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ECE QU'ON DITE

L'almanach de Gotha.

Tout jeune, tout petit, il était sans malice, cet almanach saxon. C'est ainsi qu'il se déclarait en sous-titre << pour l'usage de l'amusement ». Mais à peine âgé de vingt ans, il était déjà assez fort lui-même pour enseigner << la manière de saluer et de témoigioi son respect » et les << différents souhaits à exprimer lors d'un éternuement ». Un peu plus tard, il acquit plus d'expérience; à trente ans, il enseignait l'art de faire « des déclara tions d'amour chez divers peuples. »

C'était le côté poétique du jeune almanach. Mais il avait aussi son côté réaliste, « le cours du jambon fumé de Saint Pétersbourg » et le « prix courant de la bière de Saxe ». Mais les événements surviennent avec la fin du XVIIIe siècle. Adieu les billets d'amour et le jambon fumé! Le mot « pour l'amusement » disparait même du titre. A dater de 93, ce titre dit que désormais l'almanach sera << seulement utile ». C'est qu'alors on ne pouvait plus songer à s'amuser.

Avec le XIXe siècle, l'almanach de Gotha devient exclusivement généalogique, diplomatique et statistique. On y laisse les gens éternuer sans compliment. Il ne vit plus que de faits. A dater de 1815, il se prélasse à l'aise dans la paix et les restaurations. Il donne, chaque année, les portraits des personnes impériales et royales, et livre ses pages à l'historique des grandes maisons européennes. Empereurs, rois, princes, souverains, et toutes leurs cours, occupent le petit livre saxe-cobourgeois.

Une mauvaise compagne électorale.

Le tribunal de La Rochelle va être appelé à trancher une grave question de droit en matière de divorce.

Un mari intente une action en divorce contre sa femme. Séparé de fait depuis plusieurs années, l'époux avait été candidat à une récente élection. La femme assista à certaines réunions, et au premier rang nargua son mari, tout en applaudissant ouvertement ses concurrents.

Le tribunal est saisi de ce point de droit : quelles sont les obligations de la femme mariée en période électorale ? Son devoir est-il de soutenir son mari? Manque-t-elle à ses devoirs en applaudissant ses adversaires?

De l'utilité du rhinocéros.

Du temps de Louis XIV, le médecin de Mlle de la Vallière, Charles Biron, avait découvert que les cornes, les dents, les ongles et le sang du rhinocéros sont des antidotes contre tous les maux.

Voici ce qu'on lit dans un de ses mémoires :

<< On se sert de son sang pour fortifier le cœur, pour toutes les maladies contagieuses, parce qu'il excite forte

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Quelques réponses d'écoliers anglais.

On nous a souvent répété que le Français etait individu qui ignorait l'histoire et la géographie. N avons pris quelque malin plaisir à constater que certa élèves de lycées anglais sont assez Français sur ce poi

Nous venons de feuilleter en effet le magazine de Grammar School de Brighton, qui est une des meilleu écoles secondaires du Royaume-Uni. Nous voyons qu y a noté certaines réponses d'élèves interrogés sur div ses questions.

Plusieurs, songeant sans doute à Lindbergh, ont é que l'Atlantique avait été traversé, en avion, par Hinde burg.

D'autres assurent que le Victory fut le vaisseau-ami de Nelson à... Waterloo !

Plus original, enfin, un de leurs camarades confonds « Victory », nom propre, avec « victory », nom comm a remarqué que c'est à la fin de la dernière guerre qu' a surtout parlé de « victory ».

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AFFAIRES EXTERIEURES

Bilan diplomatique de 1927

Cette année qui vient de mourir embarrassera sans doute es étudiants d'histoire diplomatique qui chercheront plus ard à la qualifier d'un mot.

Depuis la guerre nous avons eu l'année de Versailles, année de Washington, l'année de la Ruhr, l'année de Locarno, d'autres encore faciles à caractériser. Il faudra, ans doute, se résigner à nommer simplement 1927 : une nnée de transition.

Pendant ces douze mois, on a vu, en effet, s'écrouler uelques-uns des derniers pans subsistant de l'édifice du nonde antérieur à la guerre ; on a vu aussi s'éclaircir par ndroits les brumes chaotiques étalées sur le monde d'aprèsuerre; certaines constellations ont achevé de se disperser ; a cristallisation de certaines autres s'est précisée. L'ordre ouveau si laborieusement et souvent si infructueusement herché a paru se dessiner avec un peu plus de netteté. Bien es points d'interrogation, certes, subsistent, et bien des ujets d'inquiétude. Mais enfin il y a, dans l'ensemble, un eu plus de clarté dans les esprits et un peu plus de paix lans les cœurs.

Il ne faut, d'ailleurs, rien exagérer, ni surtout rien brusuer. Cette pacification dont il nous plaît de saluer quelques gnes précurseurs, elle ne se précisera que par un lent et ifficile processus.

Vouloir, avant l'heure, l'imposer par des textes rigides, est moins la hâter que la retarder.

On l'a vu à Genève, l'année passée, dans deux circonsances mémorables à la Commission préparatoire du lésarmement et à la Conférence pour la limitation des mements de mer.

La première, réunie au mois de mars sous les auspices rects de la Société des Nations, s'est épuisée en considéraions générales et en travaux statistiques dont la masse a nal masqué l'inutilité; elle a tenu tout récemment une ouvelle session qui n'a guère servi que de prétexte aux Soviets pour une offensive de propagande. Théoriquement, He poursuit sa tâche, mais l'aboutissement en paraît encore incertain.

Quant à la Conférence navale, assemblée au mois de

c'est par un échec avoué qu'elle s'est terminée. La ance avait sagement refusé d'y prendre part. Les EtatsJa, l'Angleterre et le Japon y sont seuls demeurés face à Les trois délégations se sont séparées non sans aigreur.

et le seul résultat visible de leurs travaux a été un renforcement considérable des forces navales américaines.

A vrai dire, le désarmement, et plus spécialement le désarmement de l'Europe, demeurera une chimère tant qu'il subsistera un gouvernement dont la politique a pour objet à peine dissimulé la subversion de tous les autres gouvernements, la destruction des principes sur lesquels ils s'appli quent et l'insurrection de leurs colonies.

Ce gouvernement est celui des Soviets.

Toutefois 1927 a vu s'accentuer l'évolution du bolchevisme officiel vers un nationalisme agraire et << petit bourgeois » n'ayant plus du communisme que le nom. Cette évolution a déterminé un conflit aigu entre les bolchevistes nantis et les << purs » de l'opposition. Ceux-ci, dont Trotzky et Zinovief sont les chefs les plus marquants, ont été provisoirement réduits au silence, mais ils demeurent menaçants et leur simple existence suffit à empêcher le gouvernement de Staline de répudier officiellement les principes bolchevistes; elle l'oblige aussi, pour faire diversion, à poursuivre à l'extérieur une propagande destructive.

Pourtant, au cours des douze mois qui viennent de s'écouler, cette propagande semble avoir sensiblement perdu de sa vivacité. Nous verrons tout à l'heure l'échec qu'elle a récemment subi en Chine. Elle n'a été plus heureuse ni dans les Balkans ni sur les confins polono-lithuaniens, deux points sensibles de l'Europe où une irritation persistante risque à chaque instant de s'envenimer.

Dans les Balkans, la mort prématurée du roi Ferdinand n'a pas entraîné en Roumanie les secousses politiques qu'on souhaitait sans doute à Moscou et ailleurs. Débarrassée de la dictature du général Pangalos, la Grèce poursuit sa politique traditionnelle d'équilibre et d'amitié avec les grandes puissances méditerranéennes.

Quant à la Yougo-Slavie, elle a su éviter que les différends qui la séparent de l'Italie ne dégénèrent en conflit aigu. A vrai dire, au cours de 1927, plusieurs chaudes alertes ont éclaté de ce côté et tout danger est loin encore d'être conjuré. Mais, en diplomatie, gagner du temps, c'est souvent gagner la partie.

Sous l'énergique gouvernement du maréchal Pilsudski, La Pologne, en face des provocations lithuaniennes,a, elle aussi, conservé son sang-froid. Le Conseil de la Société des Nations, au cours de sa dernière session, a donné au conflit polono-lithuanien une solution au moins provisoire. Ce fut, pour l'institution de Genève, un succès marqué et un échec pour Moscou. Cet échec n'empêche d'ailleurs pas le gouvernement soviétique, de poursuivre, au sein des petites républiques baltes, sa politique tortueuse et dissolvante.

Dans la distribution des prix de sagesse il ne faut pas oublier M. Mussolini. Si l'on considère, en effet, la tempé rature de « fièvre permanente » à laquelle est voué le fascisme, si l'on considère l'excitation que sa presse officielle prodigue à ses lecteurs, on doit reconnaître que le Duce a eu un mérite particulier à ne pas se laisser entraîner soit à l'égard de la Yougo-Slavie, soit même à celui de la France, à des gestes agressifs. M. Mussolini n'est évidemment pas de ces conducteurs d'hommes qui

'disent: « Je suis leur chef; il faut bien que je les suive. » L'Europe peut s'en féliciter.

Cette modération relative, sinon de l'opinion italienne, au moins du dictateur de l'Italie, rendra sans doute plus aisées les conversations qui, par la voie des chancelleries, vont s'engager incessamment entre le Cabinet de Rome et celui de Paris. Ces conversations seront vraisemblablement laborieuses, mais avec de la bonne volonté de part et d'autre et de la patience, elles doivent aboutir; ou alors ce serait à désespérer du bon sens latin.

L'autre grande péninsule méditerranéenne, l'Espagne, a elle aussi conservé son gouvernement dictatorial et elle en paraît elle aussi satisfaite. Mais, tandis que le régime mussolinien s'ancre de plus en plus dans le fascisme intégral, celui du général Primo de Rivera tend vers la «< normalisation >>.

La réunion, au mois d'octobre, d'une Assemblée nationale (nommée, il est vrai, et non élue) a marqué sur cette voie une étape significative.

Si les gouvernements dictatoriaux semblent solidement accrochés sur les bords de la Méditerranée, par contre dans le nord de l'Europe on enregistre des progrès socialistes marqués. Ces progrès se sont affirmés notamment à l'occasion des dernières élections générales norvégiennes et des élections partielles qui ont eu lieu, en 1927, en Angleterre comme en Allemagne. Il est possible que les élections générales qui interviendront, en 1928, dans ce dernier pays, soient nettement favorables aux partis de gauche. Si ce glissement n'est pas trop accentué, il fortifiera la politique de M. Streseman laquelle s'est de plus en plus affirmée comme opposée aux revendications des nationalistes extrêmes.

Cette modération a valu à la délégation allemande de jouer un rôle très important dans les délibérations de l'Assemblée des Nations. Voici l'Allemagne définitivement rentrée dans le concert européen. Ce peut être un facteur de paix, ce peut aussi en être un de tout autre chose : un proche avenir en décidera.

Menacé par la perspective d'élections dont la date 'demeure d'ailleurs encore incertaine, le gouvernement conservateur de M. Baldwin n'en a pas moins pratiqué résolument à l'extérieur la politique classique du torysme anglais.

En repoussant une fois de plus le protocole de Genève, Sir Austen Chamberlain a de nouveau afirmé la doctrine du « splendide isolement ». Cette doctrine n'est, heureusement, dans l'esprit peu logique des Anglais, pas incompatible avec une étroite amitié franco-britannique. Aussi bien est-ce jadis un gouvernement conservateur qui a jadis conclu l'Entente cordiale, cette Entente cordiale dont la visite faite à Londres, au mois de mai dernier, par le président de la République française semble avoir marqué de

renouveau.

Le voulût-il, John Bull ne pourrait plus pratiquer exactement comme autrefois le « splendide isolement ». Il lui faudrait en tout cas compter avec l'Oncle Sam dont les dollars sont indispensables à la stabilité du marché monétaire britannique,

C'est pour complaire à ce parent exigeant que Jean B1 a accepté de se rendre à la Conférence Navale et s'il refusé, en final, de s'incliner devant les prétentions amé caines, c'est que celles-ci étaient bien véritablement ex gérées.

De plus en plus, en effet, les Etats-Unis tendent à se co sidérer non seulement comme le régulateur financier et éc nomique du monde, mais comme son régulateur moral. < sentiment qui se conjugue curieusement avec le refus prendre à l'égard de l'Europe aucun engagement défini, traduit par l'affirmation implicite qu'eux, Etats-Unis, ont droit de faire ce qu'il leur plaît tandis que les autres n'ont droit de faire que ce qui paraît conforme au canon moral Washington.

Cette affirmation s'est traduite en 1927 avec quelque br talité par l'occupation militaire du Nicaragua. On en trou une expression jusque dans le projet actuellement à l'étu de pacte franco-américain; projet aux termes duqu toutes les questions pouvant s'élever entre la France et 1 Etats-Unis seraient soumises obligatoirement à l'arbitrag sauf toutefois celles qui mettent en jeu la doctrine Monroë.

Les élections présidentielles qui vont avoir lieu cet année pourront peut-être légèrement influer sur la politiqu extérieure des Etats-Unis. L'obstination de M. Coolid dans son refus de poser à nouveau sa candidature rer possible (mais nullement certaine) l'élection d'un préside démocrate, c'est-à-dire d'un président moins faroucheme << américain cent pour cent ». Mais l'Europe, comn l'Amérique du Sud, feront bien de ne pas trop miser s cette carte-là.

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L'année 1927 a vu les intérêts de celles-ci et la vie mên de leurs nationaux menacés gravement en Extrême-Orien On a pu craindre un moment que la xénophobie chinoi attisée par la propagande soviétique n'aboutît à une liqu dation complète et sanglante des établissements europée dans l'ancien Empire du Milieu. La fermeté de l'Angl terre a commencé à enrayer le désastre; l'anarchie mat rielle et morale de la Chine contemporaine a fait le rest Aujourd'hui, les agents des Soviets sont chassés de la plɩ grande partie du territoire chinois et les Occidentaux, comm les Américains, n'y sont l'objet que d'hostilités sporadique

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Mais, dans cet immense pays de trois cent cinquante millions d'habitants, qui ont perdu leurs traditions et leurs principes millénaires et ne les ont remplacés par rien, toutes les surprises demeurent possibles, et tous les cataclysmes.

C'est aussi un certain recul des doctrines bolchevistes qu'il faut enregistrer aux Indes et dans le proche-Orient. Là, la Turquie kémaliste s'affirme de plus en plus comme un facteur d'ordre et de stabilité.

Cette diminution de l'effervescence qui, au cours des années précédentes, avait agité le monde de l'Islam ne saurait manquer de se répercuter heureusement sur les colonies ou les protectorats peuplés de musulmans que les puissances européennes détiennent dans l'Afrique du Nord.

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Et voici achevé notre rapide tour diplomatique de l'année et du monde.

Il nous reste à rappeler que dans ce concert souvent discordant, la France a joué sa partie, sans beaucoup d'éclat peut-être, mais avec application et sans fausse note.

Abstention à la Conférence Navale, rôle actif tenu au contraire à la Société des Nations, conseils de modération donnés tant à Belgrade qu'à Varsovie à l'occasion du différend italo-yougoslave et du différend polono-lithuanien, resserrement de l'entente avec l'Angleterre, bonnes relations entretenues avec l'Allemagne, sans que ces bonnes relations aient eu pour contre-partie une évacuation anticipée des territoires rhénans, renvoi de l'ambassadeur-propagandiste Rakowsky, amorce de conversations avec l'Italie et avec les Etats-Unis, ce sont autant de démarches qui ne traduisent sans doute pas une « politique de magnificence », mais qui semblent avoir été inspirée par une compréhension vériable des possibilités de notre pays et de ses intérêts perma

ents.

1927 est mort. Vive 1928 si cette année doit apporter à me Europe recrue de fatigue, d'émotions et de misères, un peu de calme, de confiance en soi et de prospérité.

JACQUES CHASTENET.

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NOTES ET FIGURES

Manuscrits d'outre-tombe

On connaît la curiosité, plus que bienveillante, du célèbre écrivain anglais Sir Arthur Conan Doyle, pour tous les phénomènes qui relèvent de la métapsychique et de l'occultisme. Tout dernièrement, il a pris nettement position dans une curieuse question de messages, écrits de l'au-delà. Trois cas lui paraissent typiques: ceux de Dickens, d'Oscar Wilde et de Jack London.

Dickens a laissé un ouvrage inachevé: Edwin Drood En 1873, un médium américain, du nom de James, ouvrier typographe à Brottleboro, un village du Vermont, étant en état de transe, a couvert spontanément de nombreux feuillets soi-disant sous le commandement de Dickens. Sir Conan Doyle donne en regard, dans son étude, deux passages du récit de Dickens et deux, écrits par James. Il est incontestablement difficile d'y reconnaître une différence appréciable. La pensée et le style sont, dans les passages transmis, véritablement du pur Dickens;(surtout dans les expressions typiques, et jusque dans l'orthographe à l'anglaise, contrairement à l'usage américain, de certains mots. L'hypothèse d'une géniale parodie due à une profonde connaissance de l'œuvre de Dickens est insoutenable, en l'espèce, étant donnée la personnalité de cet ouvrier, nullement spirite, d'ailleurs, et fort peu cultivé.

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Pour Oscar Wilde, le cas paraît encore plus frappant à Sir Conan Doyle. M. Werner Laurier vient de publier, sous le titre Messages psychiques d'Oscar Wilde, une série de pièces transmises par la main de Mrs. Dowden, qui n'est nullement un médium de profession. Sir Conan Doyle déclare que ce n'est pas là « seulement du Wilde typique, c'est de l'exquis Wilde ». A côté de ce style d'une poésie unique et surprenante, on y retrouve l'humour élégamment cynique de l'impénitent dandy. Wilde aurait fait savoir qu'il transmettait ces messages, afin que le monde sût qu'il n'était pas mort, mais qu'il vit « dans le cœur de tous ceux qui sont sensibles à la beauté des formes et des sons, dans la nature ». Voici un message obtenu par le truchement du médium, dans la séance du 8 juin 1923 :

« Je suis un voyageur. J'ai erré par le monde, cherchant des yeux par lesquels je pusse voir. A certain moment, il m'est donné de pouvoir percer ce voile étrange d'obscurité, et à travers des yeux pour lesquels mon secret reste caché, j'admire à nouveau la grâce splendide du jour. »

C'est Edward Païn, un ancien ami intime de Jack London, qui, par l'intermédiaire d'une dame de la société dont il garantit la bonne foi, aurait recueilli également des messages de l'au-delà transmis par le défunt romancier. Sir

Conan Doyle en donne des exemples qui sont frappants comme caractéristiques du style de Jack London. Il y a également de curieuses réflexions philosophiques, comme celles-ci :

« La mort m'a appris ce que la terre me cachait. Je regarde la mort depuis l'autre côté, sa douce et amicale face. Et la vie est indestructible. Il n'y a pas de catastrophes. Tout est en ordre. Je suis un soldat de la marche 'éternelle. Qu'y a-t-il de plus important que de faire savoir au monde que je suis occupé à défaire le mal que j'al fait ? »

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LITTERATURE
Un choix de romans

La saison des prix littéraires a l'avantage de donner aux lettres, aux écrivains une importance publique. On a beaucoup déploré l'institution de cette « foire sur la place » pour parler comme le vertueux auteur de Jean-Christophe. Mais s'il n'y avait pas de foire, il y aurait moins de trafic. Les bons marchands, les bons chalands doivent se réjouir même des succès de la camelote.

A condition pourtant que l'on n'oublie pas les ouvrages intéressants en faveur des seuls ouvrages primés. Du reste, on n'y tend guère. On s'habitue à jouer dans la course des livres les placés autant que les gagnants. C'est donc un devoir pour la critique de suivre toute l'équipe. En l'occasion, il y a plusieurs romans qui font parler d'eux ou le méritent, et qui doivent survivre à l'actualité du prix Goncourt ou du prix Femina. Commençons-en la revue.

Les hommes de la route (1) de M. André Chamson est tout à fait à l'opposite du livre que les Dix lui ont préféré, dit-on. C'est un roman austère, sans oripeaux ni paillettes, plus durable assurément et moins agréable. C'est même un roman << social », si ce n'est pas le desservir que d'user de ce vieux mot prétentieux. D'ailleurs, il ne pose point de thèse. Il enseigne seulement avec discrétion des vérités saines et primitives savoir que le prolétariat agricole et citadin, durant le XIX siècle, n'a pas été une classe heureuse; ensuite que le peuple perd beaucoup plus qu'il ne gagne à

:

(1) Grasset, éditeur.

quitter les champs pour la ville. Une pitié humaine, mais un peu guindée et morose dans l'expression, prodigieusement exempte de lyrisme, relève cette inspiration didactique. M. André Chamson a bon goût, presque trop bon goût. Il est puritain et, si l'on veut, puriste. Son récit subtilement nuancé, mais lent, pèche peut-être par la monotonie et la grisaille. Cela console de Paul Adam, qui en eût tiré, sûrement, une épopée apocalyptique, et de M. Pierre Hamp qui... (l'horreur m'arrête dans ces conjectures). Les Hommes de la route s'apparentent plutôt à certains ouvrages de Charles-Louis Philippe et de Ramuz, mais sans le maniérisme, le sentimentalisme, ni le charabia. Tel quel, ils ne haussent jamais le ton, ils évitent de porter un réquisitoire contre l'inhumanité de la civilisation moderne. Et en faveur de tant de dangers évités il faut bien leur pardonner de manquer un peu de flamme, d'offrir au critique plusieurs définitions négatives et point de matière à dissertation.

L'histoire est rétrospective. Elle met en scène, à partir du Second Empire, deux familles de montagnards dans les Cévennes les Combes et les Audibert. Ils ont quitté leur village, embauchés pour la construction d'une route neuve. Ils restent à la ville, ouvriers, épousent des femmes qui vont à l'usine, vivotent eux-mêmes comme tâcherons ou jardi niers; ils ont des petites joies, des petits malheurs ; leur existence est misérable, non pas atroce, bornée, non pas étouffée. De temps en temps une angoisse semble les toucher, ils ne savent l'exprimer. Ils balbutient seulement : « On n'est heureux que quand on travaille comme des bêtes et contre son souci... Quand même, on n'a pas une vie d'existence! Se ronger pour des économies, attendre une place et avoir honte de sa misère au milieu des autres ?> Ils n'ont pas de religion, ou presque; des coutumes leur servent de morale; mais M. Chamson semble trouver suffi sante et sublime leur acceptation de la tradition, leur attachement obscur à la terre abandonnée, leur courage au travail qui les empêche de concevoir la révolte. Il est vra que cette espèce de stoïcisme paysan en vaut bien un autre Ces gens-là en tout cas savent mourir puisqu'ils savent vivre. Le temps les frappe et ne les détruit pas, comme la race des fourmis. A la seconde génération pourtant bien des choses ont changé. Les fils émigrent, moralement ou matériellement l'un devient instituteur, l'autre cheminot Et resté seul, le vieux survivant d'une des familles retourn à son champ dans la montagne, comme les héros d'Ossian retournent chez les âmes des ancêtres. J'omets mille petit épisodes bien contés et touchants, l'inondation, la mort d la vieille mère, l'enterrement du régent athée, etc... Ils illus trent de couleurs plus vives cette peinture prudente et sévèr qui fait sentir la mélancolie des servitudes ou l'âme se perd des travaux où la dignité de l'homme s'oublie, bref le poi gnant du vrai problème social, de l'inégalité. On notera cependant que les Hommes de la route ne prétendent plu être un document sur les mœurs d'aujourd'hui, mais su celles d'hier. On se demandera aussi si le cadre de leu histoire est spécifiquement cévenol. M. André Chamson qui a déjà conté l'aventure d'un réfractaire (Roux le Ban dit), dans la montagne camisarde, aime trop sa provinc pour ne pas l'étudier avec amour. Mais il aurait peut-ê

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