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si on l'entraînait ou non du côté du puits.» Mais à ce moment une femme survint. C'était la maîtresse de la maison. Elle apaisa les particuliers; ouvrit la porte à La Tombelle qui partit sans demander son reste. Mami fut condamné pour menaces, violences et voies de fait, à trois mois de prison dans la maison de Biçêtre » De plus il fut ordonné que le jugement «< conténant extrait des faits énoncés auxdits procès-verbaux, serait imprimé au nombre de 500 exemplaires, affiché partout où besoin serait et notamment à toutes les places des voitures publiques ».

Ainsi fut puni le mauvais cocher Mami.

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Plus la Révolution avance et plus les cochers sont exigeants. Le prix de la course était de 24 sols et cependant on lit le 1er nivôse an II dans le rapport du policier secret Monic: « Les cochers de fiacre ne veulent pas marcher pour moins de 2 livres 10 sols par course; cette vexation des cochers de voitures publiques fait beaucoup crier les citoyens et c'est à quoi la police doit faire attention >>.

La presse elle-même s'en mêla. On lit par exemple dans le Miroir du 1er fructidor an IV (18 août 1796): « L'institution des fiacres est belle et tient moins aux avantages du luxe qu'à l'utilité indispensables dont ils. sont pour une grande ville. Lorsqu'il fait mauvais temps ou lorsqu'il fait chaud, ou lorsqu'on est pressé enfin, il est commode, il est utile, de se faire transporter du faubourg Saint-Antoine au faubourg Saint-Honoré et de ne point être obligé de perdre sa journée en chemin. Mais cette institution qui, sous l'ancien ordre des choses était avantageuse au peuple est devenue réellement et devient de plus en plus un objet de luxe dont il n'appartient plus à la médiocrité d'user. Autrefois, la commodité générale, on faisait faire une course à un cocher de fiacre pour 24 sols; c'était le tarif; si on lui en donnait 25 il vous comblait d'honnêtetés; aujourd'hui il exige 4 livres, 5 livres, et vous dit des sottises. Nous demandons si la police d'aujourd'hui ne pourrait pas, pour l'intérêt public, s'occuper d'un objet aussi intéressant, et si elle ne devrait pas, comme l'ancienne, borner l'insatiable avidité des cochers de fiacre >>. Nous nous permettons de poser exactement la même question à notre préfet de police.

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On taxa une fois de plus... les taxis de ce temps. Le Courrier républicain du 30 pluviôse an V (18 février 1797) écrivait : « Paris, le 29 pluviôse... Le bureau central par son arrêté du 7 brumaire, taxa le prix des courses des voitures de place. Les loueurs et les cochers ont constamment refusé de se soumettre à cet arrêté : «Ma voiture est ma propriété; je la loue ce que je veux ». Voilà le grand argument des cochers de fiacre. Une foule de plaintes contre eux ont été portées à la police; ils ont répondu et le bureau central a prononcé et maintenu la taxe... >>

Et voilà qui prouve que sous la veste et la, casquette de notre chauffeur de taxi, c'est bien le vieux fiacre du XVIII° siècle qui continue de vivre.

ANDRÉ FRIBOURC

ACCUSE DE RECEPTION

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GASTON DERYS, La Mariée malgré elle, roman (Albin Michel, 4 fr.). CHARLES LE GOFFIC, Le Pirate de l'Ile Lern (Pierre Lafitte, 3 fr. 50). PIERRE KHORAT, L'Officier, Hier, Aujourd'hui, Demain (Extrait du Correspondant). B. KEMMEL, Etude sur quelques réformes politiques et administratives. EMILE DERMENGHEM, La Vie affective d'Olivier Minterne (Crès, 3 fr. 50). Mgr SAGOT DU VAUROUX, Guerre et Patriotisme, doctines et conseils pratiques (Bloud et Gay, 3 fr. 50).

Théâtre & Musique

La musique depuis 1914 (1)

A tout seigneur tout honneur. Nous parlerons d'abord des deux dernières productions importantes de Gabriel Fauré, le maître des maîtres, à savoir la Sonate pour violoncelle et piano et la Deuxième Sonate pour violon et piano.

On sait que toute sonate régulière est un triptyque composé d'un Allegro, d'un Andante ou Adagio et d'un Finale, dans un mouvement animé. Parfois, entre deux de ces morceaux l'on introduit une autre pièce et c'est ainsi que Fauré avait intercalé un Allegro vivo entre le deuxième et le quatrième temps de sa Sonate pour piano et violon. Mais les deux nouvelles œuvres du maître se réduisent strictement aux trois temps sus-indiqués, reproduisant ainsi le dispositif du sublime Quintette.

En outre, depuis Franck, la sonate peut être cyclique, c'est-à-dire dépendre d'un thème générateur qui régit, ganique de l'œuvre. au moyen de multiples variations, toute l'économie or

Gabriel Fauré n'est pas attaché comme les disciples de Franck à cette forme cyclique, et apparaît plus classique. Le premier morceau est construit au moyen de deux motifs, dont l'un est le sujet, et l'autre une phrase de caractère. L'Andante est, si l'on veut, un thème de plus en plus richement varié. Enfin le temps final nous. présente un motif principal modulé maintes fois et repris après des divertissements rythmiques des plus plaisants.

Cependant une parenté étroite s'avère entre les formes les motifs, les rythmes des trois morceaux, et, en particulier, le Finale de la 2o la 2° Sonate Sonate pour piano et violon vient en coda affirmer le triomphe du sujet du premier temps, dans la même tonalité terminale de mi majeur, si lumineuse, étincelante, et décisive.

Unité rythmique dans la diversité des modulations, tel nous semble être le principe de l'art fauréen. Nulle part mieux que dans les deux Sonates de la maturité du maître, ce principe n'est mieux appliqué. La logique, la franchise, la netteté, la santé et la plénitude, toutes ces qualités éminemment musicales que l'auteur de Pénélope possède au plus haut degré, se trouvent ci réunies comme dans le beau drame lyrique auquel il faudra bien qu'un jour notre première scène ouvre sa porte. Et ce n'est pas au hasard que nous citons Pénélope. Car nous sommes frappés des analogies que présentent les rythmes essentiels de la Sonate pour violoncelle et piano avec ceux qui ouvrent le troisième acte de la merveilleuse partition, et les progressions insidieuses de la 2° Sonate pour violon et piano avec celles: qui expriment les poignants désirs de l'épouse d'Ulysse. On sent que Pénélope et les Sonales sont de la même veine, de la même époque. Elles nous révèlent un nouvel et même aspect de l'âme profonde et mystérieuse du Maître. Et je ne sais rien de plus impression-nant que cette rencontre de musiques de genres si différents, l'une dramatique, les autres pures, vers cet idéal séjour où l'on se dirige par des «< chemins perfides, douloureusement incertains >>.

Les deux Sonates contiennent la réalisation de tout ce qui préoccupa jusqu'à ce jour, depuis l'apparition de Debussy, nos chercheurs indépendants. Bien plus, Fauré dépasse Debussy de toute sa puissance de construction et de lyrisme. On ne peut jouer la Sonate pour violon et piano de l'auteur de Pelléas après la 2° Sonate de Fauré celle-ci écrase celle-là. Et c'est que Fauré, après avoir pressenti le debussysme, va plus loin encore(1) Voir l'Opinion des 8 juin et zo juillet.

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vions nos yeux du coin de nos mouchoirs. Boudure ré- et puissance dans une paille, à la manière de Bouin, pétait obstinément :

«Ah ! la garce !... la garce !... »

Nos regards retrouvèrent sur l'écran violâtre d'un coin de ciel la grosse bête balourde, qui avait brisé sa chaîne dans une bouffée de folie et se pavanait làhaut, frappée de stupidité et d'impuissance. Un courant la cueillit et elle le suivit avec docilité ainsi qu'un chien perdu son maître de hasard, en piquant parfois du nez contre des tourbillons invisibles. Des canons ennemis la prirent pour cible; mais elle voguait dans la direction des lignes et les Allemands dessèrent leur tir cependant que l'artillerie française tentait de la couler plutôt que de la laisser tomber, vivante, aux mains de ceux qu'elle avait épiés si longtemps, indolenté et sournoise.

-Oh! dit Boudure, ils ne piqueront pas le boudin... trop court..., long... à gauche... elle flaire les glinglins malgré qu'elle ait l'air aveugle, la barcasse pourrie ! Y a pas de point de repère ni de canevas de tir pour le ciel... ils lancent leurs pruneaux à la jugeotte... Oh! oh! vieux... elle a lâché une crotte... une crotte qui s'ouvre... une ombrelle quoi !... oui... une ombrelle...

Idiot, fis-je, c'est le parachute.

T'as raison, t'as mis dans le mille. On dirait un parapluie il s'est déployé à cinquante mètres audessous, d'un seul coup. Et s'il était resté fermé !... Voilà ce que je craignais; autrement j'aurais pris les les trente jours de permission. Mais ça s'épanouit pareil à une fleur, à un coquelicot gris... L'andouille, làhaut, continue à se brimbaler... Y a rien de si ballot qu'une péniche désamarrée, une poule devant un camion ou une saucisse en vadrouille.... Et le bonhomme ! Le bonhomme attaché par la ceinture, qu'on ne peut pas voir... Une descente de ce calibre, ça m'aurait fait vomir le fondement par les narines... Oui... je serais déjà arrivé dans la prairie que mes boyaux se baguenauderaient encore près de la lune. Tout de même, faut pas se sentir foireux pour préférer la plongée à l'atterrissage en Bochie. Tout ça pour sauver les papiers, pour pas se trouver cuisiné par les interprètes. Sacré sauciss'man! >>

L'observateur tomba d'abord perpendiculairement à la terre; puis la chute se ralentit; il demeura un moment en équilibre instable, semblable à une balise ou au bouchon d'un pêcheur, balotté, chaviré, tiraillé, minuscule jouet que se disputent les nuages; enfin le flux de l'air le porta sur la gauche, vers nous; parallèlement aux lignes, tandis que la saucisse filait vers l'ennemi dans les régions hautes. Il passa sur nos têtes; on le distinguait maintenant, marionnette suspendue à son ombrelle de soie par des brassières, une marionnette pleine de son, sans muscles et désossée

« Il est évanoui, il a perdu les estomacs, reprit Boudure, y a de quoi. Ousqu'il va tomber? Faut le suivre.... Ecoute le boudin se trouvait à cinq kilomètres d'ici, sur la droite, quand il a lâché sa crotte; le bonhomme, quand il a croisé sur nous, avait perdu à peu près la moitié de sa hauteur; donc il touchera terre à cinq kilomètres d'ici, à main gauche, sauf avarie ou catastrophe. T'as compris l'algèbre ? Il court moins vite maintenant; je veux voir ça; cavalons. Je me suis classé dans le Marathon amateurs de la Butte-auxCailles, l'année d'avant la guerre. Are you ready,

gentlemen? >>

Nous trottions à travers les fenaces, les savarts, les gaulis, coupant les chemins de terre qui lient, les macadams qui meurtrissent, les terres labourées aux piè ges gluants, les sapinières feutrées, escaladant les raidillons de nos courtes foulées, allongeant l'allure sur la déclivité des layons. Boudure soufflait avec lenteur

m'encourageait et m'aiguillonnait

« Tu rames, galette... réduis le développement, ça grimpe... Là ! hop! sur le bon terrain... une vraie cendrée... respire pas avec la bouche, tocquard !... Tu as trop fumé, t'as le cœur en chique... Oh! mince de record . Si on conserve le train, le bonhomme ne nous distancera pas... on a perdu à la montée... Vas-y, vieux! Mets-y-en un coup... Le cross des pépères, quoi ?... Il descend, il flanche... Oh! on ne le voit plus... Il est derrière la futaie... le rev'la... Il nous a décollés... je te ramène... Accroche-toi et ne respire pas avec la bouche, bon sang !... >>

Je m'abattis contre un pin rouge, à l'échine d'un monticule sableux, hors de souffle, le cœur battant comme une cloche. Boulure dévalait la pente dans le style. aisé d'un gas qui s'est classé au Marathon de la Butteaux-Cailles; un peu en avant de lui le parachute et le bonhomme balancé fuyaient, en obliquant vers la terre. Puis, de l'autre côté du val, mon compagnon s'éleva lentement, empêtré dans les herbes ; l'observateur franchit la crète le premier; ses pieds inertes parurent prendre contact avec le sol du versant. La tête de Boudure se découpa sur l'auréole du parachute, nuque enfoncée dans les épaules, calot rabattu couvrant les oreilles. L'ombrelle jaune s'abîma au delà de mon horizon; mon camarade occupa un instant tout le ciel, puis s'enfonça, trottant coudes au corps, dans la terre, par degrés.

Je poursuivais ma route à pas menus, les poings serrés contre mon cœur en désordre, le regard trouble, une barre à la gorge Très-loin, très-haut, ayant franchi la ligne de feu, la saucisse, éclairée par un nuage d'un violet sanguin semblait un poisson de Chine, nain difforme aux proportions de géant, un cyprin obèse et pourpré vu par le petit bout d'une lorgnette

Je traversai le ruisseau, au bas de la pente, sur un gué de pierres plates. La voix de Boudure me hélait : Ohé Ohé! Tourne à droite, enfile le premier sentier, grimpe la falaise....

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Ohé! Boudure! j'arrive...

Le bonhomme est là, il faut m'aider... ohé !

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J'obéis et quand je fus au-dessous de lui, j'aperçus une sorte de cadavre emmitoufflé de fourrures qui pendillait à mi-hauteur de l'arbre ; des gouttes de sang tombaient lentement et formaient déjà une petite flaque à mes pieds. Mon compagnon m'expliqua :

«Le parapluie s'est pris là-haut, dans le faîte et s'est déchiré; la ficelle rompue, le bonhomme a dégou liné en se cognant aux rameaux Par chance la sangle s'est nouée naturellement dans les branchages; peutêtre qu'il n'a pas été tué. Mais faudrait le déménager de son accrochoir. >>

Alors Boudure atteignit, par des rétablissements savants, le point où la corde s'enchevêtrait et formait une série de noeuds compliqués.

« Veine, murmura-t-il, y a de la longueur. »> Il s'allongea sur la branche qu'il serait violemment entre ses cuisses et ses chevilles, débrouilla le fil avec précaution, des doigts et des dents, puis commanda :

«Mets-toi dessous et pare aux avaros. >> L'observateur commençait à descendre, par petites saccades suivies de glissements. J'entendais le souffle

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Une tranchée toute fraîche est ouverte et, bientôt de nouveaux quartiers renaîtront. Volubilis était le noeud de la romanisation du Maroc intérieur, elle est aujourd'hui l'une des premières œuvres complètes du service des Beaux-Arts du Maroc. Ici, l'archéologie ne semble pas inutile, même en temps de guerre. Elle démontre a l'indigène que l'Etat protecteur ne se croit pas éphémère puisqu'il relève activement les ruines et, partout, répare la maison.

Un peu plus haut, apparaît Mouley-Idriss du Zerhoun, la forteresse du calvinisme musulman, centre d'une zaquia longtemps farouchement isolée.

En 787, Mouley-Idriss fuyant devant les Abassides, arrivait d'Orient et s'arrêtait à Oualili, l'ancienne Volubilis. Le rocher qui devint la nécropole du fondateur de l'empire du Maroc, le grand patron de Fez, est le plus surprenant des sanctuaires de l'Islam.

Ville sainte, à peine entrebâillée en de rares circonstances aux non-initiés, elle s'étage en gradins, s'élève à pic, utilisant chaque assise du roc. Ce morceau d'Islam suspendu au soleil, dans toute la magnificence de sa vétusté, semble plus immobile, plus figé que la cité détruite, sa voisine.

Il forme un reliquaire étrange, refuge du silence, palais de la rigidité. Il est rempli d'ombres invisibles qui ont pour seule mission de veiller sur ses fondations et de cultiver ses jardins. Une fois l'an, le anime ce sanctuaire. Le pèlerinage annuel anime ce sanctuaire. Le. moussem vient de finir, Mouley-Idriss retourne à sa contemplation.

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Dans ce Maroc si plein de vie, même à Fez où le fanatisme semble conjuré par le goût des affaires, ce pieux rocher fixé dans sa lente prière semble le dernier îlot du vieil Islam dédaigneux, emmuré; mais ici, comme à Fez, une toute-puissante influence s'est introduite au cœur de la place. Entre elle et le refuge des grands mécontentements, il y a un lien subtil et durable fait de sympathie mutuelle, de mutuelle compréhension. Cela seul explique comment le Maroc intérieur, traditionnaliste et, jusqu'ici, impénétrable, devient plus confiant.

A travers les ruelles étroites et raides où deux piétons ont peine à se croiser, commence une véritable escalade dans le contagieux silence que le mutisme des êtres et des choses répand autour de lui. Quelques burnous s'effacent contre le mur, des regards vous dévisagent sans hostilité quelques portes s'entrouvent même sous l'impérieux appel de la curiosité.

Au sommet du dernier raidillon, un toit fragile domine l'admirable symphonie verte et blanche. Vert émeraude des tuiles vernissées, vert sombre des figuiers, vert éteint des oliviers, blanc immuable de la chaux toujours fraîche. La cour intérieure de la grande mosquée apparaît. Cette plongée soudaine sur l'oasis de la prière qui scintille sous les premiers rayons du grand été, sans avoir encore perdu la grâce du printemps fugitif, est un éblouissement. Le voile jeté sur ce monde inconnu se soulève un instant.

Les étrangers ne doivent l'entrevoir que de loin presblâme que furtivement; ils sont tolérés à peine, un muet se glisse tout autour d'eux et les incite au départ. Mouley-Idriss appartient aux colombes et aux vrais

croyants.

Sur la piste qui conduit à Meknès, quelques attardés du moussem dressent leurs tentes pour une dernière halte sur les rives de l'oued, parmi les buissons de lau

riers roses en pleine floraison. Des troupeaux prennent le frais dans l'eau courante, les femmes étendent au soleil des étoffes qui jettent leur note vive sur le rose aigu des lauriers. Les chevaux en liberté gambadent follement dans l'herbe haute; des moissons ondulent tout près d'eux et le grand souffle d'air qui vivifie le Maroc. occidental passe et repasse sur ces pèlerins heureux.

Ils fêtent la récolte prochaine sa magnifique abondance. Ils savourent la sécurité des routes et regardent, sans terreur, la montagne d'où déferlait autrefois, à pareille époque, le torrent annuel des grandes dévastaBERTHE-GEORGES GAULIS.

tions.

La Presse comme elle va

A la Bourse du Travail

Un hasard obligeant m'ayant donc fait, au sortir de l'Institut, mettre la main dans une boîte des quais, sur l'annuaire 1968 du « Syndicat national des journalistes professionnels », je me rendis aussi vite que possible à la Bourse du Travail, où la brochure indiquait que ce Syndicat national » avait son siège. Et chemin faisant je feuilletai l'opuscule et je lus la liste des syndiqués arrêtée au 1er août 1908, des noms connus à plus d'un titre Jean Longuet, Paul-Louis-Marius Gabion, Albert Thomas, Maria Vérone, Ernest Gaubert, Mathias Morhardt, Jean Lefranc, Paul Souchon, Régis Gignoux, Louis Lumet, Jean Vignaud, de Pressensé, Bracke, Jules Bois, Charles Méré, Gustave Rouanet, etc. Eh! Eh! voilà un syndicat qui ne manquait pas d'allure et qui, dès ses débuts, donnait d'assez belles espérances. Il avait été fondé exactement le 24 janvier 1905, dans la salle des Commissions, au premier étage soyons précis de la Bourse du Travail. Le 10 mars suivant, une assemblée générale ratifiait les statuts sans plus attendre. Le 22 du même mois, la déclaration de constitution était faite à la préfecture de la Seine. Et les difficultés commencèrent.

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D'abord, les journalistes avaient-ils droit au bénéfice de la loi du 21 mars 1884 ? Un arrêt de la Cour de cassation du 27 juin 1885 n'avait-il pas décidé souverainement que la loi du 21 mars 1884 n'est applicable qu'aux ouvriers et salariés de l'industrie, du commerce et de l'agriculture? Or, les journalistes... Tout de même, à la date du 22 juin 1905, l'autorité préfectorale voulait bien reconnaître l'existence du « syndicat » (n° 2056). Mais il restait une inquiétude dans l'esprit des syndiqués puisqu'en novembre 1907, le secrétaire général, Pierre Tesche, rappelait encore à ses camarades que leur groupement, non prévu par la loi de 1884, était à la merci d'un caprice gouvernemental. Je m'empresse d'ajouter que le gouvernement n'eut à l'égard des journalistes syndiqués aucun caprice. Capricieux, ce sont les syndiqués qui le furent. Ils suffirent à se dissoudre

cux-mêmes.

vaine

En juillet 1905, le « Syndicat national » soulevait un premier incident, et vous allez voir qu'il avait de son rôle et de son action une conception dont le caractère pratique mérite d'être signalé à notre actuel «< Syndicat» de la rue de Châteaudun, occupé un peu ment jusqu'ici à lancer des proclamations tapageuses. qu'on puisse dire est qu'ils font sourire, ces «< codes ››... et à rédiger des « codes de l'honneur » dont le moins Il s'agissait, en juillet 1905, du congédiement par le journal l'Humanité de la plupart de ses rédacteurs et de l'indemnité qui leur était due. Le « syndicat» s'empressa de poser le principe de l'indemnité de trois

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