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du peuple les instrumens révolutionnaires! Le mal qu'ils doivent arrêter s'accroît sans cesse, et fatigue les citoyens; il sert les ambitieux qui veulent nous lasser de la liberté pour nous redonner un maître! Hatez-vous donc de les lui enlever!

>> Comme l'unique reinède à tant de maux, nous demandons que vous nous donniez une Constitution libre, où les droits civils et politiques soient consacrés, et qui assure la liberté et l'égalité! Nous vous répondons que vous serez libres dans vos délibérations.

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Quelques membres de la droite demandent l'impression

de cette adresse.

Danton. « Personne ne respecte plus que moi le droit de pétition. J'ai applaudi à l'opinion principale contenue dans l'adresse que vous venez d'entendre: nous sentons tous la nécessité d'une Constitution, et sous ce rapport je partage les vœux des pétitionnaires. Mais ordonnerez-vous l'impression d'une adresse où l'on dit qu'il faut arracher au peuple les instrumens de la révolution? Si j'entends bien ce que signifient ces mots, cela veut dire ses armes et la faculté de se réunir pour délibérer sur les affaires publiques. Or les pétitionnaires nous ont demandé ce qu'il nous est impossible de faire, car le peuple français est au dessus de nous. Il est digne de se servir de ces instrumens de révolution! Il est tout prêt à les tourner contre ses ennemis! Le peuple français, avec ces mêmes instrumens, fera quand il le voudra rentrer en un seul jour dans le néant les hommes assez stupides pour croire qu'il y a de la distinction entre le peuple et les citoyens ! Il serait ridicule de livrer par un décret à l'impression une pétition par laquelle quelques honnétes gens de section viennent censurer ici la minorité Songez que si l'on se vante d'avoir ici contre nous la majorité, vous avez dans la République, et Paris en offre l'exemple, une majorité immense! ( Agauche: Oui! Oui!)

>>- Il est temps que le peuple ne se borne plus à la guerre défensive, et qu'il attaque tous les fauteurs du modérantisme! Il est temps que nous marchions fièrement dans la carrière! Il est temps que nous raffermissions les destinées de la France! Il est temps de signaler notre courage! Il est temps que nous

nous coalisions contre les complots de tous ceux qui voudront détruire la République! Nous avons montré de l'énergie un jour, et nous avons vaincu !

» Paris ne périra pas; aux brillantes destinées de la République se joindront celles de cette cité fameuse, que les tyrans voulaient anéantir! Paris sera toujours la terreur des ennemis de la liberté, et ses sections dans les grands jours, lorsque le peuple s'y réunira en masse, feront toujours disparaître ces misérables feuillans, ces lâches modérés, dont le triomphe est d'un moment!... » ( Applaudissemens de la gauche et des tribunes.)

La Convention décrète que la pétition ne sera point imprimée.

Victorieuses le 27, la commune et les sections de Paris essuyaient une défaite dans le rapport du décret qui avait cassé la commission des douze: le cri de vengeance éclate; il faut vaincre encore, et cette fois il faut que le triomphe soit la destruction de l'ennemi!...

C'est à la Convention que sera le champ de bataille; mais c'est au dehors que les préparatifs s'exécutent.

Les meneurs des sections, fougueux tribuns du peuple, emploient la journée du 29 à exaspérer les esprits : ils montrent la liberté perdue, l'égalité violée, les patriotes dans les fers, la contre-révolution au sein de la Convention, enfin la République en deuil, et le despotisme triomphant par la commission des douze, qui relève sa téte hideuse... Ils jurent de mourir, ou de sauver la révolution expirante, et les citoyens répètent avec eux ce serment. Un lieu de rendez-vous est fixé pour le lendemain. Le conseil exécutif, toutes les autorités, tout Paris connaît le projet; le secret est indigne des conjurés; et le conseil exécutif, aucune autorité n'y apporte d'obstacles; tout Paris en attend l'exécution comme une fête.

Le 30 l'union républicaine se forme dans le local de l'Evéché. La première délibération prise est que les citoyens, usant d'un droit imprescriptible, se déclarent en insurrec

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tion contre les factions aristocratiques et oppressives de la liberté.

Le maire de Paris se présente; il fait à ces citoyens d'inutiles représentations, et avec tous les ménagemens possibles. Les délibérations continuent; l'insurrection s'organise, et le vœu formel en est porté au conseil de la commune. Aussitôt le conseil convoque une assemblée générale des quarante-huit sections, à l'effet de voir ce vœu rejeté ou confirmé par la majorité des citoyens : le tocsin et la générale les appellent à délibérer.

(1) « Le 31 mai, à six heures et demie du matin, les commissaires de la majorité des sections se présentent au conseil général : leur président, le citoyen Dobsen, prend la parole. Il annonce que « le peuple de Paris, blessé dans ses << droits, vient de prendre des mesures nécessaires pour con« server sa liberté, et que les pouvoirs de toutes les autorités << constituées sont annulés. »

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Le vice-président répond que « le conseil général est à « son poste; qu'il a reçu ses pouvoirs du peuple, et n'en « point abusé; que si la majorité des sections retire les pou« voirs des magistrats du peuple, il est prêt à se confondre << avec tous les autres citoyens; mais que si la majorité du << peuple le laisse dans l'exercice de ses fonctions, la force « seule pourra l'en arracher. »

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Le procureur de la commune requiert la lecture et vérification des pouvoirs des commissaires se disant de la majorité des sections. Ce réquisitoire, converti en arrêté, reçoit sur le champ son exécution,

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Il résulte du dépouillement des pouvoirs que trente-trois sections ont donné à leurs commissaires des pouvoirs illimités pour sauver la chose publique.

>> En conséquence, Dobsen déclare que les pouvoirs de >> la municipalité sont annulés. »

>> Le procureur de la commune requiert « que le vœu de la >> majorité soit proclamé à l'instant, et que le conseil général >> remette ses pouvoirs au peuple souverain. »

>> Tous les membres de l'un et l'autre conseil se lèvent simultanément, et jurent de ne jamais séparer leurs intérêts de ceux de la chose publique; ils jurent en outre de rester inviolablement unis à tous leurs frères des départemens, et de maintenir de tout leur pouvoir la République une et indivisible.

(1) Extrait des registres de la commune de Paris.

» Le conseil qui vient d'être cassé se retire au milieu des cris unanimes de vive la République!

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Dobsen, président des commissaires formant le nouveau conseil général provisoire, met aux voix la continuation du secrétaire-greffier et des deux secrétaires-greffiers adjoints. (Adopté à l'unanimité.)

>> L'Assemblée arrête ensuite qu'il sera envoyé à l'instant une députation au maire, au procureur de la commune, au corps municipal, et à tous les membres composant la municipalité, pour les inviter à se rendre dans son sein, ce qui est effectué à l'instant.

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Le président « déclare, au nom du peuple souverain, que le maire, le vice-président, le procureur de la commune » et ses substituts, et le conseil général de la commune, sont » réintégrés dans leurs fonctions par le peuple souverain, qui >> leur témoigne sa satisfaction de leur sollicitude constante » et vraiment patriotique pour la chose publique. »

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Le conseil réintégré prête le serment civique aux acclamations de tous les citoyens des comités révolutionnaires des quarante-huit sections, et des citoyens des tribunes.

>> Ce serment est ainsi conçu ;

« Je jure d'être fidèle à la République une et indivisible, de ⚫ maintenir de tout mon pouvoir et de toutes mes forces la > sainte liberté, la sainte égalité, la sûreté des personnes et le >> respect des propriétés, ou de mourir à mon poste en défen

»

dant ces droits sacrés de l'homme; je jure de plus de vivre >> avec mes frères dans l'union républicaine; enfin je jure de >> remplir avec fidélité et courage les missions particulières > dont je pourrais être chargé. »

>> Le vice-président proclame, au nom des quarante-huit sections, Henriot, commandant de la section des SansCulottes, en qualité de commandant général provisoire de la

force armée de Paris.

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Un membre du comité révolutionnaire propose qu'il soit accordé quarante sous par jour aux citoyens peu fortunés tant qu'ils resteront sous les armes. (Adopté.)

Le conseil général arrête que demain dans le jour tous les citoyens suspects seront désarmés, et leurs armes remises aux patriotes qui n'en ont pas; que l'emprunt forcé sera requis conformément au mode précédemment indiqué par la commune; que le produit de cet emprunt sera employé en secours pour les veuves, pères, mères, épouses et enfans des soldats citoyens qui servent la patrie dans nos armées, ainsi qu'à la fabrication d'armes et à la paie des citoyens qui formeront la garde soldée révolutionnaire de Paris. >>>

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Séance du TRENTE-UN MAI 1793 (1).

Au bruit du tocsin et de la générale une centaine de membres s'étaient réunis dès six heures du matin, sous la présidence de Fermont, ex-président. Ils s'interrogeaient, ils se communiquaient les faits à leur connaissance. Le nombre des députés s'accroît successivement; le président, Mallarmé, vient occuper le fauteuil. On délibère.

Les ministres et le maire, mandés par la Convention, rendent compte de la situation de Paris.

Le ministre de l'intérieur (Garat). « Je ne puis dissimuler à la Convention qu'il existe une grande agitation dans Paris, que tous les citoyens ont été arrachés au repos par le tocsin au milieu de la nuit. Une assemblée composée de commissaires des sections, d'électeurs du 10 août, etc., s'est tenue cette nuit à l'Evêché, et paraît avoir donné l'impulsion à ce mouvement. La cause de ces troubles est la réintégration de votre commission extraordinaire des douze on l'accuse d'avoir calomnié Paris, d'avoir fait incarcérer arbitrairement des magistrats, d'avoir formé le projet d'opprimer les patriotes. Les barrières ont été momentanément fermées; tous les citoyens sont en ce moment sous les armes dans leurs sections respectives, et sous les ordres de leurs chefs ordinaires. Les patrouilles sont très nombreuses, et se font en bon ordre. >>>

L'administration du département de Paris est admise à la barre. L'orateur dit que « le mouvement extraordinaire qui

(1) On a vu la séance du 28. Le 29 il n'y eut rien de remarquable. Le 30, dans une séance extraordinaire du soir, Bourdon (de l'Oise) dénonça encore la commission des douze elle avait requis la force armée pour la sûreté de ses papiers. Boyer-Fonfrède fit observer que Ja Convention n'avait pas statué sur la démission offerte par Rabaut; qu'ainsi la commission, maintenue, avait dû continuer ses fonctions. Lanjuinais appuya l'existence et les mesures de la commission comme nécessaires à la liberté, et inquiétantes seulement pour les conspirateurs; il dénonça avec une grande chaleur/tout ce qui se tramait dans le moment même à Paris. Mais ces débats n'eurent aucune suite. La séance extraordinaire du 30 au soir s'était terminée par le renouvellement du bureau: Mallarmé avait été élu président.

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