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d'action et de propagande au Parti ». Si donc elle constitue un instrument de lutte, elle contribue, en même temps, à l'amélioration du sort de l'ouvrier, et conséquemment au maintien de la paix sociale.

Il convient surtout d'insister sur le rôle personnel, très politique et très sage, joué, ces dernières années, par le leader du parti, Pablo Iglesias : s'il n'a pas toujours réussi à empêcher les grèves générales, notamment dans la région minière de Bilbao, il a contribué, cependant, à tempérer l'ardeur belliqueuse du prolétariat espagnol. A lui revient aussi, en grande partie, l'honneur d'avoir appelé l'attention des pouvoirs publics sur la condition misérable du prolétariat, et, en ramenant le socialisme marxiste des régions éthérées, où il menaçait de se perdre, sur le terrain pratique, il a rendu un grand service aux classes ouvrières, en fomentant des réformes sociales et en y coopérant même, dans la mesure où il lui était permis de le faire « officiellement ».

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Mais, du fait même qu'il est amené à se rapprocher des milieux gouvernementaux et à devenir un socialisme d'Etat, le marxisme en Espagne doit, sans doute, perdre davantage encore de la faveur, d'ailleurs assez médiocre, dont il jouit auprès du prolétariat. Déjà, comme je l'ai dit, en dehors de la capitale et de quelques centres industriels, principalement de Biscaye et des Asturies, il ne possède ni clientèle, ni influence, ni moyens d'action. En particulier, la Catalogue tout entière lui demeure à peu près fermée...

A envisager le mouvement ouvrier au sud des Pyrénées sous le seul aspect des menaces qu'il peut contenir pour la paix sociale, le danger ne m'apparaît donc point tant du côté du socialisme — ceci résulte des observations précédentes que de l'anarchisme : moins sans doute, sous la forme idéologique qui était encore la sienne, il y a quelques années, et dans les théories platoniques que peuvent encore professer quelques survivants de l'Internationale, ni même dans les attentats individuels d'un petit nombre d'exaltés ou de gens sans aveu, que sous l'aspect nouveau du « syndicalisme révolutionnaire »<, qui peut lui permettre, comme nous l'avons vu, de se réorganiser.

Tout conspire, malheureusement, au succès du syndica

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lisme importé de France dans les centres industriels de la Péninsule. D'abord - remarque générale l'influence de notre pays est prépondérante au sud des Pyrénées, aussi bien dans le domaine social qu'à d'autres points de vue. De plus, l'inconstance du caractère des ouvriers français, qui ne se prête pas à des disciplines sévères ni à de sérieux compromis (1), se retrouve aussi en Espagne, particulièrement dans la région catalane, dont les habitants sont si voisins, par la langue et par le caractère, de nos populations méridionales. Les associations espagnoles sont autre analogie aussi pauvres que nos syndicats français.

Enfin, la tradition même des sociétés ouvrières espagnoles les pousse à suivre cette voie. Nées presque toutes à l'époque de la Révolution de septembre et de l'Internationale, elles n'ont pas de programme bien précis. Les divergences causées par les idées républicaines et le dédoublement de l'Internationale en socialistes et en anarchistes rendit impossible comme nous l'avons dit, - en ces temps troublés, la constitution d'un grand parti ouvrier de caractère socialiste. La plupart des sociétés ouvrières espagnoles n'obéissent pas à une direction précise en matière politique, et la différence d'orientation, qui s'est surtout signalée chez nous par la création de la C. G. T. et la scission entre les « unifiés » et les syndicalistes, a existé de tout temps au sud des Pyrénées entre ceux qui suivent les inspirations socialistes de la Union general de trabajadores et les « abstentionnistes »: c'est dans ces derniers que se rangent la grande majorité des « sociétés de résistance » catalanes. Qu'y a-t-il d'étonnant, dès lors, à ce que, sous l'influence d'agitateurs perspicaces, le prolétariat espagnol principalement à Barcelone suive la voie où se sont déjà engagés les camarades français de la C. G. T. ? Il y a plus. Le syndicalisme comme on l'a remarqué (2) - se montre beaucoup plus habile que le socialisme et que l'anarchisme à cacher ou à atténuer ses idées révolutionnaires. Aux yeux du travailleur surpris, il ne se présente, d'abord, que comme la réunion consciente de sociétés naturelles et autonomes, qui aspirent uniquement à l'émancipation (1) Léon de SeIHAC, Les congrès ouvriers, p. 5.

(2) José M. BAUSILI, dans la Revista social, juin 1909.

du prolétariat, sans distinction d'idées politiques et religieuses. Mais cet aspect n'est qu'une feinte, et l'Internationale se montra tout aussi habile, dans les commencements, à ne pas paraître aussi révolutionnaire qu'elle était en réalité.

Les agitations dans les campagnes, si graves soient-elles, parce qu'elles ont leur origine dans la question agraire la plus grave qui soit et qui s'impose également à l'attention de nos voisins - sont condamnées à n'être que des mouvements spasmodiques et de courte durée. Le défaut d'organisation du prolétariat agricole, en général, empêchera long temps encore qu'il devienne une cause sérieuse d'inquiétude pour la tranquillité publique. L'organisation révolutionnaire des travailleurs des villes et je fais surtout allusion à ceux de Barcelone si elle n'est encore qu'à ses débuts, nous apparaît comme autrement menaçante et digne d'attention..: (1).

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ANGEL MARVAUD.

(1) Nous exprimions déjà ces craintes dans une étude de la Revue (1er avril 1908). Nous les avons retrouvées, un an plus tard, sous la plume d'un catholique social, le Père M. Bausili (loco citato). Et, malheureusement, il semble bien, à en juger par les derniers troubles,que les événements nous aient donné raison.

VARIÉTÉS

I

LE MARCHÉ EUROPÉEN DES DENRÉES PÉRISSABLES

Depuis quelques années les questions relatives au trafic inter national des denrées périssables donnent lieu à de nombreuses discussions dans le monde et dans la presse agricoles et jusque dans les cercles et les grands journaux politiques.

On jugera peut-être utile d'éclairer ces discussions parfois confuses, en précisant les conditions de ce trafic, son passé, son état présent, son allure; sur le terrain mieux défini, les efforts. pourront être ainsi mieux dirigés, plus utilement coordonnés.

Cette étude est facile avec les Documents publiés par les Administrations des Douanes des différents pays et toutes réserves faites au sujet de la concordance, sinon de l'exactitude même de ces documents, nous allons en présenter sommairement les résultats.

D'ailleurs au lieu de tableaux, nous ferons le plus souvent cette présentation sous forme de graphiques qui mettent bien mieux en lumière les traits caractéristiques de ce commerce spécial, sa répartition, ses tendances.

Il importe en commençant de préciser la nature et l'importance des besoins de ce marché européen qu'il s'agit d'alimenter.

Le graphique suivant no 1 décompose entre les principaux éléments de ce trafic, les importations dans les principaux pays de consommation européens Angleterre, Allemagne, Suisse, Belgique, France, et permet d'en suivre la marche dans la période écoulée de 1897 et 1907.

La division adoptée pour les produits est la suivante :
Beurre ;

OEufs;

Viandes fraîches;

Volailles et Gibiers;

Poissons; mollusques;
Légumes frais;

Fruits frais (à l'exception des agrumes, (oranges, citrons) et des fruits exotiques).

Ce graphique montre clairement quels sont sur le marché international européen, les denrées le plus demandées, celles dont la demande progresse le plus rapidement et qui doivent à ce titre fixer plus spécialement l'attention des nations productrices et de leurs exportateurs.

Passant maintenant en revue et analysånt successivement les

GRAPHIQUE no 1.

Importations totales dans les principaux pays de consommation
européens.

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