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aller la chercher qu'à la coopérative, propriété collective. Il serait aussi absurde de fermer, en cas de grève, la coopérative que de fermer la Bourse du travail et de donner congé aux fonctionnaires des organisations syndicales.

Le ministre du Travail a eu l'occasion de prononcer un discours qui est un véritable programme de ses conceptions sociales. Aux lois d'assistance qui jusqu'alors venaient en aide au malade et à l'infirme, le gouvernement a ajouté celles qui protégeront désormais la maternité et les familles nombreuses. Notre système d'assistance, a dit M. Chéron, est maintenant complet. Que la misère atteigne la mère, l'enfant, le malade, le chef de famille ou le vieillard, aucun d'eux ne tournera en vain ses regards vers la République. Ce n'est pas tout. Le gouvernement s'occupe de créer des actions de travail, de légiférer sur les coopératives de production, d'instituer le crédit au travail, d'étendre la capacité des syndicats professionnels. Il a fait voter par la Chambre un texte sur les conventions collectives de travail et une proposition de loi sur l'application aux maladies professionnelles des principes et des garanties de la loi sur les accidents du 9 avril 1898. Grâce aux modifications introduites dans la loi sur les habitations à bon marché, la loi du 23 décembre 1912 est devenue celle du 14 juillet 1913 et l'œuvre du logement populaire semble devoir prendre un magnifique essor. Près de quinze millions d'avances ont été consentis par l'Etat, et les municipalités semblent devoir consacrer à cette œuvre intéressante des subsides importants.

Le premier projet social qui va se présenter à la réouverture des Chambres est la loi sur le travail des ouvrières à domicile, qui ne réclament rien, parce qu'elles ne peuvent rien demander. Il faut que l'Etat se fasse leur défenseur et leur syndic.

D'autres projets seront soumis à la discussion des Chambres, sur le recours obligatoire à la tentative de conciliation, sur l'interdiction de l'emploi, dans les débits de boissons, de jeunes gens de moins de quinze ans et de jeunes filles de moins de dix-huit ans.

Le projet sur l'assurance-invalidité a été soumis au Conseil supérieur des retraites et au Conseil supérieur de la mutualité et a obtenu leur adhésion.

La loi du 14 juillet 1913 relative aux familles nombreuses est une

des plus importantes qui aient été votées. Elle stipule que tout chef de famille, de nationalité française, ayant à sa charge plus de trois enfants légitimes ou reconnus, et dont les ressources sont insuffisantes pour les élever, reçoit une allocation annuelle par enfant de moins de treize ans, au-delà du troisième enfant de moins de treize ans. Le taux de l'allocation est arrêté pour chaque commune par le Conseil municipal et ne peut être inférieur à 60 francs ni supérieur à 90.

Le Conseil municipal peut décider que tout ou partie de l'allocation sera donnée, soit en secours de loyer, soit en nature par le bureau de bienfaisance. Les communes pourvoient à ces dépenses à l'aide des ressources spéciales provenant des fondations ou des libéralités faites en vue de l'assistance aux familles nombreuses, de la participation éventuelle du bureau de bienfaisance et, en cas d'insuffisance, d'une subvention du département, conformément à un barême annexé à la loi; enfin, pour le surplus, à l'aide des recettes ordinaires ou des ressources provenant de l'impôt, d'impositions ou de taxes dont la perception est autorisée par la loi.

En cas d'insuffisance des ressources départementales, le département aura recours aux subventions de l'Etat, conformément à un barême annexé à la loi.

En outre, l'Etat est chargé des allocations aux chefs de famille n'ayant pas de domicile de secours et des frais d'administration et de contrôle occasionnés par l'exécution de la loi.

La Chambre a adopté un projet de loi qui assimile les maladies professionnelles aux risques professionnels d'accidents. Lorsqu'un ouvrier quitte une des exploitations énumérées dans un tableau annexe de la loi, son employeur demeure responsable des maladies correspondant à cette exploitation, pendant un délai fixé pour chacune des affections énumérées au tableau. Cette responsabilité va en décroissant et, si à ce moment l'ouvrier travaille dans une autre entreprise également classée dans les exploitations soumises à ce risque, son nouvel employeur n'est responsable que pour le surplus de l'indemnité fixée par les articles 3 et 4 de la loi sur les accidents du travail à moins que le dernier employeur n'ait commis une faute inexcusable. Les opérations de la caisse nationale d'assurances en cas d'accidents, créée par la loi du 11 juillet 1868, sont étendues aux risques en cas de maladie. Les

industriels qui désirent se libérer en une fois peuvent verser le capital représentatif des pensions allouées à la Caisse nationale des retraites qui établira un tarif tenant compte de la mortalité des victimes de maladies professionnelles et de leur ayants-droit. La déclaration de toute maladie professionnelle est d'obligation pour les médecins.

A partir du 1er janvier prochain la loi sur l'assistance aux femmes en couches, dépourvues de ressources sera mise en application.

Le secours attribué à ces femmes pourra varier de 50 centimes à 1 fr. 50 par jour et sera versé à toute femme en couches, avant et après l'accouchement, pendant une période qui ne peut excéder huit semaines. La loi s'applique aux domestiques, aux employées, aussi bien qu'aux ouvrières travaillant en dehors de chez elles et à domicile. Certaines prescriptions sont obligatoires. Ainsi la mère doit suspendre l'exercice de sa profession et se soumettre aux règles d'hygiène qui lui seront données par le bureau d'assistance.

Le secours de 50 centimes à 1 fr. 50 est majoré d'une prime de 50 c. par jour, après les couches pour les mères qui nourrissent elles-mêmes, pendant une durée de quatre semaines.

Enfin, le crédit au petit commerce va être organisé, ainsi que le crédit à la petite industrie, qui permettraient de donner à notre commerce et à notre industrie, paralysés par l'absence de ressources, un merveilleux essor, que les banques locales sont impuissantes à produire. Ne suffit-il pas d'introduire en France le système des sociétés de crédit Schulze-Delitzsch qui a si magnifiquement réussi en Allemagne ? Il est une condition à leur succès, c'est qu'elles fassent surtout du prêt à court terme et que les échéances soient rigoureusement respectées. C'est pour n'avoir pas observé ces conditions que le système a si mal réussi en France.

Voilà, il semble bien, un programme social complet qui honorera ceux qui le mettront à exécution.

LA

VIE POLITIQUE & PARLEMENTAIRE A L'ÉTRANGER

I. CHINE

Par FERNAND FARJENEL

Le Coup d'Etat accompli par le président provisoire de la République chinoise, Yuen Chekai, a développé ses effets logiques, embrouillé et rendu dangereuse la situation internationale en Extrême-Orient.

Le parlement a été rapidement réduit à l'impuissance et les républicains, qui se sont soulevés pour lutter contre la dictature, ont assez vite été écrasés dans les régions où les troupes de mercenaires de Yuen Chekai se sont rencontrées avec les soldats de peu de valeur ou les volontaires constitutionnalistes. Il n'était pas possible en effet, que le succès immédiat n'appartint pas dans une telle lutte au côté qui était appuyé par la diplomatie et la finance européennes. Le Dr Sun Yatsen, le premier Président de la République, s'en était bien rendu compte, aussi donnait-il des conseils de temporisation à ceux des républicains parlementaires qui voulaient résister par la force à la violation de la Constitution. Comme il arrive presque toujours en pareil cas, la violence de la colère l'emporta, les généraux furent obligés de suivre leurs troupes qui brûlaient du désir d'arborer l'étendard où se trouvaient écrit ces mots Tao Yuen. Pour châtier Yuen.

L'argent de l'emprunt permit à Yuen, non seulement de payer les frais de sa campagne dans cette deuxième guerre civile, mais aussi de soudoyer des trahisons parmi les soldats du Sud, et ainsi d'assurer son succès. Il lui permit aussi de mettre à prix la tête des principaux défenseurs de la légalité, les chefs Hoanghing, le

général révolutionnaire, Po Wenwei, gouverneur de la province du Nganhouei, de Liékiun, gouverneur du Kiansi, Tchenn Kimei, de Changhaï, ce qui eut lieu par décret publié à l'Officiel du 23 juillet dernier.

Ces personnages,après la défaite, s'étaient enfuis ou cachés, ainsi que Sun Yatsen, dont la vie n'était plus en sûreté et qui se réfugia au Japon.

En effet, Yuen Chekai, chercha à se débarrasser par l'assassinat, selon la méthode des vieux gouvernements asiatiques de tous ceux qui s'opposaient à son ambition. Les garanties offertes par la Constitution nouvelle du 15 mars 1912, sont en fait abolies, depuis la signature inconstitutionnelle de l'emprunt le 2627 avril dernier.

Sur tous les points du territoire où le dictateur a quelque autorité, les gens connus comme ses adversaires déterminés sont pris, et tués après un simulacre de jugement qui n'existe pas toujours. Il y a naturellement des erreurs. Yuen Chekai, dans son ignorance des mouvements d'idées, s'imagine puérilement qu'il pourra, en faisant assassiner tous les principaux républicains parlementaires, arriver à installer sur les bases solides son pouvoir personnel.

La prise de Nankin par les troupes de Tchanghiun, général de l'ancien régime, fut signalée par un massacre de quantité d'habitants et le pillage de la ville. Les soldats du Tchanghiun tuèrent quantité de gens qui n'avaient rien à voir avec la révolte. pour les dépouiller. Sept mille cercueils ne furent pas suffisants pour recueillir les cadavres. Ceci se passait le mois dernier. Pillage également à Canton, par les troupes envoyées pour « rétablir l'ordre », pour châtier les rebelles, car c'est ainsi que fut toujours désignée dans les dépêches venues d'Extrême-Orient, l'expédition de Yuen Chekai contre les défenseurs de la légalité.

Le 17 juillet, les délégués des assemblées provinciales, s'étaient réunis à Changhaï et à Nankin, comme le feraient nos conseils généraux, en cas de violation de la Constitution ou de trahison de la part du chef de l'Etat et ils avaient prononcé sa déchéance.

Cette Fédération des assemblées provinciales adressa un appel aux puissances, où après avoir relevé les actes de violation de la Constitution, les crimes commis contre les particuliers ou les hommes publics, elle leur annonce que l'expédition contre Yuen Chekai par les provinces révoltées ne doit pas troubler les relations internationales, et s'exprime ainsi :

«Le gouvernement de Yuen Chekai est ainsi répudié par toute la nation et conséquemment il ne peut pas plus longtemps posséder la qua

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