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DE

RAPPORTS, OPINIONS

ET

DISCOURS

PRONONCÉS A LA TRIBUNE NATIONALE DEPUIS 1789 JUSQU'A CE JOUR.

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CONVENTION.

An 1er de la République. - 1793.

LIVRE PREMIER.

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DISCOURS ET DISCUSSIONS SUR DIFFÉRENS SUJETS.

SUITE DES DÉNONCIATIONS. - TRENTE UN MAI. CIRCONSTANCES QUI ONT PRÉCÉDÉ ET SUIVI CETTE JOURNÉE.

GuADET avait terminé sa réponse à Robespierre en dénonçant une adresse des amis de la liberté (les Jacobins) à leurs frères des départemens.

Dans cette adresse, signée de Marat, et par lui hautement approuvée au sein même de la Convention, on appelait aux armes les vrais républicains; on signalait à leurs vengeances, comme assassins de la patrie, des représentans du peuple; enfin l'on invoquait avec fureur le tonnerre des pétitions et des accusations contre tous les traîtres, les suspects, et les délégués infidèles qui avaient voulu sauver le tyran en votant l'appel au peuple ou la réclusion. A l'indignation excitée par la lecture d'une telle pièce de longs et orageux débats avaient succédé : l'adresse trouva des apologistes; plusieurs membres de l'extrémité gauche, regrettant de n'y avoir pas concouru, s'empressèrent de placer leur signature à côté de celle de Marat, en s'écriant : si cette adresse est coupable, décrétez-nous d'accusation! Et les citoyens des tribunes applaudissaient à ces paroles en répondant: vive la montagne !

Cependant le côté droit, réuni à la plaine, forma la majorité, et Marat, déjà tant de fois dénoncé, fut enfin décrété d'accusation, quoique défendu par Robespierre et par Danton. C'est le 14 avril, à sept heures du matin, après huit heures de délibération, que ce décret fut porté, à la majorité de deux cent vingt membres contre quatre-vingt-douze; quarante-huit se récusèrent par le motif qu'ils étaient habituellement dénoncés dans les écrits de Marat: on entendit deux voix demander la couronne civique pour l'accusé. L'effrayante popularité dont cet homme jouissait fit de l'appel nominal une sorte de solennité : la crainte et le courage se partageaient les esprits; chaque membre en votant croyait décider du sort de la République. Le décret proclamé, l'Assemblée se sépara en silence, mais poursuivie par les murmures, les cris, les menaces des citoyens des tribunes.

Marat avait osé menacer d'un mouvement populaire si son inviolabilité n'était pas respectée; et le mouvement eut lieu, non pour soustraire l'idole à un jugement qu'on savait bien devoir être un triomphe, mais contre ceux qui l'avaient fait décréter d'accusation; et c'est ainsi que ce succès d'un jour, remporté sur un homme trop longtemps dédaigné, précipita la perte du côté droit.

La dénonciation principale avait été écartée: Danton lui-même, tout en rendant justice au patriotisme actif de Robespierre, convenait qu'il avait poussé les choses trop loin en n'établissant cette dénonciation que sur des preuves purement politiques. Ce n'était donc plus par un membre de la Convention qu'elle pouvait être reproduite; elle le fut par les citoyens, et presque dans les mêmes A la nouvelle du décret qui frappe l'ami du peuple toutes les sections, toutes les sociétés s'assemblent, quelquesunes présidées par des députés de la montagne, ou animées par leur présence. Il y est aussitôt résolu qu'on laissera à Marat l'avantage de se justifier devant le tribunal révolutionnaire, mais que ses accusateurs, qui sont en même temps les accusateurs du peuple, seront poursuivis sans relâche et par tous les moyens.

termes.

Séance du 15 avril 1793.

Les commissaires des sections, le maire de Paris à leur tête, sont introduits : les citoyens des tribunes applaudissent.

Le maire de Paris (Pache) annonce que les quarante-huit sections ont nommé des commissaires pour rédiger une pétition; que cette pétition, rédigée, a été reportée aux sections et dans les communes du département; qu'il résulte des procès verbaux que trente-cinq sections et une seule commune y ont adhéré; que le conseil général de la commune de Paris, à qui la pétition a été envoyée, y a également adhéré, et qu'il a chargé le maire d'accompagner les commissaires devant la Convention nationale. L'un d'eux prend la parole.

PÉTITION. - Orateur, Rousselin.

« Législateurs, les rois n'aiment pas la vérité; leur règne passera: le peuple la veut partout et toujours; ses droits ne passeront point.

» Nous venons demander vengeance des outrages sanglans faits depuis si longtemps à ces droits sacrés..

» Les Parisiens ont commencé les premiers la révolution en renversant la Bastille, parce qu'elle dominait de plus près sur leurs têtes: c'est ainsi qu'ils viennent aujourd'hui attaquer la nouvelle tyrannie; parce qu'ils en sont les premiers témoins, ils doivent jeter les premiers dans le sein de la France le cri de l'indignation.

>> Ils ne viennent point faire acte exclusif de souveraineté, comme on les en accuse tous les jours; ils viennent émettre

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