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sion, appuyée par le préfet, par M.André Lefèvre et par quelques conseillers de droite et d'extrême-gauche, ne réunit pourtant que 25 voix. On la déclara hautement la plus sage, mais on l'écarta.

M. Louis Dausset, rapporteur général du budget, amenda la proposition de la Commission des finances en portant le chiffre de l'emprunt de 700 à 900 millions de francs et le Conseil municipal vota d'enthousiasme la délibération sui

vante :

« ARTICLE 1er. M. le Préfet de la Seine est invité à solliciter des pouvoirs publics l'autorisation, pour la Ville de Paris, d'emprunter à un taux n'excédant pas 3,60 0/0, intérêts, primes de remboursemeni et lots compris, une somme de neuf cents millions (900.000.000 de francs) remboursable, au plus tard, en 71 ans, à partir de 1910 et destinée: 1° au paiement de divers engagements pris antérieurement par la Ville de Paris et dont le détail figure en annexe à la présente délibération; 2° au paiement de la totalité des opérations scolaires visées dans la loi du 10 mars 1908, qu'il y aura lieu de rapporter; 3° au paiement des dépenses nécessitées par l'exécution du plan de grands travaux annexé à la présente délibération; 4o aux frais de l'emprunt.

« Cet emprunt sera réalisé par fractions, soit avec publicité et concurrence, soit de gré à gré, soit par voie de souscription publique, avec faculté d'émettre des obligations au porteur avec ou sans lots, ou transmissibles par endossement, soit auprès de la Caisse des dépôts et consignations, de la Caisse nationale des retraites pour la vieillesse ou de la Société du Crédit Foncier de France.

« Les conditions des souscriptions à ouvrir ou des traités à passer seront fixées par décret du président de la République après délibération du Conseil municipal.

« L'Administration est invitée à solliciter l'enregistrement, au droit fixe de 1 franc. »

« ART. 2. M. le Préfet de la Seine est invité à solliciter des pouvoirs publics la prorogation pendant 71 ans, à partir du 1er janvier 1910, de la totalité de l'imposition extraordinaire dont la perception a été autorisée au profit de la Ville de Paris jusqu'au 31 décembre 1909 par la loi du 11 juillet 1899.

« Sur cette imposition, le produit de 20 centimes additoinnels au principal des contributions foncière, personnelle-mobilière et des portes et fenêtres, et de 10 centimes additionnels au principal de la contribution des patentes servira au paiement des dépenses municipales tant ordinaires qu'extraordinaires.

« Le surplus du produit de l'imposition sera exclusivement affecté, concurremment avec les disponibilités devant résulter ultérieurement de l'extinction de la dette secondaire, de l'emprunt de 1865 et des emprunts de 1875-76, au service de l'emprunt de 900 millions visé à l'art. 1er de la présente délibération et à son amortissement anticipé, si les circonstances le permettent. >>

<< ART. 3. M. le Préfet de la Seine est autorisé à solliciter des pous voirs publics la prorogation pendant 64 années, à partir du 1er janvier 1910, de l'imposition extraordinaire de 4 centimes additionnels au principal des quatre contributions directes et de 20 centimes additionnels au principal de la contribution foncière dont la perception a été autorisée au profit de la Ville de Paris jusqu'au 31 décembre 1909 par la loi du 22 juillet 1892.

« Le produit de cette imposition sera affecté, concurremment avec des prélèvements sur les ressources générales du budget, au service de l'emprunt municipal de 200 millions contracté en vertu de ladite loi, et, le cas échéant, à son amortissement anticipé. »

«<< ART. 4. La répartition des opérations scolaires visées par la loi du 10 mars 1908 à rapporter, devra être maintenue intégralement, ainsi que l'art. 3 de cette loi concernant l'emploi de la réserve constituée par la délibération du 29 mars 1907.

« Le produit des reventes de terrains et de matériaux ainsi que les bonis réalisés sur les différentes opérations seront affectés soit à compléter la dotation de celles des opérations énumérées au tableau (annexe) no 1 qui se trouveraient insuffisamment gagées, soit à exécuter les opérations de voiries énoncées aux tableaux (annexes) de première et deuxième urgence qui seront désignées par décrets du Président de la République sur délibération du Conseil municipal.

Au point de vue du progrès des méthodes financières, nous regrettons beaucoup la décision du Conseil municipal de Paris, et le vote tout récent par le Parlement des projets de loi d'autorisation de l'emprunt et de prorogation des centimes additionnels qui en assureront le service.

Nous n'entendons, en aucune façon, blâmer le vote des élus de Paris, dont les bonnes intentions ne font doute pour personne, et qui se sentirent poussés par les idées routinières de leurs électeurs.

Mais ce que nous avons essayé de retracer, c'est comment. une assemblée qui à un moment précis, avait décidé de renoncer à l'onéreux système de l'emprunt; qui reste convaincue de la nécessité d'amortir la dette formidable qui lui a été léguée; qui avait reconnu la possibilité de continuer l'extinction graduelle de cette dette tout en exécutant d'importants travaux, a pu se trouver petit à petit, entraînée par la fausse conception que les électeurs se firent des intérêts de la Ville, à revenir à ce fâcheux procédé des emprunts. Ceci montre la nécessité de continuer, sans se lasser, à faire l'éducation du grand public en matière de gestion urbaine comme en matière de méthodes politiques et électorales.

Mais comme nous avions espéré un moment voir l'avenir financier de la Ville de Paris entièrement dégagé par l'adoption du système de la dotation directe des grands travaux, système qui, un instant tout au moins, avait triomphé à l'Hôtel de Ville, nous n'avons pas cru inutile à l'éducation du public parisien de constater, avec un regret, cette victoire de la routine; nous avons tenu à regretter publiquement que la force des choses n'ait fait de la répudiation de l'emprunt qu'une généreuse et fugitive intention; nous déplorons ici la fin d'un trop beau rêve.

GASTON CADOUX.

LE MOUVEMENT OUVRIER EN ESPAGNE

Les récents événements, dont Barcelone a été le théâtre, appellent l'attention sur l'organisation du protétariat au sud des Pyrénées.

Le but de cette étude nécessairement réduite sera de passer en revue les diverses tendances qui caractérisent le mouvement ouvrier espagnol, à l'heure actuelle.

Ces tendances obéissent toutes au principe marxiste de la «<lutte des classes ». Il ne sera donc question ici, ni des institutions patronales - d'ailleurs peu importantes qui ont pour but de conjurer le danger social, en améliorant la condition des travailleurs, ni de la tentative faite depuis quelque temps par le clergé, pour grouper, avant qu'elles n'échappent définitivement à son influence, toutes les bonnes volontés que le socialisme ou l'anarchisme n'a pas encore enregimentées. Ce mouvement catholico-social disons-le en passant n'a guère donné jusqu'ici de résultats que dans un petit nombre de régions agricoles, principalement dans le Nord et dans le Nord-Ouest. Enfin, nous ne parlerons pas non plus des récentes réformes dues à l'initiative de l'Etat, qui, si elles sont pleines de promesses pour l'avenir, n'offrent pas encore une grande importance au point de vue pratique (1).

Nous ne pouvons donner non plus ici un aperçu, même résumé, de la condition matérielle du prolétariat espagnol. Disons seulement qu'elle est misérable, à peu près partout. Elle ne suffit, cependant pas, à expliquer l'esprit révolution

(1) Je me permets de renvoyer le lecteur, désireux de se renseigner sur ces différents points, ainsi que de compléter les indications continues dans cet article, à mon ouvrage sur La question sociale en Espagne, qui va paraître à la librairie Félix Alcan.

naire et mystique, à la fois, qui, au sud des Pyrénées comme en Russie caractérise le mouvement ouvrier, en général. Il faut tenir compte aussi du caractère de ce peuple, qui fait songer parfois davantage qu'à l'Europe, aux peuplades africaines qui l'ont si longtemps subjugué et ont laissé des empreintes si profondes de leur domination dans la Péninsule.

Il n'est pas de pays, sans doute, où le taux des salaires soit. aussi bas, où le coût de la vie ait augmenté dans de telles proportions, où les pouvoirs publics et l'initiative privée aient fait aussi peu de chose pour le prolétariat, et il n'en est pas, cependant, où l'ouvrier, à cause de son extrême sobriété et de son grand esprit de résignation, paraisse moins souffrir de son sort. Mais, sous le coup de la nécessité et de la colère, l'Espagnol passe brusquement de l'apathie la plus complète à l'enthousiasme le plus combatif. Ses réveils sont violents et brutaux. Ce pays, si calme et si endormi en apparence, vit sous la menace continuelle d'une révolution.

L'anarchisme a été le maître chez nos voisins, pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle, et il est fort à craindre qu'il ne triomphe également pendant de très longues années encore. Il a implanté de très profondes racines, non seulement parmi les travailleurs des villes, mais aussi dans le monde des campagnes au moins dans certaines régions, particulièrement du Sud.

Pour comprendre le présent, il faut nécessairement remonter au passé. Les idées de Bakounine furent introduites en Espagne par un de ses disciples et amis, Giuseppe Fanelli, député italien et délégué de l'Alliance démocratique socialiste de Genève. Mais, déjà de longues années auparavant, un certain nombre d'économistes, tels que Florez Estrada et La Sagra, avaient écrit des ouvrages de tendance communiste très marquée. Fourier et Cabet eurent aussi leurs admirateurs et leurs imitateurs dans la Péninsule. La révolte couvait partout dans le monde des travailleurs, et elle s'explique

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