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paisse tranche carrée de pain blanc, recouverte de eurre et de confiture. Et nous les regardâmes tous ces kakis confortablement assis sous les arbres, par ropes, avec leurs assiettes neuves sur leurs genoux, lus étonnés maintenant, et plus surpris du tout, mais at en nous-mêmes l'impression triste d'être vraiment

en

parents pauvres » de cette immense armée, et nous en andant pourquoi, au lieu de légers ustensiles uminium, depuis plus de quatre ans, nous portions ns broncher des quarts et des gamelles en fer! Cruelle énigme, disait l'autre.

Et comme le soir descendait sur la vaste forêt paisikle, autour des baraques des groupes se formèrent, des sammies» entourant quelques poilus parlant un peu anglais; et le « sammie » expliquait dans un bel enousiasme : « Dites à vos amis que nous venons pour ire la guerre rapidement « quickly »; et nous vous verrons des hommes tant qu'il en faudra, jusqu'à ce xe ça soit fini. Nous avons beaucoup d'hommes en mérique. Nous venons pour vous redonner l'Alsacerraine... » et dans un élan généreux, le jeune kaki ita son petit calot en criant: «Hurrah la France ! » Autour de lui les habits bleus ne dirent rien. C'étaient ur la plupart des vieux, aux figures impassibles et ées. Ils regardèrent ces jeunes, frais et simples de vige. Et puis, ils regagnèrent la baraque, la pipe à la uche, lentement, comme toujours.

Mais ce soir-là, je crois, ils dormirent plus heureux.

Ils montèrent aux lignes un soir -un soir paisible et ais, à l'heure où le ciel jaunit d'un dernier reflet, làs, à l'Occident, derrière le rideau noir de la montagne. Sur la place où se cabraient quelques chevaux vicieux, général de brigade, une grosse étoile d'argent, coifi petit calot, se promenait, les mains dans les poches son grand pardessus kaki. Des lunettes d'or lui nnaient l'apparence d'un bon maître d'école surveilqpt dans sa cour les ébats de sa classe. Un sammie,

tant le brassard M. P. de la police, indiquait leur emin aux lourds camions. Quelques poilus, sur le seuil baraques regardaient la place, moins par curiosité te par habitude.

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e baluchon de voyage, la jugulaire au creux du menn. Etaient-ce là des hommes allant en première ligne n eut pu en douter, tant leur air était calme. Pas un onnement sur ces jeunes figures; pas même l'expreson d'une appréhension. Equipés magnifiquement, rélus d'eux-mêmes à bien finir la guerre ils y allaient issi simplement qu'ils l'avaient décidée.

Et les pelotons se suivaient, tous semblables, formant ans la pâleur du soir un groupe étrange couleur kaki, elque chose d'inaccoutumé avec ces casaques plats et rnes et ces courts fusils quelque chose qui nous inigait, et que pourtant nous regardions sans paraître arpris.

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Dans la forêt, la fumée bleue des cagnas se mouvait doucement en écharpes légères. Des groupes attardés de sammies allongeaient le pas pour rejoindre leurs sections. Dans la pénombre du crépuscule, ils formaient d'étranges silhouettes, ces Américains, auxquels le casque aplati et la jugulaire donnaient quelque chose de sauvage et de résolu à la fois. Un vent léger agita les branches noires des épicéas.

Un cycliste passa rapidement sur la route. Puis ce fut tout.

Et nous, vieux poilus fatigués et blasés, nous qui depuis quatre ans en avions pourtant vu des choses nouvelles; nous que rien ne pouvait étonner, impassibles et froids, nous avions regardé ces bataillons d'Américains s'en aller aux tranchées, là-bas, derrière le col; nous avions vu passer tous ces jeunes, venus de l'autre côté de la terre, pour défendre un pays qui n'était pas le leur, dans une guerre de laquelle ils ne tireraient rien, pour se faire tuer peut-être, et ressembler à ces hideux. cadavres que nous avions vus si souvent; nous les avions vu s'en aller lentement, dans toute la vigueur et l'entrain de leur bel âge, sans crainte, la figure énergi. que sous le casque aux grands bords, courbés seulement sous le sac nous avions vu tout cela ; et voilà, nous étions troublés.

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J. C. D., juin 1918.

Mémoires & Documents

La Pologne et la Convention

mourait. Un premier démembrement du pays avait eu Quand la révolution française éclata, la Pologne se lieu en 1772. Prusse, Autriche et Russie s'étaient mises d'accord pour réaliser leur acte de brigandage. L'impératrice Marie-Thérèse avait bien fait mine d'hésiter quelque temps. Elle avait traité de « monstres >> ses deux complices, le Prussien Frédéric II et l'Allemande Catherine d'Anhalt-Zerbst, impératrice de Russie, celle-là même qui faisait étrangler son gêneur de mari, le tsar Pierre III, et annonçait au monde qu'il était mort « d'une colique hémorroïdale compliquée d'un transport au cerveau ». L'Autrichienne, après beaucoup de jérémiades avait accepté une large part du « gâteau des rois >>, mais écrivait à son fils, le futur Joseph II : « Dans cette affaire où le droit évident crie au ciel, il faut reconnaître que, de ma vie, je n'ai été si angoissée... quel exemple nous donnons en prostituant notre honneur pour un misérable morceau de Pologne !... » Frédéric de Prusse y mettait moins de façon et plaisantait cyniquement en ces termes, dans une lettre au prince Henri, la collaboration des trois voleurs de religions différentes : « Cela réunira les trois religions grecque, catholique et calviniste la Russie, l'Autriche, la Prusse. Car nous communierons d'un même corps eucharistique qui est la Pologne et si ce n'est pas pour le bien de nos armes, cela sera sûrement un grand objet pour le bien de nos Etats. C'est ainsi que le 25 juillet 1772 « Au nom de la Très Sainte Trinité... et par crainte de la décomposition totale de l'Etat polonais (!!) ... » Marie-Thérèse avait mis la main sur la Galicie et le comté de Zips (2.600.000 habitants), Frédéric II sur la Prusse polonaise moins Thorn et Dantzig (700.000 habitants) et Catherine sur la région située à l'est de la Duna et du Dnieper (1.600.000 habitants). Bien mieux, les trois alliés avaient contraint par la violence la Diète polonaise et le roi à ratifier ce premier partage.

:

La Pologne avait dû s'engager encore en 1772 à ne pas modifier sa Constitution qui la menait à l'abîme. Le

3 mai 1791 elle adoptait cependant une Constitution nouvelle, qui, dans l'esprit de ses auteurs, devait rendre au pays menacé une part de sa puissance. La tsarine Catherine et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II prétendirent aussitôt que les Polonais n'avaient pas tenu les engagements pris vingt ans plus tôt, qu'ils se laissaient conduire par des «< conspirateurs jacobins, créatures de la populace ». C'est sous ce prétexte qu'en mars-avril 1793, fut réalisé le second démenbrement : la Prusse prit Dantzig, Thorn et toute la Posnanie jusqu'à 50 kilomètres à l'ouest de Varsovie ; la Russie s'empara d'un territoire immense de la Duna au Dniester. Après cette nouvelle amputation la Pologne indépendante ne comptait plus que trois millions et demi d'habitants.

Quelques mois plus tard, le 24 mars 1794 l'insurrection des Patriotes» polonais éclatait à Varsovie. Varsovie et Vilna chassèrent leurs garnisons russes. Nobles et paysans s'unirent pour attaquer les envahisseurs. Le mouvement était organisé par Kosciuszko, un officier qui s'était fort bien battu pour les Amércains aux côtés de La Fayette et de Washington et à qui l'Assemblée législative avait solennellement accordé le 10 août 1792 le titre de citoyen français. Tout d'abord il manoeuvra bien, s'empara de Varsovie où il résista un mois et demi aux troupes prussiennes. Du camp près de Stemniski, il rédigea deux proclamations. Dans la première : A la Nation polonaise, il disait : « Nation, donne l'essor à ton courage, à ton patriotisme, l'Eternel veille sur ta cause; toutes les âmes honnêtes répandues sur la surface du globe font des vœux pour toi... Prépare-toi aux victoires; prépare-toi aux revers; l'esprit de vrai patriotisme doit également conserver dans les unes comme dans les autres son calme et son énergie... » La seconde portait ce titre magnifique :

THADÉE KOSCIUZSKO

Commandant en chef de l'armée polonaise

AU BEAU SEXE POLONAIS!

«< Ornement de la nature humaine, y disait le général, ...tu ne dois pas ignorer ce que j'ai résolu pour le bien de la patrie et pour sa délivrance... Permettezmoi, concitoyennes, de vous adresser une pétition; que vos sentiments affectueux et tendres se laissent émouvoir. Vous ne pouvez manquer de reconnaître qu'une nation opprimée qui veut reconquérir ses droits et sa liberté ne le peut sans des sacrifices de chaque citoyen sans des sacrifices de chaque citoyenne... Femmes, quand notre sang coulera, que ce soit pour vous objet de sollicitude; faites de la charpie et des bandages pour l'armée; cette offrande de vos mains adoucira les souffrances de nos héros... >>

un

Le 22 avril enfin Kosciuszko adressait aux EtatsUnis d'Amérique, à la République française, à la Suède, au Danemark et à la Turquie, un fort beau manifeste, où il dénonçait la « rapacité » du roi de Prusse et de la tsarine Catherine, la trahison de certains Polonais vendus aux envahisseurs. Il disait le dessein des insurgés « de périr, ou de délivrer la terre de leurs pères d'une oppression féroce et d'un joug plein d'opprobre » et déclarait « à la face du ciel et de tout le genre humain, et surtout de toutes les nations qui savent apprécier la liberté au-dessus de tous les biens de l'univers, qu'en usant du droit incontestable de défense contre la tyrannie et l'oppression >> les Polonais entendaient réunir « dans un esprit de patriotisme, de civisme et de fraternité toutes leurs forces » et que « persuadés que le succès dépendait de leur étroite union, ils renonçaient désormais à tous les préjugés sociaux qui les avaient pu séparer jusqu'alors. C'était là un langage que les deux grandes

républiques sœurs, la France et les Etats-Unis d'Amé fique ne pouvaient manquer d'entendre.

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Une députation de « patriotes polonais » le répéta à la barre de notre Convention nationale dans la séance du septidi 27 thermidor an II, jeudi 14 août 1794 vieux style. Le discours prononcé en cette cir constance par l'orateur de la députation et complète ment oublié, mérite d'être rappelé aujourd'hui que les << patriotes polonais » viennent s'armer en France et combattre sur notre front du Nord-Est « Représen tants de la République française, dit l'orateur aux députés, vous voyez devant vous des Polonais pros crits par toute l'Europe. La seule terre de France été pour nous hospitalière; et ce fait seul prouverait que partout où est le despotisme, là est le crime, que partout où est la liberté, là se trouve la vertu.

» Jugez quels doivent être les sentiments que nous vous apportons au nom de nos frères dans un moment où vous venez d'ajouter un nouvel exemple à la car rière révolutionaire que vous offrez aux peuples da monde entier (1) ». Puis, l'orateur insistait sur les sen timents francophiles de ses compatriotes et montrait bien l'importance qu'avait eu pour le salut, pour h victoire de la France la diversion polonaise en Orient «Tandis que, parmi le nations de l'Europe, dit-il les unes s'armaient contre vous, et que les autres res taient étonnées sans oser ni combattre, ni embrasse vos principes, les Polonais, les premiers, ont senti justice de votre cause, et ils ont voulu se rapproche de vous EN DÉCLARANT UNE GUERRE A MORT AUX DES POTES CONJURÉS CONTRE LA FRANCE ET CONTRE LES DROITS DE L'HUMANITÉ. Ils n'ont calculé ni les forces de leurs ennemis, ni celles qui peuvent leur manquer à eux-mêmes. Le génie de la liberté a uni toutes les âmes et cette union sacrée a enfanté des miracles.

» Que la Pologne triomphe par sa propre énergie on qu'elle éprouve des malheurs abandonnée à elle-même son insurrection n'en aura pas moins été utile à la liberte de tous les peuples. >>

Et l'orateur de montrer justement le roi de Prusse « frappé de terreur au bruit de l'insurrection des Polo nais rappelant en 1792 ses troupes de France, la tsarine Catherine, employant en Pologne « tout l'or et le sang de ses peuples », et l'empereur, chassé par les « phalange républicaines » des Français comme une « vile poussie re », entrant « dans la ligue criminelle contre la Pologne pour essayer de s'y procurer encore toutes les ressources qui commencent à lui manquer et pour se venger de son impuissance contre la liberté du peuple français ».

Entrevoyant une sorte de société des peuples unis mal gré les rois et les empereurs le député polonais ajoutait « Trembles, tyrans de toute espèce; il n'appartient pla à quelques individus d'êtres les arbitres des destinus des nations; c'est encore moins de vos traités sanguina res que dépendront dorénavant leurs rapports recipe ques. L'identité des sentiments et des actions, la hain des ennemis communs, le triomphe d'une même cause ra prochent et unissent les peuples libres et voilà les naud sacrés qui lient déjà les destinées présentes et futures des Français et des Polonais. Malheur aux traitres qu chercheraient à les rompre ! Ils ne pourraient être que les complices des ennemis de la liberté, contre lesquels nous venons jurer ici une haine éternelle. »

Ces paroles pourraient être en vérité, prononcées au jourd'hui même, par une députation polonaise, devant notre Chambre des députés; elles ne paraîtraient guère vieillies, non plus que celles-ci qui suivent: « Les prin

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(1) Allusion au coup de force du 9 thermidor.

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ipes et les intérêts du peuple polonais sont la liberté, 2ndépendance et l'égalité; ceux de ses ennemis sont de perpétuer son oppression et son esclavage; mais les tyas et leurs complices passeront les peuples seuls sont temels.

En parlant ici pour la liberté de notre pays, nous emplissons la volonté de nos concitoyens, nos démarétant fondées sur leurs véritables intérêts.

La France et la Pologne, après avoir brisé tous ces nstruments des despotes, fraterniseront en paix et jouiont des avantages de la liberté et de l'égalité.

Les secours et les victoires deviendront solidaires ene les peuples libres »

Et pour finir, l'orateur, félicitait les citoyens repréentants de leurs victoires, les remerciait «< au nom du euple polonais, de tous les exemples de vertus qu'ils lui onnaient » et juraient enfin que leur peuple « ne souffriait jamais ni despote intérieur ni tyran étranger et ue les affections les plus tendres de la fraternité l'uniaient à jamais aux peuples qui auraient donné et à ceux ai auraient suivi l'exemple de la haine que les nations oivent aux despotes et aux oppresseurs.» Beau serment plennel auquel applaudirent vigoureusement les députés rançais, et que de nombreux Polonais aimeront à relire ujourd'hui.

Le président de la Convention nationale répondit en rmes chaleureux à la députation polonaise. Il souligna s liens moraux et politiques qui unissaient les deux euples, souligna leur idéal commun, comme il allait lendemain souligner l'idéal commun des deux répuliques soeurs la France et l'Amérique, en recevant James lonroe le nouveau ministre plénipotentiaire envoyé à aris par le président Washington. « Le machiavélisme lie et divise tour à tour les tyrans, dit-il; la fraternité it tous les peuples libres et leur union est immuable omme la vertu qui en est la base. Hommes libres de la ologne, c'est assez vous dire que vous trouverez tours en France autant de frères qu'il existe d'amis de liberté. Dites à vos concitoyens que le peuple frandis les contemple avec le plus vif intérêt, qu'il applaudit

done!

leur généreuse audace, qu'il reçoit toujours avec une puce émotion les nouvelles de leurs succès, et que son at le deur pour anéantir nos ennemis communs a pris un Suvel accroissement depuis qu'il sait qu'en combattant Four sa propre liberté il combat aussi pour la liberté ponaise; mais dites-leur en même temps que dans les randes révolutions les mesures faibles sont des sources

malheurs souvent irréparables; dites-leur qu'un roi, ême dans les fers, menace toujours la liberté; que les gres et les léopards ne s'apprivoisent jamais ; que quinque leur pardonne est l'ennemi du genre humain ; dis-leur surtout qu'une représentation nationale peut seule conduire au port, et que, s'ils ne se hâtent pas de la rmer, ils ne feront que changer de maîtres. >>

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breuses contre les peuples libres, il importe à ceux-ci d'admettre dans leurs rangs tous les hommes qu'un élan sublime appelle à combattre pour la cause sacrée de la liberté déclare qu'il y a urgencè... » Puis le Conseil prenait une résolution dont l'article 1er était ainsi conçu : « Le Directoire exécutif est autorisé à créer et à prendre à la solde de la République une nouvelle légion polonaise ». Cette légion devait comprendre quatre bataillons d'infanterie, quatre divisions de cavalerie légère, une compagnie d'artillerie légère. C'était donc un corps complet. Chaque bataillon était composé de dix compagnies dont une de grenadiers, une de chasseurs, huit de fusiliers, et chaque compagnie était à l'effectif de 123 hommes, soit un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent-major, 4 sergents, un caporal-fourrier, 3 caporaux, 2 tambours et 104 fusiliers. Chaque escadron comprenait deux compagnies de 116 hommes (capitaine, lieutenant, deux sous-lieutenants, un maréchal des logis chef, 4 maréchaux des logis, un brigadier fourrier, 8 brigadiers, 2 trompettes et 96 chasseurs). Un capitaine commandait la compagnie d'artillerie légère.

L'uniforme prévu était « l'habit court, bleu, collet, revers et parements lisérés rouges, gilet et pantalon bleus, lisérés rouges, boutons jaunes, demi-guètres pour l'infanterie, bottines pour la cavalerie et l'artillerie légère». La coiffure était le bonnet polonais surmonté d'un plumet ».

La légion était commandée par un général de brigade chef de la légion ayant sous ses ordres un adjudant général remplissant les fonctions de chef d'état-major. L'infanterie et la cavalerie étaient commandées l'une et l'autre par un «< chef de brigade » assistés de quatre chefs de bataillon et de deux chefs d'escadrons. Dans chaque compagnie les caporaux, les brigadiers, les sous-officiers et un sous-lieutenant étaient pris parmi les légionnaires, et nommés par leurs camarades suivant le mode établi par la loi du 14 germinal an III le Directoire choisissait les autres officiers parmi les officiers polonais réfugiés en France.

Quant à la compagnie d'artillerie son matériel comprenait deux pièces de 8, deux pièces de 4, deux obusiers. de six pouces, les ustensiles et pièces de rechange nécessaires et une forge de campagne.

L'état-major des unités était minutieusement réglé ainsi que le service de santé. La discipline, l'avancement et la solde étaitent les mêmes que dans les troupes françai

ses.

Et pour ceux qui voudront comparer les frais militaires de l'an VII et les nôtres disons que les dépenses prévues pour l'organisation de la « légion polonaise » montaient à 3.341.476 fr. 95, dont 1.172.950 francs de première levée, 88.933 fr. 70, solde des officiers des étatsmajors, 742.436 fr. 80 solde de l'infanterie, 180.564 fr. 80 solde de la cavalerie, 74.253 fr. 65, solde de l'artillerie. De plus on prévoyait des masses de 295.035 francs pour la boulangerie, 310.500 francs pour les fourrages, 138.240 pour les hôpitaux, 57.850 pour le chauffage... etc.

Après avoir pris les ordres du Directoire, le ministre de la guerre devait « désigner le lieu de l'armée du Danube où la légion devrait se rassembler. >>

Nous ne pouvons suivre la légion au front. Rappelons-nous seulement que déjà avant sa réorganisation en messidor an VI,les Polonais avaient si bien servi à l'armée d'Italie qu'un arrêté du Consulat de Rome leur restitua « l'étendard de Mahomet et le cimeterre de Sobieski ». Plus tard ce fut la période napoléonienne, où les troupes levées de Pologne par l'empereur se battirent bravement mais on la connaît mieux, tandis que l'entente cordiale, civile et militaire des deux révolutions française et polonaise demeure à peu près ignorée jusqu'ici.

ANDRÉ FRIBOURG.

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Donnant des coudes dans la cohue, effacé, lent, un peu lourd, ses yeux malicieux pointés sur les hommes et les institutions, il en découvrait, avec une surprenante variété, les travers, les ridicules et les tares. La paperasserie française a été pour sa verve lucide un trésor inépuisé. Et personne n'aura lu comme lui l'Officiel Il y découvrait les sujets de gaîté les plus intenses, puisqu'il est admis qu'il faut se hâter de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer.

Il en fit la démonstration dans une mystification qui restera le chef-d'œuvre du genre.

Il eut, un jour, la fantaisie de prouver à quel amour immodéré du bruit dans le vide s'ajoutait la légèreté d'esprit de nos hommes publics. Il inventait un fantoche, qu'il appelait le « Précurseur », et nommait Hégésippe Simon, et dont il citait la pensée la plus profonde : « Les ténèbres s'évanouissent quand le soleil se lève ». Ce grand homme, dont on n'avait jamais entendu parler, ne méritait-il pas d'avoir sa statue? Sénateurs et députés souscrivirent d'enthousiasme. Ils adhéraient, ils seraient là, ils prendraient la parole « pour s'associer à l'hommage rendu, disait l'un d'eux, à cette gloire de notre démocratie. >>

Quand la farce fut découverte, la France éclata de rire ! C'était plus qu'une mystification: c'était une moralité.

Nous ferons comme notre confrère et nous aurons la charité de ne pas rappeler ici les noms des « signataires imprudents ». Mais nous trouvons, comme lui, qu'on ne saurait y penser sans une certaine <«< inquiétude ». Car, enfin, Hégésippe Simon naquit à la gloire, et trouva d'illustres approbateurs six mois avant l'heure tragique qu'allaient vivre la France et le monde.

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Bretonneux et la Somme; les Australiens conquièrent auss une avance de 500 mètres sur 1.500 à l'est de Ville-sur-Ancre capturant plus de 1.600 ennemis et de l'artillerie. Des prisonniers sont ramenés par de

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LE 5 JUILLET. patrouilles entre Montdidier et l'Oise, en Champagne, sur rive droite de la Meuse, en Lorraine.

Front britannique contre-attaque ennemie repoussée su les nouvelles positions à l'est d'Hamel, et des prisonniers cap turés.

LE 6 JUILLET. Front britannique les Australiens avan cent sui 2.000 yards au nord-est de Villers-Bretonnew et les Anglais réussissent des raids ramenant des prisonnier près d'Hinges et à l'est d'Hamel.

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Front italien: l'ennemi est complètement rejeté du delta de la Piave, ce qui complète la victoire italienne avec la capture, depuis le 15 juin, de 24.400 prisonniers, 63 canons e d'armes et de matériel considérables.

Front de Macédoine les troupes françaises en liaiso avec les Italiens, s'emparent de la crête de Mali-Gjaspérit repoussant les contre-attaques et capturant des prisonniers.

Le comte Mirbach, ambassadeur allemand à Moscou, est assassiné par des inconnus, dans son cabinet, alors qu'il venai de négocier avec les Bolcheviks le concours armé de l'Alle

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LE 10 JUILLET. La résistance de l'ennemi est réduite e quelques points au nord de la ferme de Chavigny. Front britannique: Attaques locales enrayées à l'est d Villers-Bretonneux ; avance des lignes aux environs de Merris avec capture de prisonniers et de mitrailleuses.

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Enthousiasme

Si l'enthousiasme est une émotion extraordinaire de l'ame quel mot convient mieux au sentiment qu'ont éprouvé 4 juillet tous les peuples alliés, lors de la commune apothéos de leurs gloires et de leurs libertés.

De remarquables discours ont précisé la signification de cérémonie qui s'est déroulée à Paris dans le cadre le pl grandiose, et les circonstances ont voulu qu'aux manifesta tions du plus pur idéalisme s'associât le souci d'une tangib cbjectivité le jour même où, dans la langue qui convient l'expression d'un nouvel Evangile, le président Wilson fas connaître au monde les buts de paix des Alliés, un tele gramme, émanant de Washington, nous apprenait que le Tr sor des Etats-Unis venait d'ouvrir à la France un ove crédit de cent millions de dollars. Le total des crédits onver aux Alliés atteint à ce jour six milliards quatre-vingt deur

-millions.

Peut-on démontrer de façon plus saisissante l'importance rôle joué par l'argent dans la conduite de la guerre ? Petmarquer de façon plus frappante que, dans le labyrinthe de difficultés où elle s'attarde encore, la Victoire a besoin d'un fil d'Ariane, et que ce fil d'Ariane est un fil d'argent.

Ce fil, chacun de nous doit contribuer à le rendre chaque jour plus résistant par l'apport ininterrompu du montant de de causes, en Bons et Obligations de la Défense Nationale. ses disponibilités converties, pour les besoins de la plus sainte

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