la sûreté et la liberté du peuple français, indignement menatées au milieu de vous par des prêtres imposteurs et par de lâches transfuges! >>> LA CONVENTION NATIONALE aux citoyens de la Corse; adresse décrétée le 23 mai 1793. (Rédigée par Condorcet.) << Citoyens, un roi vous avait forcés de partager notre esclavage, et nous vous avons appelés à partager notre liberté! L'indépendance vous eût exposés à reperdre ces droits que nous vous avons rendus, et vous avez librement préféré de vous réunir à une nation puissante dont les lois, égales pour toutes les portions de son territoire comme pour tous les hommes, ne peuvent vous laisser craindre aucune de ces injustices des grands peuples, dont leur histoire offre tant d'exemples! >> Le lien qui nous unit ne sera jamais rompu: aucun intérêt politique, s'il pouvait en exister de tel, ne nous ferait consentir à vendre à des tyrans ceux que leur volonté a faits nos frères, ceux qui ont partagé avec nous les avantages et les périls de notre glorieuse révolution. >> Mais, citoyens, cette même égalité entre tous, qui vous assure à jamais vos droits, exige qu'aucun homme ne soit au dessus des lois, qu'il ne puisse tenir, soit de la reconnaissance publique, soit de sa renommée, le privilége de se soustraire à leur empire. Vous sentez ce qu'exige de vous en ce moment la sévérité de ce principe, premier garant de notre liberté commune! Vous n'aimeriez pas un homme à qui vous pourriez croire que son innocence ne suffit pas; et vous savez qu'un illustre et ancien défenseur des droits de l'homme peut attendre de tout citoyen français même plus que de la justice. >> Citoyens, une des plus fortes armes de nos ennemis c'est le fanatisme. L'antique alliance de la tyrannie royale et du despotisme sacerdotal semble s'être resserrée au moment où nous avons osé attaquer de front ces deux fléaux du genre humain : les prêtres se sont chargés de tromper ceux que les armes des rois ne peuvent vaincre. Mais leur bypocrite langage ne vous séduira point! Vous savez que, toujours prêts à trafiquer de ceux dont ils ont égaré la conscience, si vous les écoutez aujourd'hui, demain ils chercheront quel tyran leur paiera plus cher le pouvoir de vous opprimer ! >> La Déclaration des Droits vous assure la liberté de vos opinions et de votre culte : ne craignez pas que nous voulions jamais y porter atteinte. Mais Dieu a fait les hommes pour la liberté, et les prêtres qui conspirent avec les tyrans ne sauraient être ses ministres. LA CONVENTION NATIONALE aux soldats de la République ; adresse décrétée le 23 mai 1793. (Rédigée par Condorcet.) << Citoyens, votre fidélité et votre courage ont préservé la République des dangers où un général parjure l'avait exposée, et vos mépris l'ont puni d'avoir osé croire que vous consentirlez à égorger vos frères pour vous donner un roi: un roi à des Français! » Une expérience, d'autant plus instructive que peu de mois ont suffi pour la rendre complète, n'a-t-elle donc pas prouvé à la nation la plus confiante et la plus généreuse que ni les sermens, ni la clémence, ni les bienfaits n'enchaînent les rois! qu'un roi veut gouverner par la corruption quand il ne peut commander par la force, et qu'il conspire contre la liberté quand il désespère de pouvoir l'opprimer! Ah! désormais l'invincible horreur de la royauté distinguera les Français entre les plus libres, comme jadis elle a distingué les Romains! » Guerriers républicains, vous apprendrez à cette foule de guerriers esclaves, enchaînés, achetés ou séduits par des tyrans, que la puissance des rois doit s'abaisser ou se briser devant le génie de l'Egalité! qu'aucune portion d'une terre consacrée à cette divinité bienfaisante ne sera jamais souillée par le féroce et stupide orgueil d'un pouvoir héréditaire! >> Soldats de l'égalité, que ce cri de guerre des Français, wivre libre et sans roi, se répète par vos bouches victorieuses, fasse pålir les tyrans sur leurs trônes ébranlés par vos armes et 1 par notre exemple, et vous les verrez bientôt respecter une nation républicaine qu'ils n'ont pu ni vaincre, ni égarer, ni séduire! >> LA CONVENTION NATIONALE aux Français sur les événemens des 31 mai et 2 juin, et sur les troubles excités à cette occasion dans plusieurs départemens; adresse décrétée le 26 juin 1793. (Rédigée par Robert Lindet.) << Citoyens, vos représentans, fidèles à leurs devoirs et à leurs engagemens, ont achevé la Constitution, et vont convoquer les assemblées primaires. Voilà leur réponse aux calomnies des ennemis de l'égalité et de la liberté. Ils vous doivent l'exposition des motifs qui ont nécessité ces mesures indispensables de sévérité, de salut public et de sûreté générale qu'ils ont prises le 2 de ce mois; mais ils ont dû consacrer les premiers jours à élever l'édifice immortel de votre bonheur, à vous préparer une Constitution libre et populaire: ils n'ont pas dû négliger les grands objets d'administration que les besoins du gouvernement et des armées appelaient à l'ordre du jour. La Convention nationale, ayant rempli les premiers, les plus pressans et les plus sacrés de ses devoirs, va dans peu de jours exposer à la France les causes des divisions qui ont éclaté dans son sein, et qui ont agité la République entière; ces causes qui ont fait si longtemps écarter de l'ordre du jour les plus grands objets de ses délibérations, qui ont fait prolonger ses discussions, qui ont retardé et suspendu les décisions les plus importantes à la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat, qui ont fait renaître les troubles et les discordes civiles, qui ont favorisé les espérances criminelles des émigrés et de leurs complices, qui ont entretenu l'espoir des puissances étrangères de faire des conquêtes sur une République divisée et livrée aux factions, et qui s'opposaient à ce que la France eût jamais une Constitution! >> Mais tandis que votre bonheur se prépare, que l'instant arrive où vous allez être éclairés sur tous les événemens qu'il vous importe de connaître, et ou une convocation légale va vous réunir en assemblées primaires pour poser sur les bases éternelles de la liberté et de l'égalité les fondemens d'un gouvernement républicain, ceux qui ont constamment trahi la patrie depuis le commencement de la révolution, ceux qui ont voulu la sacrifier à leur amour-propre, à leurs passions et à leurs intérêts, donnent le signal de la guerre civile dans toutes les parties de la République! La guerre soutenue par le fanatisme ne faisant pas d'assez rapides progrès, ils donnent un nouveau caractère aux soulèvemens qu'ils provoquent : ils égarent, par l'idolâtrie des personnes et des réputations, et le prestige des opinions politiques, ceux que le fanatisme religieux n'a pu séduire et entraîner; ils menacent la République d'un embrasement général. >> Longtemps ils avaient feint d'abjurer la royauté et le fédéralisme, lorsque leurs opinions et leur conduite avaient répandu de trop vives alarmes. Aujourd'hui ils publient qu'il n'y a plus ni centre ni point de ralliement, qu'il n'existe plus de Convention nationale, ou qu'on ne doit point la reconnaître ; ils invitent les départemens à s'en séparer, à lever des armées particulières, à s'emparer des caisses nationales, des arsenaux, des munitions, des subsistances militaires, à intercepter les convois, les communications, et toutes les correspondances. Si leur plan s'exécutait, on verrait bientôt autant d'armées, autant de puissances belligérantes que de départemens; la France serait livrée à des horreurs que n'a pas éprouvées la Pologne, qui a subi le joug de trois tyrans sans avoir tiré l'épée; elle se détruirait elle-même en présence des puissances coalisées et de leurs armées rassemblées sur nos frontières; elle n'offrirait plus, au lieu de campagnes fertiles et de cités florissantes, que des champs de carnage et des monceaux de cendres! >> A la voix de trente factieux on a vu des administrateurs, des magistrats du peuple, faire courir aux armes contre la patrie dans des départemens, dans des cités distinguées jusqu'alors par le plus ardent patriotisme! ?? Ces administrateurs, ces magistrats n'étaient ni des républicains ni des amis de la liberté et de l'égalité; ils en avaient emprunté le langage; le voile de la politique avait couvert leur ambition et leurs projets. Citoyens, les traîtres qui s'efforcent de vous égarer et de vous entraîner dans leur révolte vous proposent de marcher sur Paris et la Convention nationale... Paris peut-il être étranger à la République? N'est-il pas l'asile de vos frères et le berceau de la liberté? Les citoyens de Paris n'ont demandé, comme vous, que la Constitution; ils ont dénoncé les auteurs des maux de la France. f >> Lorsque Paris proclama, le 20 juin de l'année dernière, par une démarche éclatante et nécessaire, les dangers de la patrie et la conspiration du dernier des rois, on vit des administrateurs infidèles ou égarés, traîtres envers leur patrie, usurpant les pouvoirs du souverain, offrir de renforcer la garde du conspirateur et d'envoyer de nombreux bataillons contre Paris. La France fut bientôt éclairée. Les fédérés des quatre-vingttrois départemens, rendus à Paris, n'y virent que des frères, et partagèrent avec eux les dangers et la gloire de renverser le trône. » La France va être également instruite des causes et des événemens qui ont nécessité la dénonciation du 31 mai et le décret d'arrestation porté le 2 juin contre trente-deux membres de la Convention nationale; elle en approuvera la sagesse et l'heureux résultat. » Les citoyens du département de Paris, qui ne s'étaient levés que pour dénoncer les dangers imminens de la patrie et dire aux représentans du peuple: sauvez l'Etat! fondez la République ! se sont réunis le 23 dans le sein de la Convention nationale pour exprimer leur allégresse, et célébrer deux grandes époques qui se confondront à l'avenir dans la mémoire et dans la même solennité, le serment du jeu de paume prêté par les membres de la première Assemblée constituante, et l'achèvement de la Constitution qui va être présentée à votre acceptation. >> La dissolution de la Convention peut-elle être l'objet de vos vœux ? Vous propose-t-on de l'anéantir? Quel gouvernement |