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DOUZIÈME ANNÉE

NOS 131-132

SEPTEMBRE-OCTOBRE 1919

Organe Officiel de la SOCIÉTÉ DES EXPERTS-CHIMISTES DE FRANCE

ANNALES

DES

FALSIFICATIONS

ET DES FRAUDES

RECUEIL DE TRAVAUX DE CHIMIE ANALYTIQUE, DE LÉGISLATION ET DE JURISPRUDENCE INTERNATIONALES,

APPLIQUÉS A L'EXPERTISE DES MARCHANDISES

Rédaction et Administration: 56, Rue Madame, Paris VI.

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LA SOCIÉTÉ s'est réunie le 8 octobre à 17 heures dans les locaux de la SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT A L'INDUSTRIE NATIONALE, Sous la présidence de. F. CHESNEY, vice-président, en l'absence de M. le Sénateur Cazeneuve, em ởché.

Étaient présents:

MM. ARPIN, BOGELOT, Dr BORDAS, X. DE BORSSAT, BOUCHARD, BRUNO, CALVET, CHAUVIN, CHESNEY, COIGNARD, Collard, Crinon, Delle, FilauDEAU, M. FOREST, HAMEL, HENRY, HILDT, P. LEFÈVRE, Ch. LIESSE, LOMBARD, MALVEZIN, MARSAIS. MEILLÈRES, MOLLIEX, NICORLADQT, NOTTIN, OLARU, PROTHIÈRES, de RACKOWSKI, X. ROCQUES, ROESER, Dr SCHMITT, SCHURER, TRANNOY, TRUCHON, VAILLANT, R. WEITZ.

S'étaient excusés :

MM. S. BRUERE, FABRE, FAMEL, LANDOWSKI, R. LEDENT, PORCHER, ROUILLARD, EUG. Roux.

En ouvrant la séance, M. CHESNEY remercie en quelques mots la SOCIÉTÉ de l'honneur qu'elle lui a fait en le désignant pour faire partie de son Conseil d'Administration et en l'appelant comme Vice-Président à la tête de sa Section de Législation.

M. NICOLARDOT demande à faire une rectification au Procès verbal de la dernière réunion. C'est son collaborateur M. BAUME, et non M. Baup,

comme une erreur l'a fait insérer dans les Annales, qui vient de modifier heureusement le Viscosimètre d'Oswaldt, dotant ainsi la science d'un appareil français simple et exact pour lesmesures de viscosité.

Le Procès-verbal de la dernière réunion est ensuite adopté à l'unanimité.

M. le Président fait part à la Société de la mort de M. TALVARD, Directeur commercial de la Cie Solvay, qui repésentait parmi nous cette impor

tante société.

La correspondance comporte une lettre de M. FORTUNE, de Béziers, relative au règlement des honoraires d'expertise. Depuis la mise en application du Décret du 22 janvier 1919, les experts doivent obligatoirement déposer un rapport commun. M. FORTUNÉ craint que certains parquets n'en profitent pour refuser aux experts le payement intégral de la somme prévue dans le tarif de 1912 pour la rédaction du rapport et se contentent de partager le coût de ce rapport entre les experts. Ce serait somme toute une diminution de 2 fr. 50, au moment où les experts attendent impatiemment le relèvement de leurs honoraires. Il serait heureux de pouvoir, le cas échéant, s'appuyer sur l'avis de la Société.

Après un échange de vues, auquel prennent part notamment MM. ARPIN et FILAUDEAU, la Société estime que la question ne se pose même pas. Ce que le tarif de 1912 entend rétribuer, c'est non la rédaction matérielle du rapport, mais son élaboration, sa discution à laquelle les deux experts coopèrent. Ils ont donc droit intégralement, et chacun en ce qui les concerne, aux honoraires prévus.

M. FILAUDEAU, en l'absence de M. EUG. Roux, communique à la Société une lettre qui a été transmise à ce dernier par un de nos collègues de province, et qui jette un jour sur la mentalité de certains experts, indignes de ce titre.

L'auteur de cette lettre n'ayant pas le temps de procéder par lui-même aux expertises qui lui sont confiées par le tribunal de son domicile, demande simplement à notre collègue à quelles conditions il consentirait à lui faire les analyses et le rapport qu'il n'aurait plus qu'à signer.

La SOCIÉTÉ DES EXPERTS CHIMISTES DE FRANCE ne peut que flétrir et réprouver semblable pratique.

M. le Président donne lecture des candidatures présentées depuis la dernière réunion. Conformément à l'usage dans les séances de rentrée et à l'aticle 3 du règlement intéreur de la Société, ces candidatures sont immédiatement mises aux voix et adoptées à l'unaminité.

En conséquence sont admis à la SoOCIÉTÉ DES EXPERTS CHIMISTES DE FRANCE, en qualité de membres titulaires :

MM. Dauvergne, (Joseph), Ingénieur-Chimiste E. P. C. I. Chimiste au Laboratoire du Conseil Supérieur d'Hygiène publique de France, 34, rue Gassendi, à Paris.

Présenté par MM. KLING et KOHN-ABREST.

Dejohet, (E). Ingénieur-Agronome, Licencié es-sciences, Chimiste déparmental agréé de Philippeville.

Présenté par MM. FRANÇOIS et ROUSSEAUX.

au Laboratoire

Delassus. (Louis) Pharmacien de 1re Classe, Ex-interne des Hôpitaux de Paris, Expert des Tribunaux, 10, place de l'Hôtel-de-Ville, à Vervins (Aisne).

Présenté par MM. PIEDALLU et FILAUDEAU.

Hubert (Gabriel, Eugène, Julien) Pharmacien de 1re Classe, Ex-Interne des Hôpitaux de Paris et des Asiles de la Seine. 59, Grande Rue, à Mayenne (Mayenne),

Présenté par MM. PERROT et WEITZ.

Pointet (G). Fabricant de Produits Chimiques, 147, avenue de Malakoff à Paris. Présenté par MM. ROESER et ROTHEA.

Weil (Louis) Docteur es sciences, Pharmacien de 1re Classe, Expert des Tribunaux 12, rue du 22-Novembre à Strasbourg.

Présenté par MM. ARPIN et ROCQUES.

Nouvel appareil pour la distillation des pétroles

M. le Dr BORDAS signale à la Société les modifications qu'il a été amené à faire subir à l'appareil de REGNAULT-DE LUYNES, pour la distil lation des essences et des pétroles.

Pendant la guerre la forte consommation de ces produits exigea des contrôles nombreux, très difficiles à exercer dans la pratique. La méthode prescrite pour ce contrôle comprenait notamment une distillation fractionnée en vingtième du volume de l'essence essayée. On devait distiller un litre d'essence placé dans un ballon de verre d'un type déterminé. Celuici était chauffé dans un bain d'huile pour éviter les refroidissements extérieurs. A cet effet la marmite qui le contenait était fermée par un couvercle ' ne laissant passer que le col du ballon.

Ce dispositif étant encombrant et peu pratique,on chercha à chauffer le ballon à feu nu, ce qui nétait pas sans danger. D'autre part ce changement amenait des différences assez notables dans les résultats.

Après de nombreux essais comparatifs, M. BORDAS a pu établir qu'en modifiant quelque peu l'appareil de REGNAULT-DE LUYNES, depuis longtemps employé dans les Laboratoires pour la distillation des pétroles, on pouvait obtenir, sans danger des résultats identiques à ceux fournis par la méthode 'au bain d'huile.

Cette modification[évite 'en foutre la [pyrogénation [des hydrocarbures et la distillation se fait régulièrement sans aucune perte des gaz (méthane) ou autre), dissous dans les carbures constituant les produits à essayer.

Pour obtenir ce résultat il suffit d'ajouter à l'appareil de REGNAULTDE LUYNES une enveloppe extérieure à la cornue, portant un système de chauffage qui permet d'obtenir la régularité de la distillation. Cette enveloppe est formée de trois parties qui s'emboîtent les unes dans les autres et évite les refroidissements extérieurs.

La partie inférieure renferme un brùleur avec robinet pointeau permettant l'arrivée du gaz; la pression de celui-ci restant constante, on peut toujours chauffer à la même température. Le brûleur est muni d'un capuchon avec toile métallique; au dessus se trouve un système composé d'une plaque et d'une toile métallique.La flamme vient frapper la plaque et l'air chaud, traversant la toile, élève régulièrement la température de la cornue.

Le thermomètre plonge dans le liquide; son réservoir, en forme de boule, doit être à 3 centimètres du fond de la cornue. On obtient ainsi des températures plus élevées, mais les indications thermométriques sont beaucoup plus régulières, ce qui est le point important pour établir les courbes de distillation nécessaires à l'étalonnage des produits.

M. NICOLARDOT, qui a toujours lutté pour faire adopter les appareils français en concurrence avec les appareils allemands, se félicite de cette heu

reuse modification de l'appareil REGNAULT-DE LUYNES qui permettra dé sormais de l'opposer avec succès à ceux d'ENGLER. Il avait, quant à lui préconisé depuis longtemps l'emploi d'un ballon en cuivre.

M. BRUNO signale qu'après bien des essais de régulateurs de chauffe, c'est avec le vieux système de Roussel, constitué par une cloche à glycérine, qu'il a dans des cas analogues obtenus les meilleurs résultats.

Questions diverses

M. R. LEDENT étant retenu à Chalons, sa communication sur le dosage de l'eau d'addition dans les produits de la Charcuterie est, sur sa demande, renvoyée à la séance de novembre.

M. ARPIN met, en quelques mots, la SOCIÉTÉ au courant des travaux de la Commission chargée de la Revision des Frais de Justice, et notamment des Frais d'expertise. Les sous-commissions ont terminé leurs travaux. La Commission se réunit deux fois par semaine en séance plénière et ses travaux aboutiront au dépot d'un projet de loi avant la fin de la Législature.

Tout porte done à croire que dans la prochaine réunion M.ARPIN pourra apporter à la SoCIÉTÉ les précisions qu'elle attend sur cette importante question.

L'ordre du jour étant épuisé la séance s'est levée à 18 h. 30
(La prochaine réunion aura lieu le 12 Novembre.)

Le Secrétaire Général,
G. FILAUDEAU

Technologie.-- Chimie.-- Analyse

L'INDICE DE CRISMER DES BEURRES

par L. VANDAM,

Directeur du Laboratoire central d'analyse des denrées alimentaires de Bruxelles.

A la suite des travaux de Crismer (Bul. Ass. Belge Chim X, p. 312 et 453), on a adopté le nom d'Indice de Crismer pour la température critique de dissolution (T. C. D.) du beurre dans l'alcool de densité 0,7976 à 15o/15o, contenant 0,9 %en poids d'eau.

Cette donnée est très précieuse pour la recherche des fasifications et notamment pour la détermination de la graisse de coco ou d'une graisse végétale de mêmes caractères, à condition que la prise de la T. C. D. soit faite avec beaucoup de précision. En effet, l'indice de Crismer varie dans des proportions très larges d'après la teneur en eau de l'alcool et d'après l'acidité de la matière grasse (voir les travaux de l'auteur: Bull. Ass. Belge Chim IX, p. 145 et X pp. 312 et 453). Il varie d'une façon beaucoup moins sensible suivant les 'volumes des corps en pré ence, beurre et alcool (loc. cit. IX, p. 156.)

Si l'alcool employé n'a pas une densité de 0,7967 à 15°/15°, il peut être néanmoins utilisé, à condition que la T. C. D. trouvée soit ramenée par correction au chiffre normal de l'indice de Crismer.

Il se fait donc que pour avoir un chiffre tout à fait exact, se préoccuper des trois conditions ci-après :

il faut

1o Connaître la densité et, par conséquent, le pourcentage en eau de l'alcool employé.

2o Etablir la correction à faire pour ramener la T. C. D. du beurre dans cet alcool à son chiffre normal, c'est-à-dire avec l'alcool à 0,9 %

d'eau.

3o Etablir la correction correspondante à l'acidité du beurre pour obtenir en fin de compte l'indice de Crismer.

Nous examinerons successivement chacune de ces conditions.

I

Densité de l'alcool

Cette densité peut être prise au picnomètre ; mais il y a un procédé beaucoup plus expéditif et d'une précision absolue proposé par Cris mer: il consiste à déterminer la T. C. D. d'un pétrole, ou d'un hydrocarbure étalonné, dans l'alcool à employer et de rapporter cette T. C. D. à la densité correspondante.

J'ai publié différentes notes à ce sujet (Bull. denr. alim., 1906, Annexes, p. 31; Bull. Soc. Chim. Belg. 1906, p. 374) dans lesquelles j'ai déterminé par une courbe les variations de la T. C. D. d'un pétrole en fonction des quantités d'eau en poids se trouvant dans l'alcool. Cette courbe avait une direction quelque peu différente de celle indiquée par Crismer.

Depuis ce travail, j'ai fixé les courbes d'autres pétroles et même de mélanges de pétrole et de vaseline. Mes résultats sont consignés dans le tableau I et la figure I ci-après :

A Pétrole donnant une T. C. D. de 100 dans l'alcool anhydre.

B: Pétrole donnant une T. C. D. de 14° dans le même alcool. Ces résultats sont ceux qui ont été consignés dans ma note de 1906.

C: Mélange de pétrole raffiné et de vaseline liquide. donnant une T. C. D. de 24,4 dans l'alcool anhydre.

D: Même mélange que C, mais contenant une proportion plus forte de vaseline. Ce liquide avait une T. C. D. à l'origine de 43,6.

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