Nicolas Colombel, l'imitateur du Poussin, et le Polonais Alexandre Ubeleski, en laissant de côté quelque noms plus obscurs encore.

encore plus d'avantage, et qui tire un nouveau lustre de ces fonds couverts d'un vermeil tendre, et dont le glacis agréable sert également à conserver l'ouvrage et à y donner tout ce qui fait plaisir à voir; mais le tout ensemble auroit été sam effet, si le sculpteur, curieux de son ouvrage, y eût épargné le temps nécessaire pour faire revivre par ses recherches ce que le blanc, par ses différentes couches, pouvoit avoir en

Les peintres de portraits étaient surtout représentés par deux rivaux: Largillière, avec une immense composition, figurant « les hommages rendus à la duchesse de Bourgogne, par messieurs de la Ville de Paris, dont tous se reconnaissent l'un l'autre, tant ils sont naturellement repré- ❘ quelque façon fait mourir ».

tés », et douze portraits, parmi lesquels celui du président Lambert, dont le nom est resté attaché à l'hôtel qu'il avait fait décorer par Lesueur et Lebrun; François Detroy luttant avec vingt-quatre portraits qui rappelaient pour la couleur ceux de son maître Claude Lefebvre. Venaient à la suite Garnier, dit l'Allemand, de Lamare Richard, André Bouys qui avait peint Boileau, et la célèbre Sophie Chéron, à qui ses talents en peinture et en musique, avaient valu le titre d'académicien, et qui exposait le portrait de la savante madame Dacier.

Les paysagistes de cette époque n'ont pas laissé d'œuvres originales; leurs tableaux se confondent dans la suite des imitateurs du Poussin. L'un d'eux, Jean Forest, beau-père de Largillière, exclu de l'Académie comme protestant, à la suite de l'édit de Nantes, venait d'être réintégré; il était amateur autant que peintre. Les grands travaux de décoration exécutés pour les palais de Louis XIV, avaient été plus favorables aux peintres de fleurs et d'animaux. Baptiste Monnoyer venait de mourir ; mais Blain de Fontenay, Baudesson et Huilliot avaient hérité de ses talents; enfin Desportes, qui était le dernier admis, avait donné pour morceau de réception son portrait en pied avec du gibier mort. << Mais, dit Florent Lecomte, quoiqu'il y en ait suffisamment pour se régaler lui et ses amis, il paraît encore d'humeur d'en avoir d'autres. >>>

Les graveurs étaient peu nombreux, mais les expositions postérieures ne purent jamais montrer d'œuvres comparables à la sainte famille d'Edelinck, au Cadet la Perle et à la Nappe de Masson, qui figuraient à celle de 1699; les autres graveurs étaient Baudet, Picart le Romain et Vallet.

Nous terminerons cette rapide revue par une dernière citation de Florent Lecomte, qui prouve qu'alors, comme aujourd'hui, les artistes savaient apprécier l'effet qu'un beau cadre peut ajouter à leurs œuvres. « Les bordures de ces tableaux, en général, étoient composées de moulures si propres à recevoir les ornements dont ils étoient enrichis, que l'on ne pourroit souhaiter une plus grande union, et que, dans ce genre d'ouvrage, les yeux et l'esprit ne peuvent en demander davantage sans s'exercer à souhaiter l'impossible; quant à la manière dont elles sont étoffées, leur agrément ne consiste pas seulement dans ce bel or qui brille aux yeux, mais dans ce repos doucement interrompu par de certains éclats de bruni sur des extrémités qui en relèvent le mat avec

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A propos de cinéma

Cependant que l'Amérique nous dépêchait une importante personnalité de l'industrie cinématographique, un de nos compatriotes, établi depuis longtemps aux Etats-Unis, traversait aussi l'Océan pour rendre visite à la terre de ses pères. Accompagné de sa fiancée, miss Katherin Carver, Adolphe Menjou est venu se marier en France. Cette attention doit nous toucher, quand d'autres oublient un peu vite le sol qui a nourri leur race. Les journaux ont consacré de nombreuses colonnes à cet aimable couple d'artistes. Nous savons à présent les goûts et les projets des futurs conjoints. Nous savons surtout comment est composée la garde-robe d'Adolphe Menjou, qui passe à bon droit pour un modèle d'élégance. La gloire n'a pas de petits côtés.

Il faut au moins admirer notre compatriote d'avoir su garder à Hollywood une allure, un chic... et une moustache, qui, là-bas, sont un peu le symbole de notre civilisation. Si la moustache fut longtemps, outre-Atlantique, le détestable attribut des traîtres, promptement dépistés à ce signe par les spectateurs, Adolphe Menjou l'a réhabilitée avec éclat.

Dans les premières scènes de son plus récent film, Un Homme en habit, actuellement projeté au Caméo, l'excellent artiste paraît même avec une barbe qui lui donne une certaine ressemblance avec Henri IV. Hélas! malgré cette flatteuse évocation, pas de salut possible devant un public américain: un personnage aussi barbu, c'est-à-dire aussi ridicule, mérite sans merci le mépris des femmes. On ne peut prétendre à leurs faveurs qu'avec un menton glabre. Et Menjou est obligé de se raser pour redevenir séduisant.

Mais il a d'autres titres à la célébrité que de porter la moustache avec. autant de grâce qu'autrefois Edmond Rostand, ou de boutonner dans le dos ses chemises de soirée : il possède un jeu d'une souple intelligence, tout en nuances, dont Charles Chaplin, le premier, apprécia la juste valeur. C'est ainsi que

certain tour particulier aux pays d'Europe, destiné à leur concilier la faveur des publics de ces pays. Les occasions ne manquèrent pas à Menjou d'employer ses qualités latines. Beaucoup des œuvres où il a tourné sont adaptées de pièces qui furent applaudies sur notre boulevard. Dans presque toutes, il représente un personnage d'une élégance française, le type du galant homme dans toute la force de l'expression.

Voilà toujours un peu de propagande faite en notre faveur : Menjou est apprécié dans le monde entier. Il ne faut pas chercher noise pour des détails aux réalisateurs américains et leur reprocher de voir souvent Paris selon l'optique de Hollywood. On a déjà pu noter, lors de la projection, à l'Electric-PalaceAubert, d'une amusante comédie intitulée la Brune ou la Blonde, des formalités de mariage et de divorce vraiment peu compatibles avec notre procédure. A propos d'Un Homme en habit, on aperçoit encore sans mal une certaine couleur américaine portée sur la pièce de MM. Picard et Mirande. Il est vrai qu'elle ne vient que de quelques traits de la mise en scène. Passons donc sur la conviction où sont les Américains que nos ameublements sont à jamais exclus des tentatives rénovatrices de l'art moderne. Négligeons le chapeau haut de forme qu'un huissier croit devoir arborer pour mieux saisir l'insolvable. Ne comptons pas les réconfortantes claques sur l'épaule que, comme au spectacle d'une course à Indianopolis, se prodiguent les personnages du film.

Considérons plutôt les scènes charmantes où paraissent de charmantes personnes, notamment cette petite femme de Montmartre, que Louise Brooks incarne avec infiniment d'espièglerie. Pour tant d'Espagnoles, de girls ou de Slaves, en réalité natives de Ménilmontant, voilà une Montmartroise du Massachussetts (ou de quelque autre Etat de l'Union), très nature. Et puis, la vue d'Adolphe Menjou nous pénètre d'indulgence. Nous comprenons mal le dédain qu'éprouve Mme de Lussanges, sa femme dans le film, pour une barbe qui ne lui enlève rien de son allure ni de sa race. Au contraire, dirait l'ombre du Béarnais. Néanmoins, Menjou retrouve bientôt son aspect coutumier et nous séduit par sa hautaine nonchalance et un air de grand seigneur habitué des restaurants de nuit, où la tenue de soirée est de rigueur. Mais, dans son cas, la rigueur est particulièrement grave, car l'huissier en haut de forme ne lui a laissé pour tout vêtement qu'un frac de bon faiseur. Par bonheur, c'est la tenue qui plaît à sa femme, puisque éloignée du barbu gentilhommefermier qu'il était d'abord, elle tombe dans les bras de son mari rasé (sauf la moustache !) et débarrassé de ses frusques

Menjou, qui, jusque-là, était un acteur sans grande notoriété, campagnardes, pour devenir < Un Homme en habit ».

sinon sans optimisme, arborant en toutes circonstances, selon sa propre expression, « un sourire bien habillé », fit une création sensationnelle dans l'Opinion publique, de Charles Chaplin. Partout, en Amérique comme à Paris, où le film fut projeté en exclusivité à l'Aubert-Palace, le succès fut éclatant. C'était le commencement de la gloire : l'auteur obscur était sacré vedette. Dès lors, Adolphe Menjou fut le principal interprète d'un grand nombre de productions, des comédies pour la plu- écrivain, d'un homme politique, d'un personnage connu qui part, où son fin talent faisait merveille.

JACQUES ANTONY.

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