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L'offensive du 15 juillet

Le 14 juillet à onze heures du soir, tandis que les visions de réserve allemandes, amenées à pied d'œue par des marches de nuit dans le plus grand secret, massaient en silence dans les tranchées de départ, contre-préparation d'artillerie française commençait ec une violence impressionnante sur tout le front d'atque, depuis Château-Thierry jusqu'au Mont-Têtu en ampagne.

Ainsi, par un admirable retour des choses nous préins l'offensive au moment même où les Allemands pprêtaient à nous attaquer. Quelle que fût la surprise commandement allemand de se voir ainsi deviner de constater surtout avec quelle précision nous avions délimiter la zone menacée par lui, il était trop tard ar retarder le déclenchement de la formidable mane. D'ailleurs, si une minute d'hésitation a pu se maester dans l'esprit des grands chefs n'ont-ils pas dû rassurer tout de suite en songeant aux précautions ses et à la puissance de l'effort qu'ils avaient pré

té?

En effet, Ludendorff n'avait rien négligé pour rendre fe offensive foudroyante et décisive. Depuis un mois meilleures divisions réorganisées, complétées, ren cées, se trouvaient à l'entraînement. 80 d'entre elles tes à entrer dans la bataille constituaient une masse manoeuvre imposante. Munies des dernières instrucns du généralissime et chauffées à blanc, ces troupes la certitude que la partie suprême, le Friedensm, l'offensive pour la paix va se jouer en quelques Irs. Et puis n'ont-elles pas la méthode infaillible ace à quoi le front ennemi a été rompu à trois reises, des positions formidables emportées en quelques ures? Le sort en est jeté. A minuit la préparation artillerie allemande se déclenchait à son tour.

Courte et violente, nourrie d'obus toxiques, appuyée

par des émissions de fumées que le vent étendait sur nos lignes comme de larges écharpes, cette préparation a duré 4 h. 1/2. A 4 h. 30 les vagues d'assaut partaient à l'attaque sous la protection des barrages qui avançaient devant elles avec une précision chronométrée.

Le communiqué a donné les résultats des deux premiers journées. A l'heure où j'écris un immense espoir soulève la France et l'armée française qui n'a jamais. cessé d'avoir confiance en ses chefs devine qu'elle a infligé au principal ennemi une terrible défaite.

X

Rappelons-nous la position des Allemands. Au centre d'un vaste demi-cercle, ils disposent de moyens de concentration rapides qui ne sont pas, hélas ! en notre pouvoir. De la ligne générale Mézières-Hirson ils peuvent porter en trois jours leur masse d'attaque sur un des points quelconques de la circonférence. Tous les éléments de la surprise sont entre leurs mains. Sur la ligne enveloppée les forces alliées demeurent dans l'attente du lieu et du moment où se produira l'attaque. La mer, Paris, Reims, Nancy, autant de points qui s'offrent aux coups de l'ennemi, et deux de ces points sont vitaux. Notre masse de manœuvre devra roquer sur cette vaste étendue dès le premier choc. Mais arrivera-t-elle à temps, si l'ennemi déjouant nos prévisions est parvenu à l'attirer ailleurs? Jeu magnifique et redoutable dont dépend le sort de la guerre.

On a assez dit avec quelle minutie les Allemands ont monté les dernières offensives : le secret gardé jusqu'au bout, l'équipement du front préparé sans que rien puisse donner l'éveil, l'approche des troupes opérée en pleine nuit. Et sur tout cela, la rude discipline allemande qui met chaque homme à sa place et en obtient le rendement maximum. L'offensive du 15 juillet s'est faite dans les mêmes conditions.

Voulez-vous remarquer quelques précautions supplé

mentaires d'ordre moral, toutes destinées à rendre plus certaine la surprise ? Il y a quelques jours Hertling faisait dans un discours raisonnable des avances pacifiques, Hindenburg écrivait à un stratège en chambre : «Laissez-nous donc souffler un peu ». Enfin le choix du jour de l'attaque est significatif. Au lendemain de la fête nationale les troupes françaises que la tranquillité du front a rassuré n'auront-elles pas cette lassitude qui suit les journées de réjouissances ?

Mais le commandement français qui savait à quel danger il devait faire face n'avait rien laissé au hasard. Depuis un mois, par de vastes coups de main, par des incursions profondes poussées à 2 ou 3 kilomètres dans les lignes ennemies il tâtait tout le front. Certains critiques militaires ont été assez peu clairvoyants pour bramer ces opérations locales jugées inutiles et coûteuses. Cependant chaque coup de filet rapportait de précieux renseignements, des travaux inaperçus se dévoilaient à nous, le mécanisme des relèves permettait des hypothèses. L'aviation par un travail incessant fournissait à son tour une moisson abondante d'observations. Qui pourra compter les milliers de photographies prises et interprétées pendant ce mois d'attente! Ainsi, peu à peu, le contour de la zone préparée par l'ennemi se dessinait avec certitude.

Comment nous avons su organiser notre front défensif et disposer nos réserves, parer aux conséquences de ce premier choc dont dépend la bataille et le limiter pour garder une résistance efficace, cela c'est le secret du commandement. Il serait vain de vouloir le pénétrer. En reprenant les termes mêmes du communiqué on distingue une zone de couverture et une position de combat. Semer d'obstacles cette zone de couverture pour ralentir la poussée, la rendre assez imprécise pour que l'ennemi tâtonne, ne sachant à quels obstacles il doit se heurter et assez forte pour que sa traversée soit meurtrière. Choisir sa position de combat suivant le terrain et les moyens dont on dispose, la placer au point précis où l'émiettement de l'attaque ennemie a des chances. de se produire ; autant de problèmes que nos chefs ont dû se poser et qu'ils ont dû, en tout cas, résoudre.

Le plan de Ludendorff, dicté par les circonstances, est un des plus vastes qu'il ait conçus. Une poche reste menaçante dans son dispositif, c'est celle qui s'allonge jusqu'à la Marne. Dans deux mois l'afflux des troupes américaines permettrait peut-être de la prendre en flanc et de la réduire. Pour parer à ce danger il lui faut porter toute sa ligne sur la Marne. Mais la montagne de Reims est là, sentinelle avancée qui garde Epernay et Châlons et coupe son front en deux parties. L'attaquer de face est une opération hasardeuse. Mieux vaut la tourner par l'est et par l'ouest. La supériorité d'effectifs dont il dispose facilite l'opération. Plus celle-ci sera à large envergure et plus l'adversaire aura de mal à la bloquer. De part et d'autre de Reims les deux branches de la tenaille qui vont s'abaisser et se refermer sur le massif montagneux ont chacune 40 kilomètres de longueur. Quant à Reims, il est inutile de l'attaquer. La ville sera englobée dans le mouvement et tombera d'elle-même.

Une vingtaine de divisions à l'ouest, vingt-cinq à l'est sont chargées de faire aboutir la manoeuvre. Une trentaine de celles-ci sont placées en première ligne, les autres doivent suivre immédiatement dans la bataille au fur et à mesure des besoins. Chacune des divisions de premier choc a deux régiments en première ligne et

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un en soutien. Les divisions en secteur, relevées la veil le ou la nuit même de l'attaque, ont été remplacées par deux

rièresions accolées et se placeront également der

rière les divisions de deuxième ligne. Elles appuyent, alimentent et fournissent de matériaux, munitions, ti vres les unités d'assaut. Le front d'attaque varie entre deux et trois kilomètres pour chaque division. Mais la densité des troupes est inégale, comme la puissance de l'attaque. Fidèles à leurs principes, les Allemands fe ront ici une sorte de diversion, là une violente poussée à masses renforcées sur un espace étroit. Enfoncer des coins très avant dans la ligne ennemie aux points favorables et faire tomber le reste par de perpétuels en veloppements, tel est le fond de la manoeuvre.

La direction générale de l'attaque c'est Châlons. Les objectifs fixés sont lointains et précis. Pour les unités qui marchent à l'ouest de Reims c'est Epernay le pre mier soir; pour celles qui foncent à l'est c'est la Mame entre Aulnay et Cherville, à 20 kilomètres au delà du point de départ. On doit atteindre Châlons et Re vigny le deuxième jour. Après, les troupes pousseront devant elles. Le front français rompu, la vaste ligne qui va de la mer aux Vosges se disloquant vers l'est peut-être l'armée française sera-t-elle coupée en deux ou, tout au moins, forcée de lâcher l'Argonne et Ver dun pour s'aligner.

Pourquoi ne réussirait-on pas ? Les troupes alleman des sont essentiellement manœuvrières. Toute cett zone en grande partie boisée est favorable puisque l'en traînement spécial des troupes les rend aptes à progres ser dans les couverts. Les hauteurs où l'ennemi a co tume de résister, tournées par les unités qui manc vrent en pleine indépendance seront noyées sous le f des assaillants qui avancent sous la protection des ban rages de mitrailleuses.

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Il y a là l'élite de l'armée allemande les 1, 2 3o divisions de la garde, les fameuses divisions de chas seurs (195, 1999, 200°); les Bavarois ont fourni leu Iro, 2° et 15° divisions; le Wurtemberg est représent par la 26° division qui, terriblement éprouvée, devra êt relevée à midi le premier jour; la Silésie aligne la 10' vision,, doublée par la 10° division de réserve; la 7 di vision de Magdebourg et la 23° saxonne figurent égal ment dans ce tableau. Toute l'Allemagne devait pre dre part au palmarès de la victoire.

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Comme nous l'avons dit, les Allemands avaient cho si deux secteurs d'attaque de Château-Thierry à 0 mes, de la Pompelle au Mont-Têtu. Toute la périph rie de Reims n'a été soumise ni au bombardement p paratoire, ni à l'attaque.

La principale opération du secteur ouest, celle qu fallait réussir à tout prix sous peine d'arrêter l'offe sive dans l'ouest était le passage de la Marne.

Entre Fossoy et Dormans, l'ennemi avait donc gro pé ses meilleures divisions. Dès 2 heures du matin, pionniers jettent les ponts. Au lever du jour, d'épa nuages de fumée forment comme une barrière impén trable sur la rive sud. Le temps est couvert, la bru monte de la rivière. Notre aviation avec son auda habituelle essaye de reconnaître les lieux de passag L'ennemi a jeté une dizaine de ponts. Deux entre Da mans et Treloup, les plus importants, ont 8 à 10 m tres de large. D'autres en face de Courthiezy et d Reuilly, vers Mezy, Jaulgonne, Chartèves et Nos équipages volant à 50 mètres les attaquent ave vigueur. Les rafales de mitrailleuses balayent les ponts causant un grand désarroi et des pertes Deux pont

Soilly

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