service médical est assuré, à titre gracieux, par un médecin grec, élève du Dr Grancher, qui a fait toutes ses études en France et est arrivé, à force de soins et d'intelligence, à réduire à une proportion de 50 0/0 la mortalité infantile, généralement beaucoup plus élevée en Egypte. L'instruction est donnée en français aux enfants des deux sexes, aussitôt qu'ils sont en âge d'apprendre et nous avons vu que, pour augmenter leurs ressources, les sœurs ont été amenées à annexer à leur asile un externat payant, fréquenté par plus de 350 élèves. Asile d'enfants trouvés du Caire. -- Il manquait au remarquable ensemble des œuvres françaises de bienfaisance du Caire un asile d'enfants trouvés. La libéralité d'un sujet ottoman, protégé français, Sakakini Pacha, vient de combler cette lacune. Ce dernier a, en effet, fait donation à la colonic française du Caire d'un terrain contenant une maison, en vue d'y installer un asile analogue à celui qui existe à Alexandric. D'ici peu, quand la colonie aura été autorisée à accepter ce don et la maison mise en état de recevoir ses jeunes pensionnaires, les enfants abandonnés par leurs parents pourront être recueillis et élevés, au Caire, par des mains françaises. Pour compléter le tableau des oeuvres qui ont pour but l'assistance des enfants, il faudrait encore rappeler les nombreux orphelinats de garçons et de filles que nous avons signalés en dressant l'inventaire des établissements scolaires. Ce sont là, en effet, des institutions qui participent à la fois des deux caractères charitable et scolaire, et qui sont aussi remarquables sous le rapport de la bienfaisance que sous celui de l'enseignement. Asile de filles repenties du Caire. Il nous faut enfin mentionner un dernier établissement d'assistance. C'est l'Asile de filles repenties que les Dames du Bon Pasteur entretiennent au Caire. Là sont recueillies quelques-unes des malheureuses que la traite des blanches a conduites et laissées en Egypte. 3° DISPENSAIRES. Il n'est pas de communauté enseignante de femmes qui, à ses œuvres scolaires, ne joigne un ou plusieurs dispensaires. Les Sœurs de Saint-Vincent de Paul en ont fondé dans toutes les villes où elles ont des écoles. Leur dispensaire de la Maison de la Miséricorde, à Alexandrie, traite annuellement 40.000 malades. Au Caire, les mêmes religieuses ont réuni sous leur direction un dispensaire, un fourneau économique et une maison de refuge pour les femmes et les jeunes filles. Les Dames du Bon Pasteur, les Sœurs des Missions africaines, les Dames de la Délivrande entretiennent également des dispensaires au Caire, les deux premières à Choubrah, les dernières à Fagallah. Du Bon Pasteur dépend également un dispensaire situé au Mouski. Cela fait, pour la seule ville du Caire, cinq de ces établissements, répartis entre les quartiers d'Abdine, de Choubrah, de Faggalah et du Mouski. La province non plus n'est pas négligée par nos missions: dispensaires à Zagazig, à Mehalla-Kebir, à Ziftah, à Tantah, desservis par les Sœurs des Missions africaines; dispensaires à Ismailia, à Port-Said, avec les Sœurs de Saint-Vincent de Paul et les Dames du Bon Pasteur; dispensaire à Suez, avec les Dames du Bon Pasteur. Partout où s'est installée une mission française, les indigènes savent qu'ils peuvent trouver auprès d'elle les remèdes et les soins exigés par leur santé. Ici s'achève le programme que nous nous étions tracé. C'est à dessein qu'au risque de devenir fastidieux nous avons voulu visiter, un à un, chacun des établissements scolaires et hospitaliers qui, à un titre quelconque, ressortissent à la France en Egypte. Encore avons-nous été obligés de nous écarter de cette règle pour les 42 écoles dépendant des Jésuites dans la Haute-Egypte, et sans doute aussi notre inspection a-t-elle laissé de côté plus d'une institution échappée à notre recensement. Notre but est atteint si nous avons donné une idée de la multiplicité vraiment extraordinaire d'œuvres de toute nature créées et soutenues par l'initiative française dans la vallée du Nil. La revue que nous en avons faite est certainement moins attrayante que les brillantes controverses et les intéressantes déclarations de principe auxquelles donne lieu de temps à autre, au Parlement et dans la presse, la discussion des crédits affectés à ces œuvres. Mais elle peut avoir quand même son utilité. Car, je ne crois faire injure à la conscience d'aucun sénateur ou député en disant que, parmi ceux qui prennent part à ces débats, bien peu sont en mesure de connaître exactement le nombre, la nature et la situation des institutions qu'englobe le terme vague et incomplet d'« écoles d'Orient », qui sert de titre au chapitre 22 du budget du ministère des Affaires étrangères. Sous ce titre sont confondus, tant en Turquie proprement dite qu'en Egypte, des milliers d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires, d'asiles, d'orphelinats, etc., disséminés sur des milliers de kilomètres carrés, perdus quelquefois dans des localités dont les noms mêmes ne sont pas précisément familiers aux personnes, même instruites, de notre pays. On ne se rend vraiment compte de la grandeur de la mission assumée par la France et de la nécessité des sacrifices qui en découlent que lorsqu'on pénètre dans le détail et qu'on passe, sur le terrain ou au moins sur la carte, l'inspection complète de sa clientèle enseignante et charitable. C'est ce que nous avons essayé de faire pour une seule des régions de l'empire ottoman, pour l'Egypte. Après l'extrême multiplicité des œuvres que nous avons passées en revue, ce qui frappe le plus, c'est leur variété. Tous les genres d'assistance y sont représentés: assistance aux malades ; assistance aux vieillards; assistance aux orphelins, aux enfants abandonnés, aux jeunes filles sans ressources; assistance aux indigents. Parmi les écoles que de subdivisions ne faut-il pas aussi distinguer! Elles appartiennent à tous les degrés d'enseignement : supérieur, secondaire, primaire, commercial, professionnel. Tous les types d'écoles s'y rencontrent : externats, pensionnats, demipensionnats, écoles gratuites, écoles payantes, écoles de garçons, écoles de filles, écoles enfantines mixtes. Aux différences résultant de la nature de l'enseignement, du niveau des programmes, du taux de la scolarité, viennent s'ajouter celles qui résultent des maîtres qui ont la direction de l'établissement. Même à degré d'enseignement égal, la clientèle des Jésuites n'est pas la même que celle des Frères; celle des Sœurs de Saint-Vincent de Paul pas la même que celle des Dames de Sion; celle du collège de M. Esnault pas la même que celle du lycée français du Caire. Toutes les conditions sociales, depuis l'enfant de famille riche jusqu'à l'indigent, sont représentées dans la population scolaire de nos étaMême diversité sous le rapport des races et des re blissements. ligions. Toutes les nationalités, toutes les confessions se rencontrent et se confondent dans la clientèle de nos écoles de garçons et de filles, comme, d'ailleurs, dans celle de nos hôpitaux, de nos asiles et de nos dispensaires. Pour ne parler que de nos écoles, l'élément indigène y figure pour une notable part, à peu près la moitié du total des élèves, et, dans cet élément indigène, l'élément musulman pour environ 1.500 personnes. Ils y viennent parce qu'ils savent y trouver, de la part des congréganistes comme de la part des laïques, un égal respect de toutes les convictions religieuses. Enfin, après la multiplicité, après la variété de toutes ces œuvres, ce qui saute aux yeux, c'est leur vitalité. Je ne crois pas qu'on puisse les visiter sans se convaincre que, si les besoins de chacune croissent en raison directe de son développement même, il ne s'agit pas là cependant d'œuvres factices, soutenues à force de sacrifices, à coup d'argent. Partout règne une activité qui fait honneur au personnel dirigeant, médecins ou professeurs. Presque toujours, l'insuffisance d'espace ou de personnel s'oppose seule à un développement plus considérable. Malades, indigents, élèves s'adressent à nos hôpitaux, à nos asiles, à nos écoles avec un empressement qu'atteste l'abondance croissante de leur clientèle. Pour nous en tenir aux écoles, une statistique dressée par les soins de l'Agence diplomatique de France en février 1909 a donné les résultats suivants : Circonscription consulaire d'Alexandrie......... Cidconscription consulaire du Caire (Haute-Egypte comprise). Circonscription consulaire de Port-Saïd (Israélie et Il faut s'être rendu compte sur place du pressant besoin d'instruction qui se fait sentir en Egypte; il faut, d'autre part, avoir jugé du nombre et de la variété des misères qui sollicitent, dans ce pays, la charité publique et privée, pour apprécier à leur juste valeur les services que rendent des œuvres comme celles que nous avons considérées. Cette diversité même sur laquelle nous avons insisté leur permet de faire le bien sous toutes les formes, dans tous les milieux, d'étendre leur action sur toutes les classes de la population égyptienne. Leur intérêt au regard de l'Egypte est donc primordial; il n'est pas négligeable au regard de la France, qui en retire influence morale, prestige et honneur. *** LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DU MOIS I'emprunt marocain. Changement de ministère en Turquic.- La situation en Grèce. La crise ministérielle italienne. Le chemin de fer de Bagdad et les emprunts étrangers. Paris le 1 janvier 1910. L'emprunt marocain. - L'amélioration que je signalais, dans ma dernière chronique, touchant notre situation au Maroc, s'est considérablement accentuée. Tout se tient en politique de la force de l'opinion publique dépend souvent la plus ou moins grande fermeté du gouvernement, et quand il s'agit d'un homme comme le sultan du Maroc, sa conduite à notre égard est presque toujours dictée par la plus ou moins grande fermeté dont nous faisons preuve envers lui. L'opinion publique chez nous s'était manifestée de manière à ne laisser place à aucune équivoque ; des journaux, de nuances très diverses, soutenant des politiques très opposées, s'étaient brusquement trouvés d'accord pour dire nettement que notre politique marocaine manquait de vigueur. Voilà des mois et des mois que Mouley Hafid nous fatiguait par des négociations interminables au sujet de l'emprunt; nos nationaux et nos protégés obtenaient de moins en moins les égards et la justice à laquelle ils ont droit. En présence de ces dispositions très mauvaises du Sultan, l'opinion française commençait sérieusement à s'impatienter : « Qu'estce, après tout, que ce sultan ? » se disait-on. Un homme que nous avons tenu en notre pouvoir, que le général d'Amade aurait pu, sur un simple geste de son ministre, anéantir, dont les ressources consistent presque uniquement dans le produit des douanes, vérifié et contrôlé par nous si bien qu'il nous suffirait de fermer la main pour que le coffre de Sa Majesté Chériffienne fût aussitôt tari. Et c'est là le souverain qui le prend de si haut avec nous, qui s'avise de, faire attendre notre représentant au soleil dans la cour REVUE POLIT., T. LXIII. 12 |