les établies par les administrations communales et les écoles privées, dites écoles libres, qu'a fondées le parti catholique; et ils sont fermement décidés à tenir cette promesse, ce qui allégera sensiblement les charges que les catholiques se sont imposées pour constituer un enseignement confessionnel en concurrence avec l'enseignement neutre que dirigent les administrations communales libérales. La question scolaire est une de celles qui nous divisent le plus. Il en est du reste à peu près de même partout. Mais en Belgique, le parti catholique qui détient le pouvoir depuis bientôt trente ans, est parvenu à s'emparer presque entièrement de tout l'enseignement primaire. On y est arrivé par étapes successives. La loi scolaire que le dernier gouvernement libéral avait fait voter, avait été combattue avec la dernière violence. L'organisation de l'enseignement primaire étant confiée aux pouvoirs locaux, nombre d'administrations communales catholiques s'étaient mises en révolte contre la loi et avaient refusé de l'appliquer; les curés de campagne avaient fait à leurs paroissiens un devoir de conscience de ne plus envoyer leurs enfants dans les écoles officielles dont un grand nombre furent complètement désertées et cette guerre scolaire a certainement contribué fortement à la mémorable débâcle du parti libéral en 1884. Les catholiques abrogeant la loi scolaire qu'ils avaient combattue, donnèrent aux communes la liberté d'inscrire l'enseignement de la religion au programme des écoles officielles ou d'adopter comme telles des écoécoles privées; nombre d'écoles confessionnelles, fondées par les catholiques pendant la guerre scolaire, furent ainsi assimilées aux écoles officielles et reçurent comme elles les subsides du gouvernement; mais il fallait pour cela l'assentiment de l'autorité communale, aussi quelques années plus tard, en 1895, la majorité catholique, faisant un pas de plus, vota uue nouvelle loi rendant obligatoire l'inscription du cours de religion au programme des écoles primaires, sauf aux « dissidents » à demander dispense de l'obligation de suivre ces cours et l'on admit en même temps à profiter des subsides de l'Etat, les écoles libres qui réunissaient les conditions requises pour être adoptées; c'est-à-dire celles où l'on enseigne le programme imposé par la loi et où l'on admet l'inspection officielle. Ces écoles « adoptables » ont vu peu à peu grossir les subsides assez modestes au début, qui leur étaient alloués, et le parti catholique veut consacrer par une loi formelle le principe de l'égalité des subsides pour toutes les écoles. C'est dans ce but qu'il y a deux ans, le ministre Schollaert proposa l'institution du bon scolaire, qui aurait été remis officiellement par l'autorité communale à tous les pères de famille ayant des enfants en âge d'école et dont le montant devait être plus tard remboursé par la commune au chef d'école, à qui le père de famille l'avait remis. C'était un moyen indirect d'obliger les communes libérales à subsidier indirectement les écoles confessionnelles. Ce projet souleva une vive opposition, il rencontra certaines résistances même parmi les membres de la majorité; et comme cette majorité n'était alors que de six voix, il dut être abandonné. Le projet actuel s'inspire des mêmes principes et tend au même but; mais il ne fait plus appel à l'intervention pécuniaire des communes; il règle seulement la distribution des subsides de l'Etat et, les subsides complémentaires qu'il prévoit ne seront plus distribués par tête d'élève comme dans le système du bon scolaire, mais par classe. Et pour proportionner ces subsides complémentaires aux besoins de ceux qui les reçoivent, ceux alloués aux directeurs des écoles adoptables sont fixés à un chiffre plus élevé que ceux destinés aux communes; et parmi celles-ci, celles qui perçoivent proportionnellement le moins d'impositions sont favorisées par rapport aux autres. Or, ce sont ces dernières qui, pour la plupart, ont organisé l'enseignement en dehors des influences religieuses. L'école confessionnelle est donc directement favorisée et l'on arrivera sans doute bientôt à accorder à l'école libre un subside égalant en importance l'allocation consacrée par les communes à leurs écoles et le subside qu'y ajoute l'Etat. Pour faire accepter par l'opposition et par l'opinion ce principe de l'égalité des subsides scolaires qui doit favoriser considérablement l'expansion de l'école confessionnelle, le gouvernement a admis une des revendications essentielles du programme des gauches, l'instruction obligatoire, et quelques autres améliorations du régime scolaire, notamment l'institution d'un quatrième degré d'enseignement primaire formant préparation à l'enseignement technique des écoles professionnelles c'est une réforme déjà réalisée par les grandes communes belges et un relèvement du barême des traitements des instituteurs, barême qui sera rendu applicable aussi bien au personnel laïc des écoles libres, qu'à celui des écoles officielles. Mais ces concessions que faisait déjà le projet Schollaert ne sont pas de nature à satisfaire l'opposition. En ce qui concerne l'instruction obligatoire, on objecte que le principe, tel qu'il est formulé dans le projet de loi restera lettre morte; en effet l'on prévoit toute une série de cas dans lesquels l'obligation scolaire disparaîtra trop grand éloignement de l'école la plus proche, faiblesse de santé de l'enfant, et même scrupule de conscience des parents à qui il suffira de déclarer que l'enseignement donné dans les écoles du voisinage blesse leurs convictions religieuses ou philosophiques. De plus, les sanctions sont purement morales; la réprimande par le juge de paix, l'affichage des noms des récalcitrants et finalement une très minime amende ne peuvent être appliqués qu'après des avertissements réitérés. Néanmoins, c'est cette réalisation très atténuée de l'obligation scolaire qui est invoquée comme rendant indispensable une large distribution de subsides aux écoles adoptables. Il faut, dit-on, puisqu'on oblige le père de famille à envoyer son enfant en classe, prendre les mesures nécessaires pour qu'il ait le libre choix de l'école; or, ajoute-t-on, en Belgique la grande majorité des pères de famille veulent pour leurs enfants un enseignement confessionnel, imprégné tout entier de l'idée religieuse; les pères de famille répudient l'école neutre condamnée par leurs curés, et c'est pourquoi il faut faciliter partout l'établissement d'écoles catholiques. On n'a pas attendu, du reste, le vote de l'instruction obligatoire, pour marcher dans cette voie. Dans un très grand nombre de communes, l'école officielle elle-même a ce caractère confessionnel; souvent même ce sont des congréganistes et des religieux qui sont appelés à y donner l'enseignement; en sorte que celui qui ne trouvera pas dans la plupart des cas une école où se donne un enseignement conforme à ses convictions, ce ne sera pas le père de famille chrétien, ce sera le libre-penseur. Cette loi scolaire est considérée comme essentielle par le parti catholique; et le gouvernement avait même insisté pour que la Chambre votât son projet avant de se séparer; mais la discussion des lois d'impôts s'étant prolongée jusque dans le courant de mois d'août, on a fini par reconnaître que c'était impossible, et la droite a consenti à ajourner le débat scolaire jusqu'à la rentrée parlementaire, mais en avançant celle-ci d'un mois. Et c'est ainsi que, tandis que la constitution fixe au deuxième mardi de novembre la date de la réunion ordinaire des Chambres, on a entamé depuis quinze jours la discussion du projet scolaire. Les débats n'ont apporté jusqu'ici rien de bien nouveau, la majorité est absolument décidée à voter la loi, et les plus beaux discours n'y changeront rien; à moins que le mouvement d'opinion qui s'est déchaîné il y a deux ans contre le projet Schollaert ne renaisse et ne fasse reculer la majorité. Des manifestations et des meetings s'organisent et une certaine effervescence se produit dans les grandes villes, mais il ne parait pas que le mouvement puisse prendre assez d'extension pour être efficace. Après le débat scolaire, la Chambre belge aura à résoudre le problème des pensions ouvrières. Le gouvernement a déposé un projet d'assurance obligatoire, les libéraux et les socialistes ont formulé des contre-projets, mais la discussion ne pourra pas être abordée avant quelques mois d'ici; il va falloir en effet, lorsque va se terminer la discussion du projet scolaire, se hâter de voter les budgets essentiels: le budget des voies et moyens et le budget du Congo; ce dernier devant, d'après la charte coloniale, être promulgué par décret royal si les Chambres ne l'ont pas voté avant le 31 décembre. Le budget des voies et moyens aura cette année une importance particulière, puisqu'il devra contenir une évaluation du produit des nouveaux impôts. A l'occasion du budget du Congo, diverses questions d'une certaine importance ne manqueront pas d'être discutées; celle des finances coloniales d'abord. Depuis la reprise du Congo par la Belgique, le budget colonial a toujours été en déficit; ce fut la conséquence de l'abandon des méthodes d'exploitation directe qui avaient été mises en pratique quand le roi Léopold II était souverain absolu de l'Etat indépendant du Congo. Mais voici que la baisse persistante du caoutchouc vient ajouter de nouvelles pertes à celles qu'a causées aux recettes du Congo le rétablissement de la liberté commerciale; pour permettre aux exportateurs de caoutchouc de soutenir la concurrence, notre ministre des Colonies s'est vu contraint de diminuer considérablement le taux des droits de sortie qui avaient été établis; et comme, d'autre part, l'exploitation des mines sur laquelle on avait fondé de grandes espérances n'a pas encore pu être faite d'une façon productive, on se trouve en face d'un déficit de plus en plus sérieux et l'on commence à parler de subsides à demander au budget de la Belgique. D'un autre côté des conflits encore mal connus se sont élevés entre les missionnaires catholiques et notre magistrature coloniale; et le ministre a été violemment attaqué par une partie de la presse catholique pour n'avoir pas mis assez d'empressement à sévir contre les agents du pouvoir accusés d'avoir montré trop peu de complaisance envers ces missionnaires. les établies par les administrations communales et les écoles privées, dites écoles libres, qu'a fondées le parti catholique; et ils sont fermement décidés à tenir cette promesse, ce qui allégera sensiblement les charges que les catholiques se sont imposées pour constituer un enseignement confessionnel en concurrence avec l'enseignement neutre que dirigent les administrations communales libérales. La question scolaire est une de celles qui nous divisent le plus. Il en est du reste à peu près de même partout. Mais en Belgique, le parti catholique qui détient le pouvoir depuis bientôt trente ans, est parvenu à s'emparer presque entièrement de tout l'enseignement primaire. On y est arrivé par étapes successives. La loi scolaire que le dernier gouvernement libéral avait fait voter, avait été combattue avec la dernière violence. L'organisation de l'enseignement primaire étant confiée aux pouvoirs locaux, nombre d'administrations communales catholiques s'étaient mises en révolte contre la loi et avaient refusé de l'appliquer; les curés de campagne avaient fait à leurs paroissiens un devoir de conscience de ne plus envoyer leurs enfants dans les écoles officielles dont un grand nombre furent complètement désertées et cette guerre scolaire a certainement contribué fortement à la mémorable débâcle du parti libéral en 1884. Les catholiques abrogeant la loi scolaire qu'ils avaient combattue, donnèrent aux communes la liberté d'inscrire l'enseignement de la religion au programme des écoles officielles ou d'adopter comme telles des écoécoles privées; nombre d'écoles confessionnelles, fondées par les catholiques pendant la guerre scolaire, furent ainsi assimilées aux écoles officielles et recurent comme elles les subsides du gouvernement; mais il fallait pour cela l'assentiment de l'autorité communale, aussi quelques années plus tard, en 1895, la majorité catholique, faisant un pas de plus, vola uue nouvelle loi rendant obligatoire l'inscription du cours de religion au programme des écoles primaires, sauf aux « dissidents » à demander dispense de l'obligation de suivre ces cours et l'on admit en même temps. à profiter des subsides de l'Etat, les écoles libres qui réunissaient les conditions requises pour êire adoptées; c'est-à-dire celles où l'on enseigne le programme imposé par la loi et où l'on admet l'inspection officielle. Ces écoles « adoptables » ont vu peu à peu grossir les subsides assez modestes au début, qui leur étaient alloués, et le parti catholique veut consacrer par une loi formelle le principe de l'égalité des subsides pour toutes les écoles. C'est dans ce but qu'il y a deux ans, le ministre Schollaert proposa |