Deux ou trois points sont de nature à provoquer de sérieux débats la nomination du Sénat, le système électoral législatif de la Chambre des Communes d'Irlande et les clauses financières, surtout celles qui se rattachent aux tarifs douaniers. Ces dernières seront attaquées de deux ou trois côtés. Ceux qui préconisent un « Home Rule général » c'est-à-dire qui voudraient accorder l'autonomie, à l'égard des affaires intérieures, à l'Ecosse, au Pays de Galles, et à l'Angleterre proprement dite, aussi bien qu'à l'Irlande, désireraient savoir comment ces clauses s'adapteraient à leur projet, auquel d'ailleurs, le cabinet libéral est favorable. Les protectionnistes disciples de M. Chamberlain essaieront de détruire tout ce qui nuirait au succès de leurs théories. Quelques-uns d'entre nous, au contraire, regrettent que le projet soit rédigé de façon à laisser croire à un avenir dans lequel un système de douanes et un système de droits sur les produits alimentaires, deviendra une institution permanente. Ainsi que la royauté l'a montré en 1894, moins par son rapport que par les faits qu'il signale, il est évident qu'un tel système est profondément injuste pour les pauvres et que l'injustice est en raison directe de la pauvreté. Et l'Irlande, quoiqu'elle fasse des progrès rapides vers le bien-être, est une contrée pauvre où un système d'impôts indirects est très oppressif. A l'égard du système électoral législatif, on s'attend à une véritable bataille provoquée par ceux qui réclament la « représentation proportionnelle », sorte de scrutin de liste par lequel les minorités scraient représentées. Il est probable que le gouvernement l'emportera. La représentation proportionnelle s'accorde mal avec l'esprit britannique, et l'éducation politique de l'Irlande n'est pas encore assez avancée, pour que l'électeur puisse comprendre les subtilités d'un tel scrutin de liste. Les lignes qui précèdent ne forment qu'un compte rendu très insuffisant des problèmes que, pour la troisième fois, le Parlement Britannique s'efforce de résoudre. Peut-être suffiront-elles à diriger l'attention de quelques Français sur les travaux que les circonstances imposent à leurs amis d'Outre-Manche, circonstances d'autant plus intéressantes quelles peuvent, dans un avenir peu éloigné, provoquer l'extension du principe du Home Rule à la Grande Bretagne toute entière. REVUE POLIT., T. LXXIII. W. M. J. WILLIAMS. 36 TARLEAU A. - Évaluation du rendement des droits et impôts en Irlande, d'après les prévisions budgétaires pour l'exercice 1912-1913. TABLEAU B. Prévisions de dépenses pour les services irlandais (autres que les services réservés) pour l'exercice 1912-1913. TABLEAU C. — Tableau montrant pour la dernière année de chaque décade depuis 1839-1840 jusqu'à 1889-1890, et pour chaque exercice depuis 1893-1894, les recettes effectives en Irlande, les dépenses locales (versements de l'Echiquier) et le surplus de recettes disponibles pour les dépenses de l'Empire. * Vu le retard apporté au vote du Budget de 1909 et par suite de l'ajournement à 1910-1911 du prélèvement d'une grande partie des recettes qui rentraient en réalité dans l'exercice 1909-10, Les chiffres pour 1911-12 sont approximatifs. les chiffres de chacune de ces deux années, pris séparément, ne fournissent que des indications erronées au sujet du rapport entre les recettes et les dépenses. Les chiffres adoptés sont les chiffres moyens pour les deux exercices 1909-10 et 1910-11. Sur la base des recettes effectivement rentrées en 1909-10, on aurait dû inscrire £ 8.355.000 et, pour 1910-11, £ 11.566.500. Les versements de l'Echiquier ont été, en 1909-10, de £ 10.712.500, et, en 1910-11, de £ 11 344.500. de budget. Déficit. Ces chiffres sont empruntés au projet L'article de M. Charles Loiseau « du Rhin au Léman », paru dans le numéro de la Revue du 10 juin, appelle l'attention sur la navigation intérieure en Suisse, et sur les projets à l'étude, en vue de relier Genève à la mer c'est le cas de le dire à travers monts et vallées. Le jour où ces projets seront réalisés, il est évident que certaines compagnies de navigation seront appelées, de préférence à d'autres à bénéficier de cette nouvelle et grandiose voie de communication. Ce seront surtout celles des lacs de Constance, de Bienne, de Neuchâtel, et du Léman - lacs qui, avec l'Aar, doivent servir de trait d'union entre le Rhin et Genève. Je ne sais si je me trompe, mais je me figure que pour beaucoup de personnes, la navigation suisse est une révélation. L'esprit, associant toujours, par habitude, l'idée de flotte marchande ou militaire aux grands océans et aux grands fleuves, ceux-là même peut-être qui, maintes fois, ont admiré, à bord des nombreux vapeurs sillonnant les lacs de la Suisse, la splendeur et l'harmonie de leurs rives, n'ont prêté qu'une médiocre attention à l'utilisation de plus en plus remarquable de ces voies naturelles de circulation, au phénomène de la transformation de nombreux montagnards en navigateurs. La marine de guerre suisse, et « l'amiral suisse » ont d'ailleurs fait si longtemps les frais de nos plaisanteries, que nous ne nous doutons pas de la part de vérité dont l'histoire, sans le moindre apport légendaire, honore leur existence passée. Il se trouve cependant que cette marine et cet amiral ont fait brillante figure sur le lac Léman, à l'époque où la Suisse était en lutte perpétuelle avec les ducs de Savoie. Sans remonter plus haut, en 1580, on établit un corps militaire des galères génevoises, exercé à la guerre navale, et placé sous les ordres d'un « amiral de tout le navigage ». En 1589, cette flottille fit le siège de Versoix, défendu du côté du lac par des canons surnommés « les clefs de Genève ». En 1602, une frégate génevoise balaie le lac Léman, enfonçant et détruisant tous les bateaux qu'elle ne peut emmener. En 1650, bien après la conquête |