont à peu près les seules intéressantes dans ce Salon où les vivants ont envoyé des travaux si lamentables que Carolus-Duran, lui-même, avec sa peinture honnête apparaît presque comme un grand homme dans ce milieu d'académisme dégénéré. Si l'on voulait citer des noms la liste serait courte, je ne vois pour ma part comme surnageant dans cette mer de médiocrités que Forain, de Groux, Besnard et surtout Bourdelles. Pour le reste il est préférable de l'ignorer.

Vraiment, après une semblable expérience, ceux qui croient encore, que les Salons sont nécessaires au développement de l'art m'apparaissent comme bien naïfs, ou comme bien vieux. Le Salon est, en effet, un préjugé cher surtout aux artistes ayant dépassé la quarantaine. Il représente pour eux toutes les doctrines de leur jeunesse, toute une façon de penser et de sentir qui de plus en plus tombe en désuétude et demeure incompréhensible aux jeunes gens. Par un phénomène d'ailleurs assez naturel, ces hommes sur le second versant de l'âge, s'attachent d'autant plus âprement à leurs erreurs qu'ils les sentent plus combattues. Ils ont fait de la réalisation de ce Salon une question d'amour-propre et ils l'on obtenu. Leur triomphe sera de courte durée et s'il en est parmi eux de clairvoyants ils doivent déjà avoir conscience de l'erreur qu'ils ont commise et du discrédit que jettent sur leurs idées des réalisations aussi regrettables.

Mais à quoi bon recommencer le procès du Salon, M. Ingres et bien d'autres l'ont fait avant moi, et je ne pourrais sur ce sujet que répéter des arguments souvent donnés ici, déjà. Et puis à quoi bon risquer de troubler

la quiétude et la joie de tous ces pauvres gens satisfai de s'exhiber, de se congratuler, de se distribuer des r compenses et des lauriers. C'est après tout une occupa tion fort inoffensive, qui ne gêne personne, et qui n'em pêchera pas les idées neuves et fécondes de prospére Il en est ainsi durant tous les printemps, et même quan la verdure et les fleurs recouvrent déjà le jardin, reste encore quelques branches mortes qui refusent d verdir et pourtant ne veulent pas se détacher de l'arb Ne nous en inquiétons pas, un jour de grand vent elle seront emportées et tomberont en poussière dès qu'elle heurteront le sol. BISSIÈRE,

ENQUÊTE

sur les problèmes architecturaux actuels M. A. VAILLANT, architecte.

En anéantissant nos villes et nos villages l'Allemand fait table. rase pour implanter sa civilisation dans no tre pays. En détruisant nos édifices, il supprime les mo numents qui chantent l'apologie de la France dan l'histoire du monde. L'affreuse logique de la Kultu barbare sait ce qu'il faut pour tuer l'âme d'un peuple dont elle veut se faire un esclave.

Les effets de la haine tudesque indiqueraient notr devoir, si nous avions besoin pour agir d'autre chos que le sentiment de ce que nous sommes. Notre intére nos consciences vis-à-vis de nous-mêmes nous prescr vent la conservation respectueuse de tout ce qui est con servable de notre passé. L'édifice bâti par nos pères que faire se peut, doit continuer à se dresser su la terre de France et rappeler combien le passé fu grand, montrer à quel point il fut beau et rayonna établir qu'il nous est précieux plus que jamais, que no tre piété nous en rend toujours dignes.

autant

restauration

Je dis conservation. Je ne dis pas expression qui cache de trop nombreux attentats contr les caractères et les originalités de nos édifices histor ques. La prétendue capacité archéologique des resta rateurs-dessinateurs leur laissa trop de liberté pour os contre nos monuments des choses que leur mission constructeur leur interdisait de se permettre. Ma étaient-ils de réels constructeurs?

Quand l'imminence de l'écroulement du dôme de cathédrale de Bayeux, du fait de la vétusté des pilien fut certaine, c'est à un vrai constructeur qu'on s'adress pour la réfection limitée nécessaire, à l'ingénieur E gène Flachat, qui n'avait aucune prétention à l'arché logie. Comprenant l'importance et la délicatesse d'un mission qu'il ne pouvait remplir lui-même dans ses as treintes nécessaires, il se substitua Henri de Dion, in génieur et constructeur éminent, son collaborateur, qu laissa bien ailleurs des souvenirs de sa grande habilet technique.

De Dion s'installa à Bayeux et, en personne, dirige et surveilla la reprise en sous-œuvre des supports d dôme. Le travail dura quatre années. De Dion ne préoccupa que d'une chose : du maintien pur et simpl du dispositif apparent qu'il avait à reconstruire d'assurer la conservation des parties adjacentes. Tou ce qui était conservable fut consolidé sans le change C'est le jour de la prise de Sébastopol, le 7 septem bre 1855, que les cloches de la cathédrale sonnèren pour la première fois depuis bien des années.

Je veux simplement dire, par ce rappel, que ce qu importe à la conservation de nos édifices plus ou moin ruinés, c'est de trouver des constructeurs sérieux, ins truits, expérimentés, soucieux des vrais devoirs de leu

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