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à notre courage, à notre dévouement pour la tranquillité publique, que rien ne pourra altérer, vous devez peut-être la ferme contenance du département de la Gironde !

«

Et d'ailleurs est-il si difficile d'apercevoir les causes qui ont éveillé l'inquiétude des Bordelais! Ils ne vous ont parlé que d'anciens complots connus de tout le monde; mais est-il bien vrai qu'il ne s'en trame pas de nouveaux par ceux qui ont étouffé ma voix? Qui de vous n'a pas vu le placard dans lequel on invite à massacrer une partie de la Convention? Et ne croyez pas que ce soit là l'ouvrage de quelques têtes exaltées! Non; c'est la suite d'un plan vaste qu'on veut exécuter, et dont vous serez les victimes si vous ne prenez des mesures vigoureuses pour envoyer à l'échafaud ses principaux auteurs, cette poignée d'assassins!.... Hier encore, au milieu de trois mille personnes, dans une société qui a usurpé le nom de Jacobins... (Violens murmures à gauche et dans les tribunes publiques.) Hier encore on disait dans cette société, je cite littéralement : << Aux grands maux les grands remèdes! Depuis trois mois on >> nous égorge en détail; les scélérats nous trompent! Voulez-vous

»

savoir les moyens de sauver la patrie? Est-il un républicain » qui ose me contredire ? Ce moyen consiste à exterminer tous

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les scélérats avant que de partir.... (Bruit.) J'ai étudié la >> Convention; elle est en partie composée de scélérats dont il faut faire justice! Il faut que tous les partisans de Dumourier et tous les conspirateurs périssent! Il faut tirer le canon >> d'alarıne, fermer les barrières ! etc. >>>

"

"

» Voilà, citoyens, ce qui a été couvert d'applaudissemens! (Bourdon de l'Oise: C'est faux; on n'a pas dit cela aux Jacobins.) Et comment cela ne serait-il pas puisque j'ai été interrompu par des huées ? Ainsi donc les contre révolutionnaires sont bien connus, car je défie qu'on réponde jamais à cet argument : ceux-là veulent la contre-révolution qui veulent dissoudre la Convention nationale!

>> On dit qu'il y a un système formé pour établir une scission entre les départemens et Paris... Ah! certes, et Paris le reconnaîtra bientôt, car il est impossible que cela dure longtemps, c'est vous qui conspirez sans cesse contre la représentation! C'est vous qui voulez la scission de la République! (BillaudVarennes: Et la lettre de Salles!) Oui, c'est vous qui appelez sans cesse la guerre civile! (Billaud: C'est vous qui l'avez réalisée dans la Vendée!) Croyez-vous que les départemens soient si peu jaloux de la portion de souveraineté qu'ils ont droit d'exercer pour voir tomber 'sous les poignards leurs représentans? (Vive agitation.) Mais non, nous vous défendrons contre vous-mêmes, Parisiens égarés! Nous renverserons cette barrière qu'une faction avide de sang et de domination cherche à élever entre Paris et les départemens, et avec le même bras qui renversa la tyrannie (plusieurs voix : Vous avez voulu sauver le tyran!) nous abattrons l'anarchie, et la faction qui en a besoin pour régner! On nous accuse de vous calomnier, habitans de Paris !... Ah! notre existence fait votre éloge: vivrionsnous encore s'il n'y avait dans votre ville une masse d'excellens citoyens dont l'inaction même effraie les scélérats ?

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Il ne me reste plus qu'un vœu à former. Si nous devons tomber sous le fer de nos proscripteurs, puissent les départemens qui nous ont envoyés venger la représentation nationale outragée, non par une insurrection contre Paris, mais en affermissant pour eux la liberté, cet objet de tous leurs vœux!

>> Mais, nous dit-on, vous qui parlez sans cesse d'assassinats, montrez au moins une seule blessure.... Citoyens, c'est ainsi que Catilina répondait à Cicéron; il lui disait en plein sénat : Vous dites que de grands dangers menacent votre vie et celle des sénateurs, et vous respirez tous!... Hé bien, la nuit même Cicéron et les sénateurs devaient être victimes des fureurs de celui qui leur tenait un pareil langage!

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Je conclus à ce que la Convention décrète l'impression de l'adresse, son envoi aux départemens, afin qu'elle serve de contre-poison aux libelles dont on les inonde. Je demande en outre que la Convention décrète qu'elle applaudit aux sentimens affectueux que lui témoignent les habitans de Bordeaux, (Robespierre jeune : Tous les Français!) Oui, tous les Français! Je demande que le comité de sûreté générale, réuni au comité de législation, fasse sous huit jours un rapport sur la situation de la Convention à Paris, sur les moyens de déjouer les complots qui tous les jours se trament contre elle, et qu'elle s'occupe enfin des mesures à prendre pour satisfaire tous les

Français, qui demandent la punition de tous les auteurs de conspirations. J'appuie la demande de l'affiche de la pétition de Bordeaux dans Paris, afin que ses habitans, détrompés, reconnaissent ceux qui veulent jouir en commun avec eux des bienfaits d'une bonne et populaire Constitution.

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Boyer-Fonfrède s'empresse de mettre aux voix les propositions de Guadet, et, malgré les réclamations de plusieurs membres de la gauche, elles sont aussitôt décrétées

en ces termes :

<< Lecture faite à la barre par les députés extraordinaires de la ville de Bordeaux de l'adresse de toutes les sections de cette grande cité,

» La Convention nationale en décrète l'impression, l'envoi aux départemens, et l'affiche dans la ville de Paris, ainsi que de la réponse du président.

>> Elle applaudit au civisme et au courage des habitans du département de la Gironde, ainsi qu'au respect et à la fidélité qu'ils témoignent pour la représentation nationale.

>> Elle décrète en outre que sous le plus bref délai son comité de législation, réuni au comité de sûreté générale, lui fera un rapport sur les complots qui peuvent la menacer, sur les mesures propres à les déjouer, ainsi que sur les moyens à prendre pour satisfaire les départemens et la justice, qui réclament la punition des auteurs des conjurations ci-devant formées contre les représentans du peuple. »

4°. Dans la même séance une motion incidente serait encore devenue un succès pour les girondins si tous les membres de la Convention, à très peu d'exceptions près, ne se fussent fait un devoir du plus pur désintéressement. Un décret portait que les ministres présenteraient et rendraient public l'état nominatif de tous leurs agens, tant civils que militaires. Cet état n'avait pas encore paru; on le réclamait, et le ministre de l'intérieur venait d'annoncer qu'il était à l'impression. Barbaroux saisit cette circonstance pour censurer les choix du conseil exécutif, ainsi que les recommandations qui les ont déterminés: il reproche à la société

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des Jacobins de s'être vantée d'avoir fait entrer neuf mille agens dans l'administration; à ses collègues de la gauche d'avoir sollicité des places et pour eux-mêmes et pour leurs créatures, et il signale plusieurs députés comme occupant dans l'armée des grades supérieurs qu'ils ne méritent ni par leur ancienneté ni par leurs services. Les membres inculpés qui sont présens répondent ; les absens trouvent un défenseur dans Thuriot. Parmi les faits avancés il s'en rencontre quelques-uns d'exacts, mais futiles; d'autres sans fondement: du reste cette attaque isolée contre des membres d'un parti fut regardée comme indigne du caractère de Barbaroux. Cependant Guyomard avait demandé que les ministres, dans les états qu'ils devaient fournir des emplois à leur nomination, indiquassent à quels titres et à quelles recommandations ils les avaient accordés. Barbaroux se retranche dans cette proposition, et l'appuie: elle est décrétée à l'unanimité.

Buzot cherche à relever une des observations de Barbaroux : par suite des emplois confiés à des députés il voit de la corruption, des fortunes subites et scandaleuses; il voudrait que chaque député fût tenu de donner l'état et l'origine de sa fortune... Mais ce vœu de Buzot toute la gauche le partage; elle applaudit; elle veut aller aux voix : C'est ainsi, s'écrient plusieurs de ses membres, que nous répondrons victorieusement aux calomnies de ces messieurs !

Cambacérès. « Citoyens, les considérations personnelles ne doivent jamais influencer les hommes publics. Si cette vérité était toujours présente à nos yeux nos délibérations seraient moins agitées, et nos séances plus utilement employées. Vous avez demandé au conseil exécutif un état des agens civils et militaires; cette mesure peut éclairer votre surveillance. Celle qu'on vient de proposer est sans utilité pour la chose publique; elle est de plus immorale, et ne tend à rien moins qu'à compromettre les propriétés et la sûreté de chacun de nous. S'il est dans cette Assemblée des hommes qui aient abusé de leur caractère pour augmenter leur fortune, l'opinion publique saura les signaler, et leurs départemens respectifs en feront justice. L'état qu'on veut nous obliger à fournir serait tronqué par ces hommes coupables, qui, j'aime à le croire, n'existent point parmi nous : cette considération prouve l'inutilité de la mesure. J'ai dit de plus qu'elle était immorale: cette assertion n'a pas besoin de preuve. Enfin elle est dangereuse, attendu qu'elle expose le crédit des commerçans, et qu'elle peut donner lieuà des observations malignes qui produisent des effets funestes dans des temps de trouble et d'agitation.

»

Par ces motifs, je demande que la motion soit écartée par la question préalable. »

Buzot. « Il faut atteindre le brigand rusé qui pour cacher ses dilapidations a placé son argent chez l'étranger, ou agi sous des noms empruntés; il faut que celui qui a acquis des domaines, ouqui les acquerrait deux ans après la session de la Convention, dise comment il s'est procuré les moyens de faire ces acquisitions : s'il ne le fait pas, il devra être réputé voleur de la nation!

» Je demande que vous décrétiez que tous les députés à l'Assemblée constituante, à l'Assemblée législative ou à la Convention, dont la fortune s'est accrue, seront tenus de déclarer dans le délai d'un mois par quels moyens ils l'ont augmentée, sous peine d'être condamnés à dix années de fer, et d'avoir leurs biens confisqués. » (Applaudissemens.)

Cambon. « Acquéreur d'un bien national, et chargé dans l'Assemblée législative et dans la Convention de plusieurs missions très délicates, je m'oppose cependant au décret qui vous est présenté; je ne veux pas que par des décrets inexécutables on avilisse la Convention. Veut-on désigner les individus ? Hé bien, qu'on s'explique franchement; qu'on dise: un tel n'avait rien lorsqu'il a été nommé député, et maintenant il a telle ou telle chose... Rendons justice au peuple; il accueillera celui qui fera des dénonciations importantes. Le mauvais citoyen. le voleur sait bien trouver les moyens de cacher sa fortune : il n'achète pas; il enfouit son or, en attendant un temps plus opportun pour jouir de ses rapines. Quant à moi, je déclare à la Convention que le bilan de ma fortune sera imprimé; ille sera avec exactitude, parce que j'ai des associés. »

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